Vingt ans ! C’est le temps qu’il a fallu pour que la thèse qui est à l’origine de ce document soit transformée en livre ! Ouvriers et mouvement ouvrier dans le Doubs. De la première guerre mondiale au début des années 1950, l’épais ouvrage signé Claude Cuenot devrait recevoir un accueil et un lectorat large, car il est la première synthèse systématique sur la question du mouvement ouvrier dans le département.
Ce livre est sous tendu par une thèse, extrêmement stimulante, à savoir que l’histoire des ouvriers, en particulier en France, est celle d’une classe en permanente formation, caractérisée par un constant renouvellement et une forte hétérogénéité. Loin donc d’être une réalité figée, la classe ouvrière (et le mouvement ouvrier qui en est l’émanation syndicale et l’expression politique) est une réalité mouvante. De ce point de vue, Claude Cuenot inscrit sa réflexion dans le sillage des recherches de Xavier Vigna[1] (qui signe par ailleurs la préface) ou, plus ancienne, de Gérard Noiriel[2], ainsi que celle de l’historien bisontin Jean Charles[3].
Ce processus, illustré à partir du cas du département du Doubs (en fait, l’analyse déborde allégrement ce cadre restreint et s’étend sur la totalité des départements franc-comtois). Or dans cet espace, du fait de la prégnance très longue du monde rural, la deuxième industrialisation (celle qui est liée à la révolution de l’usage des énergies fossiles) non seulement est tardive, mais, surtout, spatialement concentrée. Pour aller vite, dans une approche que l’auteur développe au fil d’érudits chapitres, si l’on excepte la place de la métallurgie dans le pays de Montbéliard-Belfort avec certaines usines emblématiques (Peugeot, les Forges d’Audincourt, Japy…), l’horlogerie autour de Besançon et du Haut-Doubs, le reste du département ne connaît pas d’influentes installations industrielles. Attention à ne pas caricaturer cependant. On trouve des usines aussi bien le long de la vallée du Doubs (région de Baume-les-Dames), dans le Jura (lunetterie, lapidaire) ou en Haute-Saône (textile), mais aucune ne joue un rôle structurant pour la classe ouvrière et à fortiori pour le mouvement ouvrier. Ces territoires se caractérisent donc par une faiblesse (relative, naturellement) de l’implantation du mouvement ouvrier, dans ses branches syndicales et politiques. C’est ce qui fait le trait distinctif du mouvement ouvrier dans le Doubs et ses confins. Ce trait s’accompagne du maintien d’un conservatisme ouvrier. Cependant, le mouvement ouvrier devient néanmoins une force reposant sur des implantations limitées, mais très réelles : l'adhésion massive à la CGT dans les années 1917-1922 dans le pays de Montbéliard (une très solide base de la fédération de la métallurgie, ce qui permet à son secrétaire Cazals d'accéder au secrétariat de la CGTU), les forces très solides à Besançon depuis les années 1890-1905, avec une continuité, l'adhésion massive à la CGT en 1936-1937 puis à nouveau en 1945-1947. La SFIO et le PC sont faibles, relativement, mais pas la CGT à partir de 1936.
D’autant plus que, legs de l’histoire, la CFTC apparait comme une rivale sérieuse pour la CGT sur la longue durée. Certes cette dernière domine dans l’entre-deux-guerres, mais la CFTC (et surtout la CFDT après la déconfessionnalisation (même si cet aspect n’est qu’esquissé du fait des bornes temporelles retenues) deviendra dominante, au moins dans le bassin bisontin, dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale. De cette caractéristique spécifique au territoire analysé, il en ressort un parti communiste globalement en position non seulement secondaire par rapport à la SFIO et même isolé dans les bastions industrialisés de la région Montbéliard-Belfort (à l’exception de la ville d’Audincourt). Il faut cependant bien distinguer le terrain électoral de l’enracinement militant. Ainsi dans le pays de Montbéliard (ou à Morteau), le nombre d’adhérents communistes excède celui de la SFIO, sans que cela se traduise mécaniquement au plan électoral. Et la SFIO peut compter sur un nombre d’adhérents importants, en dehors de Besançon, elle peine à conquérir des positions électorales.
Ajoutons un dernier trait caractérisant ce livre, l’auteur se montre souvent très critique à l’égard des prises de positions des partis de gauche (SFIO autant que PCF), en s’appuyant sur des citations qui ne sont pas vraiment à l’honneur des dirigeants desdits partis (aussi bien Minjoz, maire de Besançon, sur la colonisation et la guerre d’Algérie que de l’attitude des communistes à l’égard des grèves qu’ils ne contrôlaient pas lors de la période de la bataille de la production après la Seconde Guerre mondiale). Le lecteur appréciera l’appareil iconographique qui illustre le livre (photos pour la plupart inédites provenant de collections personnelles de militants), aussi bien que les nombreux graphiques (par ex. des effectifs syndicaux) qui parcourent le texte.
On l’aura compris le livre de Claude Cuenot constitue une pièce maitresse pour la compréhension du mouvement ouvrier au niveau local. Une lecture plus que recommandée.
Claude Cuenot, Ouvriers et mouvement ouvrier dans le Doubs de la Première Guerre mondiale au début des années 1950, (préface de Xavier Vigna), Presses universitaires de Franche-Comté, 2020, 540 p., 25 euros.
Ce compte-rendu sera également publié dans le prochain bulletin des Amis de la maison du peuple et de la mémoire ouvrière de Besançon.
[1] Vigna X., Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, Paris, Perrin, 2012 [2] Noiriel G., Les ouvriers dans la société française XIXe-XXe, Paris, Seuil, 1986 [3] Charles Jean, Besançon ouvrier. Aux origines du mouvement syndical 1862-1914, Besançon, PUFC, 2010
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