Claire Arnoux (LFI) : « on ne veut pas d’une soupe de logos »

Pour celle qui fut en seconde position de la liste A Gauche toute en 2014 et candidate aux législatives en 2017, « la question n'est pas de savoir qui va s'allier avec qui, mais sur quelle ligne politique… » Les insoumis qui ont déjà démarré des ateliers ouverts, privilégient pour l'heure les européennes. 

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Avez vous un calendrier de préparation des municipales ?

Nous préparons le programme avec des ateliers programmatiques. Le premier, généraliste, s'est tenu en septembre. Le prochain sera sur le thème nourrir la ville...

A quoi servent ces ateliers ?

A construire le programme. On invite tout le monde. On a une méthode d'éducation populaire : au lieu de faire nos propositions, on part de la question : quels sont les problèmes ? On fait des petites tables pour que tous prennent la parole avec des files vivantes, des personnes spécialistes d'un domaine issues du monde associatif : la Pive, Unanimo, l'association Vélo Besançon, la CNL… Ils apportent des informations techniques afin que les compétences techniques ne soient pas un obstacle, qu'il n'y ait pas d'un côté ceux qui savent et de l'autre ceux qui écoutent et font des modifications à la marge. Ça dure trois heures...

Combien de personnes ont participé ?

Entre 50 et 60 la première fois, un trentaine la dernière. 

Cette méthode, avec des variantes, est aussi utilisée par d'autres mouvements...

La méthode LFI n'est pas née ex-nihilo. Il y a à la France insoumise un pôle d'inventeurs de nouvelles manières de militer. On a adapté la méthode à ce qu'on veut faire à partir des ateliers Alinsky : les porteurs de parole. Les ateliers programmatiques sont une forme d'éducation populaire pour permettre aux citoyens d'écrire la loi...

Comment partager avec d'autres formations politiques ?

C'est déjà partagé. Anne Vignot est venue au premier atelier, d'autres personnes aussi. Ce qui nous intéresse, c'est qu'il y a des gens d'associations. A chaque fois, il n'y a pas que nous, il y a toujours des gens d'ailleurs.

Jusqu'à quand les mènerez vous ?

Là, on mène la campagne européenne, c'est la priorité. On embrayera sur les municipales juste après, en juin, mais on mène les deux campagnes en parallèle. 

Et de juin à la désignation de la liste ?

On n'a pas d'autre calendrier que la préparation du programme. Le choix des candidats interviendra après. La question de la tête de liste n'est pas encore posée.

La charte de gouvernance politique du grand Besançon prévoit que le maire est président de l'agglo, qu'en pensez vous ?

C'est une question. Ce n'est pas un automatisme, ce n'est pas une nécessité que le maire soit président de l'agglo. On songe à partager les rôles. Les structures intercommunales ne sont pas faciles à appréhender pour les citoyens. Et beaucoup de questions sont l'objet d'un consensus sans débat public. Le problème n'est pas que l'échelle de décision soit au niveau de la communauté urbaine, mais que ça se décide sans que les élus soient en prise avec les citoyens. Ce n'est pas un problème démocratique qu'on règlera aux élections municipales...

La charte organise le consensus...

On peut être d'accord avec le consensus si les opinions sont proches, mais quand les options divergent, ça devient de la politique gestionnaire qui empêche les choix politiques clairs. Ça ne peut se régler que par des décisions politiques générales. Par exemple, ça me choque qu'Eric Alauzet soit soutenu par des maires d'autres communes qui se prononcent sur le choix du maire de Besançon. On n'imaginerait pas l'inverse. Ce n'est pas à eux d'influer sur le choix du parti En Marche !  Parmi eux, il y a le maire de Roche-lez-Beaupré qui a soutenu Christophe Lime aux législatives. On est dans un processus de parrainage entre élus qui anticipe le fonctionnement de la CU !

La charte en cours évoque un triple accord fondateur instaurant notamment la majorité inversée au sein des instances : 60% de représentants des communes de la périphérie qui représentent 34% de la population...

C'est l'expulsion du politique des instances. C'est du marconisme avant l'heure, une manière de considérer que les choix politiques sont des enfantillages. Or, la conflictualité des politiques est ce qui permet de faire des choix.

Comment envisagez-vous la dimension intercommunale de la campagne ?

On n'en est pas là. Pendant la campagne, les candidats désignés rencontreront les autres maires...

