Pourquoi pas des bornes géantes indiquant la qualité de l’air à Besançon ?

Une vingtaine de militants, cyclistes et parents de jeunes enfants, réclament au conseil municipal des dispositifs d'information plus efficaces des pics de pollution atmosphérique, en prenant notamment exemple sur Clermont-Ferrand. La ville rencontre le préfet la semaine prochaine pour discuter de nouvelles mesures à prendre au niveau 8.

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« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs... » En sortant du conseil municipal de Besançon, ce lundi 12 décembre 2016, on pense à cette phrase prononcée par Jacques Chirac au Sommet de la Terre de Johanesbourg en 2002. Pas un mot pour le pic de pollution des derniers jours qui ont conduit Besançon à faire la une des flashs radio pour avoir atteint le degré 8 sur une échelle qui compte dix. Pas un mot non plus pour la vingtaine de citoyens qui se sont rassemblés avec des masques pour réclamer des mesures fortes après ce haut niveau de particules fines, et plus particulièrement de l'information visible comme à Clermont-Ferrand.

Une mini manif improvisée et... en retard sur l'heure du conseil municipal !

Que les manifestants n'aient pas eu de relai au conseil, c'est assez logique puisqu'ils sont arrivés en retard, persuadés que la réunion commençait à 17 h 30 alors qu'elle démarrait à 17 h... Du coup, les élus ne les ont pas vus en arrivant. Cyril Devesa, l'adjoint à la Santé, pas plus que les autres. Après coup, il considère d'un bon œil leur initiative : « Ils jouent leur rôle de sentinelles citoyennes, je ne vais pas m'en plaindre, d'autant que jeudi on a fait une action similaire avec EELV place Leclerc ».

« Je ne supporte plus les voitures en ville »

A l'initiative du petit rassemblement, Esthel Colin, adhérente de Vélo-Campus et de l'association Vélo Besançon, voulait pousser un coup de gueule : « « Je suis maman de deux jeunes enfants, et malgré nos choix écolos on subit ça. Les efforts, on les fait, je ne supporte plus les voitures en ville, ça prend de la place et apporte des tas de désagréments. Dans des épisodes comme ça, on ne fait rien de plus... »

A l'adjoint à la santé qui souligne que des mesures telles que la circulation alternée sont du ressort du préfet, elle répond qu'elle le sait : « A Paris, c'est Madame Hidalgo qui l'a réclamée. Il faut une impulsion du maire. A Paris, il y a un réseau de transports en commun, mais à Besançon, beaucoup de personnes des villages de l'agglomération auraient des difficultés. Ce qui manque le plus, c'est l'information. On ne l'a que sur Atmo-FC. Résultat, je connais plein de gens qui sont tombés de leur chaise quand je leur ai dit qu'il y avait un pic de pollution ».

Concrètement, elle propose que Besançon informe systématiquement la population dès le niveau 5. Elle souhaite des panneaux d'information en temps réel de la qualité de l'air « qui deviendraient à l'usage de bons outils pédagogiques pour encourager les bisontins à changer leurs habitudes en matière de déplacement ».

« Le même battage qu'à Paris,
Lyon ou Grenoble ! »

Cela pourrait consister à imiter Clermont-Ferrand qui dispose depuis près de vingt ans de quatre grandes bornes (photo ci-contre) indiquant le degré de pollution de l'air, comme sur un énorme thermomètre, avec une échelle de un à dix. Ça ne doit en effet pas être plus compliqué que l'indicateur du niveau du Doubs sur le pont Robert-Schwint. Le quotidien La Montagne s'est fait l'écho de l'intérêt du dispositif (voir ici et ).

Considérant qu'il s'agit de « désintoxiquer progressivement notre existence » et que c'est cela « la modernité », Esthel Colin aimerait qu'il y ait à Besançon le « même battage qu'à Paris, Lyon ou Grenoble. Il faut de l'information et de la prévention, des pistes cyclables qui aient de la gueule. Au-delà du Boulevard nord, des gens hésitent à venir au centre-ville en vélo, pour beaucoup, ce n'est pas possible, alors qu'il faut jouer cette carte ».

Cyril Devesa a envie de rétorquer : « mobilisez-vous toute l'année, pas seulement quand il y a un pic de pollution. C'est ce qu'on fait à la ville quand on fait des pistes cyclables ou un transport en commun en site propre vers la Bouloie. On ne peut pas jugé seulement au moment d'un pic. Le service hygiène-santé a envoyé des messages aux écoles, aux crèches afin qu'elles prévoient leurs activités en fonction de la pollution... Mais on peut faire mieux, envisager davantage... » Des panneaux ? « Pourquoi pas, mais il faut rester prudent afin de ne pas créer de situation angoissante ».

Circulation alternée et transports gratuits en discussion

Ces propositions seront-elles au menu du rendez-vous que les élus bisontins ont mardi 20 décembre avec le préfet ? On ne sait pas, mais elle a pour buts d' « améliorer l'information des citoyens » et d'envisager de « mesures à prendre à partir d'un certain seuil », explique Cyril Devesa. Lequel ? « Au niveau 8, on pourrait demander des démarches comme la circulation alternée ou pourquoi pas la gratuité des transports, mais ce n'est pas gagné, il y aurait des ruptures de charge. Les choses doivent être testées, discutées... »

De leur côté, plusieurs préfectures ont déclenché la procédure d'alerte en prenant des arrêtés réduisant la vitesse de 20 km/h sur route et autoroute, mais en en confiant l'application non pas à la gendarmerie, mais à la DREAL... Sans doute serait-ce fastidieux de régler les radars à 70 km/h, et cela provoquerait probablement un engorgement du système de traitement des contraventions. Car pour le moment, on en est à compter sur la responsabilité des conducteurs à qui sont par ailleurs « recommandés » covoiturage et transports en commun. L'Agence régionale de santé y va également de ses recommandations.

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