Bruno Le Maire assure le SAV de General Electric

Après l’annonce par General Electric de la suppression de plus de 1.000 postes à Belfort aux membres du conseil d’administration, c’est Bruno Le Maire qui a justifié cette décision à l’Assemblée nationale. Il répondait à Michel Zumkeller lors des questions au gouvernement. Le député de Belfort évoque un jour noir et des paroles non suivies d’actes, tandis que le ministre enterre définitivement l’activité gaz tout en promettant de garantir un avenir industriel au site.

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Comme c’est maintenant une habitude, c’est au gouvernement français de faire le service après-vente de l’annonce de plus de 1.000 suppressions de postes sur le site de General Electric (GE) à Belfort. GE n’a même pas un communiqué de presse à disposition. Cet après-midi à l’Assemblée nationale, le député UDI de Belfort Michel Zumkeller a posé une question au Premier ministre, tout en y associant son collègue Ian Boucard, LR. « Ce mardi 28 mai est un jour noir pour les salariés de General Electric, c’est un jour noir pour l’ensemble des habitants du Territoire de Belfort », commence-t-il.

« Nous avions dénoncé le report de cette annonce qui devait se dérouler avant les élections européennes et qui vient aujourd’hui à peine deux jours après ces mêmes élections. Ce plan social concerne donc 25% des effectifs du plus gros site industriel de GE et 50 % des effectifs de la branche gaz. Au total, avec les emplois indirects, ce sont plus de 3.000 emplois qui sont menacés. C’est tout un département qui est frappé. Voilà des mois que votre gouvernement, que le président de la République, nous assurent de leur soutien pour trouver des pistes de diversifications. Aéronautique, grand carénage pour les centrales nucléaires, hydrogène : autant de chantiers ouverts qui à ce jour ne débouchent sur rien. En 2015, l’annonce du rachat d’Alstom par GE prévoyait la création de 1.000 emplois supplémentaires ». Après avoir rappelé cette promesse non tenue, il évoque la visite du ministre de l’Économie de l’époque, Emmanuel Macron, venu à Belfort dire que l’on pourrait compter sur lui pour défendre l’avenir industriel de Belfort et ses activités stratégiques.

Bruno Le Maire parle d’un « coup dur »

C’est finalement Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, qui prend le micro. « Oui, nous sommes prêts à nous battre à vos côtés », répond-il au député qui voulait s’assurer de son soutien. Il parle d’un « coup dur qui vient tout simplement de l’effondrement des commandes de turbines à gaz. Je rappelle qu’il y a 10 ans, GE Belfort produisait 100 turbines à gaz et qu’en 2018, ils ont produit 29 turbines à gaz ». Pour le ministre, « peut-être que dans quelques décennies, à partir de 2040 quand il faudra faire la transition avec le charbon on retrouvera des perspectives de commandes, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et donc il faut faire à cette annonce, accompagner les salariés, être à leur côté, nous le serons, et nous garantirons (sic) un avenir industriel pour le site ».

Ce discours a déjà été dénoncé par l’intersyndicale la semaine dernière quand le ministre avait déjà évoqué l’absence de débouchés pour la filière. Les professionnels du secteur évoquent quant à eux un marché cyclique, qui reprendra d’ici 3 à 5 ans. L’Agence internationale de l’énergie, tout comme le livre blanc de GE, table même leurs prévisions sur le fait que les turbines gaz constitueront la première source d’énergie à partir de 2025 et que les capacités actuelles seront doublées d’ici 2050. Dans un contexte de montée en puissance des énergies renouvelables, les turbines à gaz peuvent compenser l’intermittence de leur production.

Bruno Le Maire termine son discours avec la promesse d’un « accompagnement personnalisé » pour chacun des salariés. Certains d’entre eux, « quelques dizaines de salariés », retrouveront une place chez Alstom, « dans la construction du TGV du futur ». Il garantit aussi que « la grande majorité des 50 millions € du fond de revitalisation mis en place (Ndlr : amende payée par GE suite à la non création de 1.000 emplois) puisse bénéficier à Belfort ». Il évoque son souhait de développer les trois axes de diversifications évoqués, le plus prometteur étant selon lui l’aéronautique, mais n’oublie pas le nucléaire et l’hydrogène. « Je suis prêt à vous recevoir dans les jours qui viennent pour vérifier que tout cela se met en œuvre concrètement », conclut-il. Un rendez-vous qui s’annonce sous tension.

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