Incident entre socialistes au conseil municipal de Besançon

Le long débat sur le rapport de la commission transparence consacrée aux relations Ville-Pavé dans la mare a été l'occasion d'un incident : Franck Monneur a parlé des « anomalies de comportement » de son camarade de parti Jean-Sébasien Leuba qui a quitté la salle.

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Le débat sur le rapport de la commission transparence consacrée aux relations Ville - Pavé dans la mare ronronnait depuis près d'une heure et demie quand Franck Monneur (PS), conseiller municipal délégué aux musiques actuelles, sortit son bazooka. Pour tirer sur l'opposition en expliquant que sans la présence de deux de ses membres dans la commission, « on aurait atteint des profondeurs ». Puis pour assassiner Jean-Sébastien Leuba (PS) et ses « anomalies de comportement ». Avant même que Jean-Louis Fousseret ait coupé le micro de Franck Monneur et lâché « je ne cautionne pas », Jean-Sébastien Leuba, le visage fermé, avait pris ses affaires et quitté le conseil sous les applaudissements de la droite. Une heure auparavant, il avait fustigé l'absence de propositions de l'opposition sur les rythmes scolaires, puis était intervenu dans le débat sur la commission transparence pour expliquer qu'elle lui donnait finalement raison : « merci à ses membres d'avoir apporté les réponses que je n'avais pas eues en commission municipale et dans mon parti ».

«On a perdu beaucoup de temps avec des propos inutiles, j'appelle à l'apaisement et à l'union », répond ce mercredi Jean-Louis Fousseret quand on l'interroge sur l'incident.
« On aurait pu s'éviter ce scénario », dit Nicolas Bodin, le secrétaire de la section socialiste de Besançon, « c'est à l'interieur du PS le lieu pour ce type d'échanges... Je suis hors de moi quand je vois le record du chômage, la désindustrialisation, on est dans une guéguerre à la con ».
Jean-Sébastien Leuba a répondu par mail mercredi 3 avril à notre sollicitation du 27 mars en ces termes : « Les propos réitérés à mon encontre par un élu, ancien responsable du groupe socialiste et républicain, sans parler des propos anonymes à mon égard, sont indignes du débat démocratique et discréditent leurs auteurs. Dans la période actuelle de défiance envers la parole publique, la transparence et le débat sont toujours préférables à la crispation autoritaire et à l'insulte.
La commission transparence a confirmé la légitimité de mes interrogations pour lesquelles j'ai été sanctionné. J'attends désormais les réactions du Secrétaire de la section socialiste de Besançon et du Président du groupe socialiste et républicain ».

« Reflet de l'agacement de beaucoup d'élus PS » selon un élu écologiste, la violence des propos de Franck Monneur prend un relief certain quand on sait que Jean-Sébastien Leuba n'est pas un obscur militant socialiste. Il a été un prétendant sérieux aux responsabilités et a obtenu 47% des suffrages des adhérents bisontins pour le poste de secrétaire de section. Ce n'est pas rien. « Monneur est un soldat qui aime faire respecter la discipline, il est souvent cassant, c'est pour ça qu'il n'est plus président du groupe socialiste », ajoute cet écologiste en précisant : « Leuba dit des choses sensées. Ce n'est pas normal qu'un élu s'exprime comme Monneur ».

Michel Omouri : « Une commission créée pour disculper Dahoui »
Jean-Louis Fousseret : « Attention à ce que vous dites, il n'a jamais été accusé »

