Wadjda crève l’écran

Le premier film saoudien réalisé par une femme lève le voile sur les mœurs de la société saoudienne à travers le trajet d’une petite fille…

Agée de 38 ans. Diplômée en littérature de l’université américaine du Caire et diplômée en cinéma de l’université de Sydney, Haiffaa Al -Mansour première femme réalisatrice en Arabie Saoudite a entièrement tourné son film à Ryad.
Wadjda est une fillette. Elle porte jeans et baskets. Elle rêve de s’acheter un vélo vert. Or, au royaume wahhabite les bicyclettes sont réservées aux hommes. Malgré cela, elle s’entête pour réunir la somme et pour cela tente de réussir le concours de la première élève coranique de son école. Tout l’aspect subversif du film consiste à utiliser le zèle religieux (apprendre par cœur les versets du coran) pour obtenir le droit de faire de la bicyclette (un objectif proscrit par la religion).
On l’aura compris, la réalisatrice s’attaque aux mœurs rigoureuses de sa culture et pour ce faire brise l’épais silence qui entoure la vie des femmes saoudiennes. Il reste peu de temps à Wadjda  avant qu’elle porte le voile, peu de temps avant qu’on lui interdise de conduire.
Pour réaliser ce film Haifaa Al.Mansour a du, elle aussi, déjouer les règles (diriger les acteurs depuis l’intérieur d’une voiture, se cacher dans le camion de la production).
Sans stigmatiser les hommes, elle montre avec finesse comment la mère de Wadjda essaie de convaincre son mari de ne pas prendre une seconde épouse et comment cette femme voudrait transmettre autre chose à sa fille. En franchissant un pas vers la liberté, mère et fille dessinent la figure de changements possibles. Ainsi Wadjda rappelle les héroïnes des films iraniens, la « Rosetta » des frères Dardenne, qui essaient d’avoir la vie qu’on leur refuse.
Au pays de l’image interdite (il n’y a pas de salles de cinéma en Arabie Saoudite) le film entrouvre une porte, du côté de l’enfance : il nous livre un message d’intégrité et de liberté, comme une utopie, pour les générations à venir.

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