Jack Ralite au pays de Courbet

L'ancien ministre de la culture de François Mitterrand était venu en janvier 2011 visiter la ferme de Flagey et le Théâtre des Sources à Nans-sous-Sainte Anne. « La Franche-Comté me touche, j'aime ses paysages morcelés », disait-il.

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« Daniel Menweg voulait que je voie son village. Il sait que je suis un fou de théâtre », dit Jack Ralite, venu deux jours en Franche-Comté à l'invitation de son camarade, maire de Nans-sous-Sainte-Anne.
« Mon objectif est de populariser le Théâtre des Sources, nous sommes la plus petite commune de France avec un théâtre », explique le premier magistrat du village que 150 000 personnes visitent chaque année, notamment pour voir ou revoir la source du Lison. Il porte un projet de sentier culture-nature qui relierait la source au théâtre à l'occasion du centenaire du classement du site, en 2012. C'était peu après la première loi de protection de la nature, impulsée par le député du Doubs Charles Beauquier.
Jack Ralite, qui fut journaliste à la rubrique culture de l'Humanité, premier ministre de la Santé de Mitterrand, adjoint puis maire d'Aubervilliers, député, est encore pour quelques mois, à 82 ans, sénateur de Seine-Saint-Denis. « Je suis toujours communiste mais très critique... Ma famille ne l'était pas, je me suis engagé après la guerre, j'avais été arrêté à 14 ans par la Gestapo avec 26 élèves de mon lycée de Châlons-sur-Marne... L'abbé Graser était monté en chaire pour protester contre notre arrestation. C'est lui qui m'a fait adhérer à l'idéal communiste ! On était allé le chercher à plusieurs à la gare à son retour de déportation. »
De son adolescence, Jack Ralite a gardé cet esprit résistant : « L'émancipation est mon mot-clé. » Il dit son émotion au coup de fil d'Anouk Grimbert l'appelant de Berlin : « Je suis sur la tombe de Rosa Luxembourg, je pense à toi. ».Il est « touché par la lucidité et le courage » des Tunisiens, même si « on ne sait pas comment va évoluer » leur révolution.
Pour Ralite, la politique est liée à la culture : « Elle permet à chacun de s'engager dans un mouvement culturel et artistique, d'aller dans sa totale faculté d'initiative. Les conditions techniques d'aujourd'hui pourraient contribuer à la rencontre et au partage, mais le contenu n'est pas l'outil... La situation actuelle pourrait être favorable mais elle ne l'est pas à cause de la situation sarkozienne et de la situation économique. On dit souvent que les ouvriers ne suivent pas, mais on oublie que le travail est malade, ceux qui le font en souffrent. La pensée et l'imaginaire jouent un rôle dans le travail, mais les patrons ne s'y intéressent qu'en les captant. L'ouvrier ne respire plus au travail, et donc ne respire plus dans le temps libre... L'esprit des affaires l'a emporté sur les affaires de l'esprit. »
Avant le petit théâtre, Jack Ralite a visité la ferme Courbet de Flagey : « Les intellectuels avaient été indignes pendant la Commune, ils se sont tus, Courbet s'est mouillé. » Aujourd'hui, il visite les salines de Salins et d'Arc-et-Senans. Il reviendra en juillet à Ornans, Claude Jeannerot, le président du conseil général du Doubs, l'a invité à l'inauguration du musée Courbet. « La Franche-Comté me touche, j'aime ses paysages morcelés. » À la Courbet.
 

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