Assises de la Loue : azote et phosphore toujours…

Les autorités plaident pour des débats dépassionnés alors que l'urgence est admise. L’association SOS Loue et rivières comtoises insiste et fait le bilan après l’alerte lancée en 2010. Agriculture, sylviculture et assainissement sont en première ligne.

la Brème

Parmi les « causes multifactorielles de pollution », l’excès d’azote des effluents agricoles est pointé. La chambre d’agriculture contribue au repérage des zones sensibles, diffuse des plans d’épandage en conséquence et promeut un stockage raisonné. Dans le bassin versant de la Loue, 156 exploitations agricoles mènent des travaux de « maîtrise des pollutions » pour un montant de 7.300.000 euros et pour deux ans (70 % financés par les éleveurs, 30 % d’aides de l’Agence de l’eau, du Conseil général). Mais SOS Loue et rivières comtoises souligne : « depuis 15 ans, les mesures proposées ont montré leurs limites, tout comme les mises aux normes avec leurs effets pervers (passage au lisier et agrandissement des exploitations). Ces mises aux normes mériteraient un vrai bilan environnemental ». L’association plaide pour une réduction de la production de lait, comme pour l’A.O.P. beaufort, également une réduction du nombre de porcs. Les éleveurs défendent la réussite de la filière comté et s’inquiètent de la fin des quotas laitiers en 2015. Pour Marc Goux de l’association : « on a adapté le milieu naturel à la vache, c’est le contraire de ce qu’on faisait avant 1990 et c’est préjudiciable. »
Le conseil général et les élus de la vallée de la Loue s’étaient engagés, en juin 2010, à une veille permanente et à donner des priorités, « sous la pression budgétaire », comme l’indique Claude Jeannerot le président du conseil général. Pour SOS Loue, des mesures en continu sont encore à mettre en œuvre et la police de l’eau manque de moyens (4 agents sur le terrain). De plus, « les procédures d’autorisation des stations d’épuration conduisent, non pas à protéger les rivières, mais au contraire  à délivrer un véritable droit à polluer. » Les rejets de phosphore sont en cause. Il faut « réduire la pollution à la source » et améliorer le fonctionnement des stations. Tout le monde en convient.

« Une nouvelle gouvernance »

Outre les changements globaux (augmentation de la température de l’air et donc de l’eau depuis 1987, fragilité particulière du karst…), les scientifiques présents aux assises signalent les ralentissements du débit de la rivière, les polluants automobiles ou médicamenteux, les traitements insecticides et fongicides du bois. Ils concluent pour dire que beaucoup de questions demeurent, qu’un suivi coordonné et de long terme est nécessaire.
68 actions ont été engagées depuis 2010. Un tableau de bord est tenu. Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux révisé - SAGE - Haut-Doubs et Haute-Loue est à l’étude. Les nouveaux engagements pour « faire plus et mieux » visent à coordonner 12 structures. Sur l’urgence et la meilleure gouvernance, le consensus s'impose. Une « conférence départementale » va être créée le 1er janvier 2013. Elle sera présidée par le préfet et le président du conseil général. Réunissant l’ensemble des acteurs, elle se réunira une ou deux fois par an pour évaluer et guider l’action. Elle pourrait être publique. Enfin, la proposition de SOS Loue d’établir un véritable contrat de territoire a été entendue aux termes des assises. Elle devra être rappelée pour voir le jour.


Voir également le blog de la Loue et des rivières comtoises sur le site de France 3

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