Besançon : les Vaîtes à la croisée des futurs…

La dernière modification du plan local d'urbanisme par le conseil municipal du 7 novembre adapte le document au projet d'urbanisation de ce quartier maraîcher que la Ville doit présenter le 14 novembre lors d'une réunion publique. Sur la « zone à cultiver » créée par Nuit debout, on a planté des framboisiers et on poursuit l'occupation.

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C'était, comme le dit Jacques Grosperrin un « conseil de routine ». A part que pour la première fois dans la vie de l'assemblée municipale, le général Philippe Lesimple, patron de la base de défense de Besançon et de la Première division, est venu expliquer ce lundi 7 novembre que la présence des militaires pèse lourd dans la région, et particulièrement dans la ville. Plus de 10.000 personnels en Franche-Comté, plus de 4,4 millions d'euros de marchés passés à 90 entreprises du Doubs, 14,8 millions investis dans 17 opérations régionales...

Bref, la défense, comme tous les services publics, est aussi un acteur économique avec les dépenses de ses personnels et ses investissements. A titre d'exemple, la masse salariale du 19e régiment de génie dépasse 28 millions d'euros... On apprend aussi que la majorité des sous-officiers et soldats en poste à Besançon sont propriétaires hors de la ville, et que les officiers restant en poste moins longtemps sont davantage locataires en ville.

« Ne pas être en retard d'une guerre... »

Demandant si la « grande muette » allait encore à l'avenir être confrontée, comme les collectivités territoriales, à de « grands chambardements », Philippe Gonon (UDI), qui avait lancé la claque en étant le premier à applaudir l'exposé du militaire, s'entend sèchement répondre par l'officier qu'il avait « horreur » de la première expression dont il fallait « sortir » au risque d'être confronté à la « grande sourde ». Quant au fond, il renvoie à la confidence d'un général lui confiant au moment de la Chute du mur de Berlin : « nous sommes entrés en révolution permanente, un vrai slogan maoïste. Il s'agit de ne pas être en retard d'une guerre... »

Le « conseil de routine » devint quasi consensuel quand on aborda la convention passée avec la Caisse d'allocations familiales qui finance l'essentiel du dispositif d'accueil périscolaire, soit 850.000 euros. L'adjoint Yves-Michel Dahoui expliqua que l'on était passé de 20% à 50% des 400 animateurs titulaires du BAFA ou en formation, qu'après une première année où il manqua 40 animateurs, le recrutement était désormais complet, et que les vingts référents jusque là à temps partiel (66%) étaient enfin à temps plein. Il regretta ne pouvoir répondre à toutes les demandes, et assura que les quelques euros demandés aux familles sont seulement là pour faire « effet de levier » permettant de déclencher l'intervention de la CAF, et que la ville n'est « pas dans une logique d'augmentation » des tarifs. « Je me réjouie que nos propositions aient été prises en compte », souligna Ludovic Fagaut (LR).

Cette ambiance « constructive et détendue » soulignée par Jean-Louis Fousseret ne devait « pas durer », pronostiqua Jacques Grosperrin qui avait préparé une intervention très critique sur le PLU, le plan local d'urbanisme de 2007 dont le conseil devait approuver la septième modification après une enquête publique qui s'est tenue du 6 juin au 8 juillet. Elle consiste notamment à adapter le zonage au projet d'aménagement des Vaîtes qui doit être présenté lundi 14 novembre à la presse puis lors d'une réunion de quartier (19h30 à la maternelle Jean-Zay).

« Les jardins, c'est une vieille histoire à Besançon »

« Vous voulez faire 1500 logements aux Vaîtes, nous sommes pour la préservation de l'agriculture urbaine, on aurait pu faire quelque chose d'exceptionnel, garder des jardins », indique le sénateur LR en dénonçant l'attitude du maire : « j'ai l'impression que vous n'écoutez pas les habitants, que vous agissez en prenant des parcelles sans avoir de vision d'ensemble. Savez-vous travailler dans la concertation ? écouter les Bisontins ? faire travailler les élus ? » Il prend exemple sur les Hortillages d'Amiens. Jean-Louis Fousseret n'apprécie pas : « Êtes-vous nouveau au conseil ? J'ai parlé des Hortillages avec le maire d'Amiens, ça n'a rien à voir, c'est du marécage. »

