Pas de trêve sociale pour Noël

La discussion était animée lors de l’assemblée générale du mercredi 18 décembre à Besançon, où syndicats, gilets jaunes et autonomes fixaient les objectifs et modalités du mouvement d’opposition à la réforme des retraites. Au cœur des débats, la poursuite des « hostilités » à Noël / Nouvel An alors que la prochaine mobilisation nationale est prévue le jeudi 9 janvier. Les plus téméraires ont tranché : passage à France 3, reprise du rond-point de Roche-lez-Beaupré, « invasion » d’un conseil visant la vente de Saint-Jacques, opérations péages gratuits, tractages, manifestations, protestations devant les grandes surfaces…

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Alors que Gilets jaunes et syndicats sont plutôt accordés à Belfort mais bien plus divisés à Vesoul, les entités sont dans un entre-deux à Besançon, tournant aux alliances de circonstances. Mais quand elle est là, l’alchimie fonctionne. Les traditionnelles fêtes de fin d’année marquent généralement le temps d’une pause contestataire, mais pas cette fois. S’il faut garder de la réserve et prendre le temps d’organiser les forces pour les uns, beaucoup craignaient qu’une coupure de la mobilisation ne signe la fin du mouvement.

 « La reprise n’aura pas lieu si le combat cesse », lance l’un des participants à l’Assemblée générale du 18 décembre à Besançon, applaudi. Autre problématique soulevée, celle de plusieurs corps de métiers particulièrement engagés, tant dans la grève que sur le pavé, à l’image des cheminots, du personnel éducatif, ou encore des hospitaliers. Jugés comme les véritables meneurs, ils considèrent que « sans soutien ils ne tiendront pas un mois. » Outre la discussion quant à l’affection de la caisse de solidarité, c’est donc surtout « une détermination générale et massive qui est espérée », précisent plusieurs salariés concernés.

Après l’AG, direction France 3

En conclusion, chacun est ainsi invité à poursuivre la lutte selon ses moyens et volontés. Et cela commence dès la fin de réunion, lorsque la bonne cinquantaine de protagonistes se dirigent en direction du siège de France 3 Franche-Comté avenue de la Gare d’Eau. Juste avant le « 19/20 », salariés et cadres régionaux sont à l’écoute sur le parvis du bâtiment. Le temps d’antenne accordé à la contestation étant jugé « plus que minimal », l’action se voulait une requête « cordiale » à davantage de médiatisation de ce mouvement. Les manifestants pointant « un désaccord de fond fortement représenté et très majoritairement soutenu. »

 

Message entendu, le groupe se disperse paisiblement avec pour certains la perspective d’une nuit plutôt courte. Dès 3h30 la plupart des membres se retrouvent en effet dans la commune périphérique de Roche-lez-Beaupré, pour une opération d’occupation de rond-point. En pleine D683 au giratoire dit du « Super U », ils sont une petite vingtaine à s’affairer avec palettes, coin feu, et brioches. Les camions sont arrêtés en tant que « flux économique à cibler », alors que des tracts sont distribués aux automobilistes pour informer les passagers des dates à venir ainsi que des enjeux liés à la réforme des retraites.

Après quelques tensions et embouteillages, les gendarmes débarquent à l’aube. Leur sérénité et sympathie sont jugées exemplaires par tous. « Ça change du ton habituel » s’amusent Fred Vuillaume à peine sorti de garde à vue – arborant sa chasuble « force ouvrière » – et le « Viking » – autre figure du milieu –. Mais peu avant 7h30, le préfet exige leur départ, ce qu’ils feront. Avant 8h00, les camarades retrouvent le monde syndical au lycée Louis Pergaud, où une sensibilisation des lycéens est également réalisée.

Des dizaines de cadeaux fiscaux au pied du sapin

Vendredi 20 décembre, c’est un nouveau programme qui s’amorce. Dès 9h00 ils sont une soixantaine à converger sur Chamars afin « d’envahir » le conseil de surveillance du CHU, sous l’égide de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. En effet le site de l’ancien hôpital Saint-Jacques vient de faire l’objet d’une promesse de vente à la multinationale Vinci, les 35 000 m² du bâtiment devant être cédés pour la somme de 18 millions d’euros. Une « braderie du bien commun au profit des grandes sociétés privées et des actionnaires » ici dénoncée.

Le maire et président de Métropole Jean-Louis Fousseret, également à la tête de cet organe, semble visiblement peu apprécier ce « trouble » et requiert rapidement la sortie des perturbateurs. Mais l’exposition du mécontentement durera une vingtaine de minutes, en abordant aussi la question de la réforme des retraites. La journée se poursuit, par une opération « gratuité » au péage de Besançon-Valentin entre 16h30 et 18h00. L’occasion de renouer avec un rituel populaire, permettant aussi de glaner quelques contributions afin de soutenir « l’effort de guerre. »

Le samedi à 14h00, Gilets jaunes et syndicats se retrouvent place de la Révolution. Plusieurs participants sont grimés aux couleurs et symboles de Noël, déambulant avec de nombreux paquets cadeaux. Ils sont quelques 300 à s’élancer, derrière une banderole de tête « ni prison ni répression n’arrêteront nos rebellions. » Place du Huit septembre, un long arrêt s’improvise devant l’hôtel de ville afin de procéder à la distribution. CICEISFflat tax, sont ainsi notamment pointés du doigt comme les « cadeaux du pouvoir envers les plus privilégiés. » Le défilé reprend à la gare Viotte jusqu’au plus près des rails, afin de soutenir les cheminots, « la locomotive du mouvement. » 

 

Depuis, un tractage a été organisé le lundi 23 au marché de Noël à Révolution et place Pasteur ; un second péage gratuit a été réalisé avec le concours des Bisontins le mardi 24 cette fois à Fontaine près de Belfort ; et une mobilisation se déroulait le 25 décembre au matin à Châteaufarine pour protester contre l’ouverture des grandes surfaces « un jour sacré. » La prochaine intersyndicale aura lieu le lundi 30 décembre prochain. En attendant, la détermination ne semble pas faiblir.

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