Deux ans après Fukushima, quelle vie pour ceux qui vivent à côté de la centrale…

Un homme sur un cheval. Il porte une cuirasse, symbole de la célèbre fête des samouraïs qui rassemblait chaque année depuis mille ans toute la ville de Minamisoma. La caméra s’approche et fixe quelques secondes son regard inquiet. Autour de lui, une ville fantôme. Une atmosphère pesante. Le vide. Ce qu’on appelle le bord de la zone interdite. Ainsi commence Welcome to Fukushima...

Un homme sur un cheval. Il porte une cuirasse, symbole de la célèbre fête des samouraïs qui rassemblait chaque année depuis mille ans toute la ville de Minamisoma. La caméra s’approche et fixe quelques secondes son regard inquiet. Autour de lui, une ville fantôme. Une atmosphère pesante. Le vide. Ce qu’on appelle le bord de la zone interdite. Ainsi commence Welcome to Fukushima, film au titre ironique réalisé par Alain de Halleux.
Parfois les paysages sont doux. Parfois l’image est grise. Parfois les arbres éclatent en mille fleurs. Parfois la mer scintille comme avant. Les couleurs de la nature sont là, car à Minamisoma l’ennemi ne se voit pas. Comment filmer la menace de la centrale de Fukushima alors que la ville ressemble à toutes les autres villes ? Après avoir filmé Tchernobyl (« RAS nucléaire » et « Tchernobyl for ever »), Alain de Halleux s’est penché sur le sort des riverains, des milliers de personnes qui vivent à seulement vingt kilomètres de la centrale.
Avant la catastrophe, Minamisoma comptait 70 000 habitants et après seulement 10 000.  Aujourd’hui 48 000. Pour réaliser son film le cinéaste a suivi trois familles aux destins différents : la première a choisi de partir, la deuxième de rester et la troisième souhaiterait fuir et ne peut pas. 
Les questions sont posées : faut-il partir le plus loin possible ou rester sur place et mesurer la radioactivité de son environnement et de la nourriture ? Et même si les enfants courent après de grosses bulles de savon qu’en est-il de leur avenir ? Comment la contamination agit en eux ? 
Avec une caméra discrète, le cinéaste filme les familles prenant soin, au fur et à mesure des entretiens, d’ajouter à l’image les chiffres dont le spectateur a besoin pour capter toute l’ampleur de la réalité (les normes des taux de contamination tolérés et ceux de la ville).
Avec pudeur il interroge les habitants, filme les enfants avec leur appareil de mesure de la contamination autour du cou. La caméra s’arrête sur un paysage. Les enfants jouent dehors comme tous les enfants du monde. Ici l’ennemi est invisible. Il n’a pas d’odeur. Il travaille en silence dans l’esprit et le corps des habitants. « Combien d’années vivrons-nous ? » interrogent les enfants. Un enfant a essayé de se suicider… Un adolescent se dit (sur les conseils de son père) avoir de l’argent dans son portefeuille et être prêt à s’enfuir très loin si la situation s’aggrave subitement. Voilà comment on vit maintenant à Minamisoma tout en connaissant comme le dit avec beaucoup de dignité l’un des protagonistes « la valeur et la douleur de perdre ce qui a existé ».
Les habitants assistent à la métamorphose du paysage (on rase des forêts et des montagnes) : « Cette nature était le fondement de leur culture exprime Alain de Halleux. C’était pour eux toute une symbolique, la première neige, le premier flocon… Aujourd’hui la vie les oblige à réexaminer la terre et l’eau en fonction de la contamination. »
En mars 2011, comme tous les japonais Ekio, Kento, Royko attendaient  en mars l’éclosion des premiers cerisiers pour fêter l’arrivée du printemps… Un plan sur les pétales contaminés donne à voir aujourd’hui l’impossible mouvement de la vie d’avant…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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