Center parcs : la majorité du Conseil régional s’interroge

Le groupe majoritaire (PS-PRG-UDE) du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a tenu un premier débat à huis-clos sur les deux projets de Poligny et du Rousset. Alors que le contexte électoral n'est pas favorable au groupe Pierre et Vacances, l'objectif est d'avoir une position commune sur un sujet qui divise... et que découvrent plusieurs nouveaux élus.

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« Je n'ai pas d'avis sur la question, je n'ai pas eu le temps d'étudier le sujet ». A en croire plusieurs conseillers régionaux, ils sont plus d'un à partager cet aveu de Sylvain Mathieu, vice-président en charge du bois, de la forêt, de la montagne et des parcs. Quelques jours après que les quatre élus socialistes du Jura aient annoncé lors d'un café-débat leur opposition aux projets de villages de vacances dits Center parcs dans les forêts de Poligny et du Rousset, la majorité régionale  a abordé la question lors d'une réunion du groupe La Gauche unie (PS-PRG-UDE), jeudi 3 novembre.

« C'est la première fois qu'on en débattait », souligne celui qui est aussi premier fédéral du PS de la Nièvre et fut candidat de la gauche du parti au poste de Premier secrétaire en 2014. Certes, le sujet n'est pas nouveau puisqu'il a été initié lors du mandat précédent, aussi bien en Franche-Comté qu'en Bourgogne. Mais à l'époque, nombreux sont les élus actuels qui, comme Sylvain Mathieu, n'étaient pas conseillers régionaux. Il était donc urgent, sinon nécessaire, alors que les dossiers sont en stand-by, Pierre et Vacances devant indiquer début 2017 s'il maintient ses projets, que le groupe majoritaire se penche sur la question.

De 50.000 à 400.000 euros d'argent public par emploi...

Il y a donc eu un « excellent échange sur le fond », dit un participant souhaitant rester anonyme. Sylvain Mathieu se réjouit d'avoir participé à un « débat contradictoire intéressant. Des questions se posent avant qu'on sache si on est pour ou contre. Il y a tant d'incertitudes... » Ne voulant pas entrer dans un « jugement de valeur de ce type de vacances », il s'interroge notamment sur deux points. « En réunion d'exécutif, j'ai posé des questions et je souhaite connaître deux ratios, d'abord la hauteur de l'argent public par emploi créé, on n'a pas été capable de me répondre ».

La fourchette va de 50.000 euros selon le vice-président au tourisme Patrick Ayache à une somme variant entre 250.000 et 400.000 euros selon ce qu'on considère comme étant de l'argent public. Les opposants associatifs intègrent par exemple les sommes investies dans les aménagements de voirie ou d'adduction d'eau réalisés par les départements ou les manques à gagner générés par la défiscalisation accompagnant les investissements dans les bungalows.

L'élu nivernais s'interroge aussi sur le bilan carbone par emploi créé : « Cette bulle chauffée l'hiver et climatisée l'été est-elle pertinente ? C'est peut-être un gouffre énergétique. Il y a aussi une question supplémentaire dans le Jura avec de gros soucis par rapport à l'eau, il faut apporter des réponses claires, c'est d'ailleurs l'avis de la présidente ».

Le contexte électoral n'est pas favorable à Pierre et Vacances

D'autres élus préfèrent ne pas s'exprimer publiquement sur cette réunion. « La présidente voulait entendre les remarques des uns et des autres sur le dossier », dit laconiquement l'un. « C'est un dossier sensible », souligne un proche de l'exécutif qui penche pour « une position globale » du groupe. Celle-ci sera évidemment difficile à construire. D'une part, des votes de principe favorables aux projets ont été émis par les deux anciennes régions en 2014 et 2015, avec en Franche-Comté, une majorité réunissant le PS et la droite, les élus écologistes votant contre.

D'autre part, les socialistes Jurassiens défavorables au projet sont rejoints par leur collègue UDE et plusieurs élus du Doubs ou de Côte d'Or. L'argument comparant un center parc dans la région à une station de ski sous bulle à Dubaï a impressionné. Pour le conseil régional, l'enjeu est plus important qu'avant la réforme territoriale. Il resterait la seule collectivité importante partenaire de Pierre et Vacances alors que les départements étaient impliqués au titre de leur compétence économique, voire moteurs, auparavant. Comment celui du Jura justifierait-il par exemple d'investir au titre de sa politique touristique alors qu'il vient de liquider son comité départemental du tourisme ?

Politiquement, le sujet a aussi de quoi contrarier une bonne partie de l'électorat écologiste et de gauche radicale. A quelques mois de la présidentielle, et alors que leurs voix ont contribué à faire gagner la région par le PS, persister dans le soutien aux center parcs serait un assez mauvais calcul. Pour l'heure, les élus du groupe majoritaire La Gauche unie n'ont fait qu'entamer la discussion et aucun vote interne n'est intervenu.

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