Anne Vignot (EELV), l'adjointe à l'environnement, est plus précise : « Végétaliser, développer les jardins, c'est une vieille histoire à Besançon. Nos opérations ne font pas la une du Monde, mais avec la qualité des sols des Vaîtes, les maraîchages seront maintenus en grande partie. Ce que vous décrivez de formidable ailleurs, on l'a historiquement ici ». L'adjoint à l'urbanisme Nicolas Bodin (PS) corrige : « ce n'est pas 1500 logements, mais 1100 ». Donc un peu moins que le PLU qui en évoque 1180. « Nous aurions dû avoir ce débat en mai, nous allons diversifier les produits immobiliers par les prix, faire du logement participatif... Je passe mon temps à recevoir les grands groupes, Eifage, Bouyghes, etc. »

Laurent Croizier (MoDem) n'est pas d'accord : « je ne pense pas que l'offre créé la demande ; il y a trops de programmes à Besançon, je suis pour un urbanisme de projet et non d'opportunité. La densification est loin du progrès quand on est dans un espace vide où vous allez faire disparaître des espaces naturels ou agricoles. Ne pensez vous pas qu'on va appauvrir le marché de l'ancien en construisant tant de logements neufs ? Que les programmes neufs rendent innaccessibles l'accès à la propriété ? »

« Vous voulez toujours critiquer pour critiquer »

« Nous avons un projet global de Saint-Jacques à Vauban en passant par Viotte, les Vaîtes et les Planches-Relançons. Ce n'est pas de l'opportunité, vous voulez toujours critiquer pour critiquer. L'ancien a des difficultés car il y a des problèmes de qualité, n'est pas vendable à cause de la consommation d'énergie. Un promoteur investit s'il sait qu'il aura des clients. Les efforts sur le foncier permettent des prix abordables dans le neuf, inférieurs à 3000 € le m... Il faut une offre à la hauteur des besoins ».

Catherine Conte-Deleuze (UDI) a des arguments : « On est pas obligé de tirer les mêmes conclusions des mêmes chiffres. Vous concluez qu'il faut construire, mais il y a beaucoup de solutions pour améliorer l'existant, aider les petits propriétaires à rénover pour louer ou vendre. Avant, on achetait jetable, maintenant on rénove, c'est mieux que d'attendre que les immeubles se vident... » Fousseret contrattaque : « vous voulez toujours baisser les impôts et là vous voulez qu'on finance des opérations privées. Ce ne serait pas équitable vis à vis des propriétaires ayant amélioré leur bâtiment à leurs frais. Mais pourquoi pas aider la rénovation énergétique ? » L'élue centriste réplique : « il n'est pas question qu'un petit propriétaire s'enrichisse sur le dos de la ville, mais transforme son logement en logement social. Je porterai ce dossier à la région... » Car elle siège aussi au conseil régional.

« Le choix de construire plutôt que rénover »

Pascal Bonnet (LR) appuie ses dires : « Vous avez fait le choix de construire plutôt que rénover ». Puis il revient sur le pseudo débat d'urbanisme du 17 juin : « vous ne nous aviez pas donné les conditions d'un débat, sinon de présenter des programmes immobiliers en vous appuyant sur une étude soit-disant indiscutable. Vous voulez faire des logements pour récupérer des recettes fiscales... » Jacques Grosperrin revient à la charge : les promoteurs investissent parce qu'il y a la défiscalisation, or il y a une vacance énorme... Urbaniser, ce n'est seulement faire des logements, mais des lieux de vie. Il y a de la bonne terre aux Vaîtes, c'est une occasion gâchée, on aurait pu faire un écoquartier ailleurs... »

Fousseret est désabusé : « avons-nous fait quelque chose de bien depuis le début du mandat ? » Grosperrin ironise : « vous avez invité le général ! » Fousseret réplique : « Il faut savoir dire quand les choses vont bien et vous attaquez le projet... » Puis il met le dossier aux voix : la gauche l'approuve, le FN (qui n'a rien dit) s'abstient, la droite vote contre.

 

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