Victor Hugo, de Shanghaï à Pékin

L’artiste jurassienne, ancienne élève de l’école des Beaux-Arts de Besançon et de l’Art Student de New York, avait reçu une première commande il y a trois ans. La municipalité de Shanghaï avait sollicité l’association franc-comtoise d’amitiés franco-chinoise (AFC-AFC) qui avait proposé à la ville de Besançon de participer au financement de l’œuvre, auquel a également contribué le publicitaire JC-Decaux.

Victor

L’artiste jurassienne, ancienne élève de l’école des Beaux-Arts de Besançon et de l’Art Student de New York, avait reçu une première commande il y a trois ans. La municipalité de Shanghaï avait sollicité l’association franc-comtoise d’amitiés franco-chinoise (AFC-AFC) qui avait proposé à la ville de Besançon de participer au financement de l’œuvre, auquel a également contribué le publicitaire JC-Decaux. Après l’exposition universelle où elle figure actuellement au pavillon de la France, la sculpture rejoindra, l’an prochain, l’Avenue du Théâtre parmi vingt grands dramaturges mondiaux. Hugo sera ainsi au côté de Molière et de Sartre ou Camus. Le lieu, actuellement en travaux, ambitionne d’être le «Broadway de l’Orient».
Le grand écrivain né à Besançon en 1802 est très populaire en Chine depuis un fameux écrit du 25 novembre 1861. Victor Hugo avait répondu au capitaine Butler, de l’armée anglaise, qui lui demandait quel était son degré d’approbation du «sac du Palais d’été» de Pékin commis un an plus tôt par un corps expéditionnaire franco-britanique sur l’une des merveilles du monde à l’occasion de la seconde Guerre de l’Opium.
Dans un implacable réquisitoire anticolonialiste, le poète avait rétorqué par une violente critique de ce qui ne fut que destruction et pillages : «Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié... de manière à ne rien laisser... Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera France, l’autre l’Angleterre... Les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais... J’espère qu’un jour viendra où la France renverra ce butin à la Chine spoliée...»

Kaïnou : «J’ai cherché à retrouver le regard visionnaire du poète»

Alain Caporossi, président de l’AFC-AFC, secrétaire général de la fédération nationale des amitiés franco-chinoises, entre alors en scène. «C’est triste pour nous, douloureux pour eux... J’ai appris il y a quelques années le projet des Chinois de commémorer le 150e anniversaire du sac du Palais d’été, j’ai suggéré un second buste... que notre fédération est seule à financer». Ces commémorations sont prévues du 6 au 18 octobre, dates de l’expédition militaire de 1860.
«Les Chinois se souviendront éternellement de cette lettre de Victor Hugo», dit Nacéra Kaïnou qui a littéralement vécu de longs mois avec Hugo avant de le modeler après l’avoir lu et relu, avoir découvert son théâtre, interrogé ses proches sur leur vision de l’homme. «J’ai cherché à retrouver le regard visionnaire du poète sur la nouvelle liberté de l’homme moderne et sur le monde sans frontière qui sera le nôtre», a-t-elle dit en mai dernier à Shanghaï lors du dévoilement de la statue.
Retournera-t-elle à Pékin, elle qui avait été «fascinée et bufflée par la vitesse et le gigantisme» entrevus à Shanghaï ? «J’essaierai...» Est-elle fière ? Elle répond «humilité», puis admet sa fierté de «pouvoir contribuer à rehausser la grandeur» de Victor Hugo.

 

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