Y aura-t-ils des insoumis sur des listes de communes périphériques ?

Chaque groupe d'action de la France insoumise dans les villages se posera la question au cas par cas. Ce n'est pas Besançon qui décidera.

Il y aura différentes échéances entre juin et le dépôt des listes ou la campagne officielle ?

On désignera les candidats après les européennes, sans doute en septembre.

Où en sont les discussions en vue d'éventuelles alliances ?

On ne veut pas d'une soupe de logos. Ce n'est plus comme ça que ça se passe. On propose une discussion plus ouverte. Je ne veux plus revoir de discussions d'appareils pour le partage des postes comme au monopoly...

La question vous sera posée...

On a été contacté par le PCF, Génération.s et EELV il y a deux semaines. On les verra. Et on n'assumera pas le bilan de Fousseret.

Vous le demanderont-ils ?

Ils sont encore adjoints au maire. Il a fallu un mouvement social pour qu'ils reviennent sur l'arrêté municipal anti-mendicité. On a aussi des divergences sur les Vaîtes, Chaillot, les migrants… Il y a de vrais désaccords. Sur les Vaîtes, que disent-ils de avis défavorable de la CNPN ? [NDLR : l'entretien a eu lieu avant le conseil municipal du 7 mars où les intéressés se sont exprimés]. Il y a déjà ça à régler avant de parler d'alliance.

On va vous parler d'unité...

EELV et le PCF parlent toujours d'unité. Nous, on ne parle pas d'unité entre partis. Ils font l'unité avec un maire En Marche. Si Anne Vignot discute avec nous, ce n'est pas en déclamant d'abord sa candidature. La politique qu'ils mènent ne nous convient pas.

Ils sont minoritaires dans la municipalité...

Qu'ils le soient ne les empêche pas de porter une parole. Cet argument n'est pas recevable : les députés LFI sont minoritaires et on les entend. 

Dans La Presse bisontine, Barbara Romagnan dit qu'elle n'a pas de désaccord avec Clémentine Autain, mais avec le discours de Jean-Luc Mélenchon sur la presse, les juges et les questions migratoires...

Je ne veux pas faire de discours violent sur la personne, mais je n'ai pas apprécié qu'elle accuse Jean-Luc Mélenchon d'enrichissement personnel sur Twitter...

Y a-t-il des processus programmatiques incompatibles entre vous et d'autres partis de gauche ?

La question qui se pose n'est pas de savoir qui va s'allier avec qui, mais sur quelle ligne politique. Jadot est libéral. On ne peut pas faire le travail de clarification des autres partis à leur place.

Yannick Jadot est tête de liste EELV aux européennes, pas candidat à Besançon !

Il y a un lien... En 2014, Jean-Louis Fousseret avait un programme local différent du national. Et les voilà dans une majorité avec des élus de droite. On ne peut pas être de droite au niveau national et de gauche localement. On ne veut pas se retrouver dans une majorité de droite. On a donc intérêt à savoir avant...

Est-ce plus compliqué avec le PS ?

C'est clair, ils sont libéraux. Les derniers socialistes de gauche sont partis avec Emmanuel Maurel ou Marie-Noëlle Linnemann. Que Maurel intègre la liste LFI au européennes ne veut pas dire qu'il renonce à sa personnalité…

Et les autres ?

Aujourd'hui, ils sont adjoints de Jean-Louis Fousseret, d'un maire En Marche. C'est parce qu'ils refusaient de voir les clivages politiques profonds de 2014 qu'ils sont dans cette situation. Les élus PCF et EELV ne nous ont jamais consultés sur aucun dossier. S'ils voulaient travailler avec nous, ça aurait été l'occasion...

Et s'ils ne votent pas le budget [le conseil municipal du 7 mars laisse présager qu'ils le voteront] ?

Vu la temporalité, est-ce parce qu'ils seraient en désaccord ou pour apparaître sous un jour neuf ? Ce serait alors un peu tard… La politique, c'est voir à un peu plus long terme que l'échéance qui arrive. On est plus à l'aise aujourd'hui dans nos choix de 2014 qu'eux… Si on prend la ville, la question du rapport de forces se posera car on galèrera dans l'intercommunalité, avec le département, avec la région… Fousseret a eu des policiers, pas Eric Piolle dans les quartiers à Grenoble. Ça va être dur, on aura besoin de gens qui n'aient pas peur. 

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