Après la nuit, Franck Monneur ne regrette rien : « j'assume tout, cela fait six mois qu'il nous pourrit l'ambiance ». Le score plus qu'honorable de Leuba en interne ? « Il fait du lobbying, parle du non-cumul, joue au chevalier blanc, dit qu'il n'est pas dans l'establishment... ». Un autre élu socialiste tranche : « Leuba est fou... Comment peut-il s'intéresser à ce dossier alors qu'il ne s'intéresse à rien, que personne ne le connaît dans le monde culturel ? » Un autre lâche : « Il cherche une place, on va bien le retrouver ailleurs ». 
Dès le début du débat en conseil municipal, Marie-Noëlle Schoeller, première adjointe et présidente de la commission transparence dit souhaiter qu'on « s'en tienne aux faits, hors personnalisation ». Mais Michel Omouri (UMP), qui avait voté contre la commission transparence parce qu'elle n'était pas présidée par une personnalité extérieure, cogne d'emblée : « Tout ça pour ça ! Pour le Pavégate allusion très exagérée au scandale américain du Watergate qui fit tomber le président Richard Nixon en 1974 ! On a créé cette commission pour disculper Dahoui ». Réplique immédiate du maire : « Attention à ce que vous dites, il n'a jamais été accusé ». Michel Omouri continue : « la différence entre le prix d'une oeuvre et ce qu'a touché l'artiste ne cache-t-elle pas une commission cachée ? Si Leuba a eu raison, rendez lui sa délégation et excusez-vous ! » Jean-Louis Fousseret : « Ce n'est pas à vous de gérer les relations entre Leuba et moi, gérez vos problèmes entre vous, et laissez moi régler mes problèmes avec Jean-Sébastien si j'en avais, ça ne vous regarde pas ».
Jean Rosselot (UMP) donne sa conclusion des travaux de la commission transparence : « Aucune connivence entre la directrice du Pavé et l'exécutif n'est établie : on n'en attendait pas moins de la part d'Yves-Michel Dahoui ». Il pointe de « graves irrégularités dans le fonctionnement de l'association, une violation des statuts : que cette affaire serve à vous remettre dans le droit chemin sur l'emploi des fonds publics ». Jean Louis Fousseret lui répond : « Je suis surpris de vos propos qui signifient que l'UMP se désolidarise de Jean-Marie Girerd élu UMP, il a siégé dans la commission où il a été très actif et en a signé les conclusions. Vous êtes prêts à jeter le discrédit sur quiconque, vous avez la volonté de polluer le débat ».

Benoît Cypriani : « ça vous déçoit que la commission n'ait rien trouvé »

Philippe Gonon (UDI) avoue ne « pas avoir eu le courage » de lire l'ensemble du rapport qu'il a eu la veille du conseil et dit  n'être « pas d'accord avec les conclusions de la commission » pour trois raisons : « le président du Pavé ne peut pas déléguer sa signature à la directrice, le changement des conditions de rémunération de l'artiste a fait passer la commission de l'agent de 30 à 50%, le rapport du DRAC directeur régional des Affaires culturelles est accablant avec des accusations d'incompétence et d'inconscience ». Le maire réplique : « le DRAC est allé au-delà de son rôle ». Jean-François Girard (majorité) parle de « supputations malsaines ». Pascal Bonnet (UMP) demande la suspension des financements municipaux et l'intervention de la chambre régionale des comptes.
Michel Loyat (PS) a participé aux travaux de la commission et « regrette la confusion du débat ». Benoît Cypriani (EELV) en était le secrétaire. Peu suspect de complaisance, il s'adresse à la droite : « la commission n'a rien découvert de spectaculaire, il y en a que ça déçoit. Vos propositions sont ridicules, ne visent qu'à salir une personne, il y a eu confusion entre délégation de pouvoir et délégation de signature. Quant au DRAC, il a dit que c'était bien de vouloir rayonner à l'échelon international, mais présomptueux pour une petite association ». Jean-Louis Fousseret conclut 95 minutes d'échanges tendus : « Le Pavé a-t-il profité du lien entre sa directrice et l'adjoint à la culture ? Non, c'est l'essentiel. Y a-t-il transparence financière ? Oui ! Mais je suis sans illusion, vous êtes en campagne », lance-t-il à la droite. En ouvrant la discussion, il avait salué « l'honnêteté intellectuelle » et le « courage » des deux élus d'opposition - Odile Faivre-Petijean (MoDem) et Jean-Marie Girerd - qui ont travaillé dans la commission. Ils sont manifestement en porte-à-faux avec ceux qui leur ont demandé de « trouver quelque chose ».


 

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