Glyphosate : mini rassemblement pour grande cause à Besançon

Une quarantaine de personnes ont manifesté contre le rejet par les députés de l'amendement interdisant d'ici trois ans le célèbre désherbant. La bataille continue pour éviter un déstockage massif en bradant les produits bientôt interdits pour les particuliers. Elle doit aussi passer par l'objectif de convertir le plateau de Saône à l'agriculture biologique pour protéger la source d'Arcier.

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Une quarantaine de personnes se sont rassemblées mercredi 6 juin à la mi-journée, place Leclerc à Besançon, pour dénoncer le récent rejet de l'Assemblée nationale d'un amendement interdisant le glyphosate dans trois ans. L'initiative de la petite manifestation revient à EELV auquel se sont joints des militants de la Confédération paysanne et du PCF, de la FI et d'Ensemble, ainsi que les responsables des magasins Bioccop locaux.

L'élu municipal Antony Poulin (EELV) a déploré un « hémicycle quasi vide » lors du vote, tout en soulignant qu'avec le prochain vote du Sénat puis le retour du texte devant les députés, le renoncement à la promesse macronienne n'était « pas encore acté ». S'il craint que la molécule de l'herbicide le plus vendu au monde ait « encore de beaux jours devant elle », il met en avant les solutions pour s'en passer : « les solutions existent, c'est l'agriculture biologique et la qualité biologique des terres, manger mieux et vivre mieux... »

Le nécessaire « changement de mode de consommation »

Jean-Paul Henry, adhérent de la Confédération paysanne, précise qu'il faut ajouter aux dangers du glyphosate, les effets des adjuvants pour le rendre plus pénétrant, et sur lesquels les études d'autorisations de mise sur le marché ne disent rien. Cécile Prudhomme, qui fut tête de liste EELV aux élections régionales met l'accent sur le nécessaire « changement de mode de consommation » parmi les moyens d'action.

Didier Maillotte, gérant de deux Biocoop, met en garde sur le risque de « déstockage massif des produits au glyphosate, comme le roundup qui sera interdit à la vente aux particuliers le 1er janvier 2019 ». Il assure avoir été témoin de bidons du désherbant bradés et sortis des rayons fermés à clés dans un magasin de bricolage de l'agglomération « alors que c'est interdit ». Il en conclut qu'il y aura « à faire des actions pour empêcher le déstockage massif ».

« Ne commencez pas à nous mettre la pression... »

L'adjoint Christophe Lime (PCF) était également présent. Il était en charge de l'eau dans un précédent mandat municipal et a commencé de laborieuses discussions avec les agriculteurs et collectivités du bassin versant du marais de Saône, exutoire de la source d'Arcier qui fournit les deux tiers de l'eau de consommation des Bisontins. Nous lui avons demandé s'il y a encore du glyphosate sur le marais.

Réponse : « En 2001, quand j'ai repris le sujet, personne ne voulait s'en occuper. On a mis deux ans pour mettre en œuvre un projet sans objectif très ambitieux, sur la base de la règlementation existante... Aujourd'hui, les communes, la SNCF et l'Equipement n'utilisent plus de désherbant chimique, l'aérodrome de La Vèze quasiment plus. Les paysans ont fait des efforts et nous en sommes à la deuxième phase des mesures agro-environnementales, plus exigeantes, qui ont fait diminuer la pollution sur la source d'Arcier... La ville et l'Agence de l'eau proposent de financer des études pour le retour de fermes en bio... »

J'ai souvenir d'une conférence de presse, il y a une douzaine d'années, où les premières mesures avaient été présentées par Christophe Lime et la chambre d'agriculture. Quand j'ai demandé si à terme il était question de parvenir à l'agriculture biologique sur les quelque 140 hectares du bassin versant pour protéger la source, il y avait eu un blanc de plusieurs secondes. Puis une réaction étonnante d'un agriculteur : « ne commencez pas à nous mettre la pression... »

Les exemples de Vittel et Lons-le-Saunier

Cette pression existe depuis des décennies à Vittel où le bassin versant alimentant la célèbre eau minérale est en agriculture bio. Elle existe aussi sous une autre forme à Lons-le-Saunier où l'agriculture bio locale a commencé à se structurer dans les années 1990 pour approvisionner la restauration collective où l'introduction de menus bio a anticipé les obligations légales...

Pour les prochaines élections municipales et d'agglomération, on voit mal comment une liste se prétendant écologiste ne ferait pas figurer à son programme l'objectif de passer en bio l'agriculture du plateau de Saône. La qualité de l'eau s'améliorerait encore et le coût des traitements de dépollution diminuerait. Un premier outil est la contractualisation entre agriculteurs et collectivité pour une restauration collective affichant une ambition dénuée de l'ambiguïté consistant à présenter les menus comme présentant une part de « bio ou local » alors qu'il faut envisager du « bio et local ».

Cette contractualisation entraînerait d'autres distributeurs dans la dynamique... et contribuerait à tarir la demande de pesticides qu'il faut arrêter d'appeler produits phytosanitaires : la bataille se mène aussi sur le plan du vocabulaire. 

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