Une AG souveraine pour dépasser les clivages et enraciner la lutte

Après la manifestation du 5 décembre, la première assemblée générale contre la réforme des retraites s'est tenue à Besançon où l’amphi de la Fac de lettres était plein à craquer. Entre partage d’expériences et débats passionnés, les AG se succèdent. S’étant déclarée souveraine, l'AG a dû se heurter à l’intersyndicale, par exemple sur l'horaire des manifestations. Ce n'est pas simple, mais le rapprochement entre Gilets jaunes, AG et syndicats s'opère doucement, en témoigne l' appel commun à un rassemblement ce samedi à 14h. La convergence s'installe-t-elle ?

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La manifestation du 5 décembre contre le projet de réforme des retraites s’est terminée de manière étrange et quelque peu confuse à Besançon. Arrivés à Chamars, point de dispersion, certains plient vite les gaules. D’autres invitent la foule place de la Révolution pour une AG qui n’a pas fait long feu et un cortège décide de ne pas s’arrêter là et se rend à Micropolis, où la RN57 sera bloquée quelque temps. Une information circule aussi en fin de manifestation et semble faire quelques émules : il y aura une AG à 14h à la Fac de lettres. À l’heure du rendez-vous, l’amphi est bondé de quelque 300 personnes. Toutes réunies dans une ambiance euphorique après une grosse démonstration de force et une journée de grève très suivie.

Sur la tribune, il n’y a que des représentants syndicaux de l’éducation, SNUipp, FSU, Solidaires-Etudiants, un représentant de la CGT salariés étudiants. « Il faut une convergence entre salariés et étudiants. Il y a un nouvel appel à la grève pour le 10 décembre, ce qui n’empêche pas de se déclarer en grève illimitée. C’est une AG éducation, de la maternelle jusqu’à l’université. Des AG se déroulent aussi pour d’autres secteurs ». Beaucoup sont surpris de cette déclaration. Ils s’attendaient à une assemblée générale… plus générale. Ici, les profs et les instits dominent largement, plus encore que dans le cortège qui a précédé. Le périmètre de l’AG sera très vite éclairci quand elle se déclarera interprofessionnelle.

Les hospitaliers font remarquer un taux de grévistes exceptionnel. Un agent du fisc, qui mène une lutte depuis de longs mois, explique « qu’ils sont en train de détruire tout notre réseau, les trésoreries ». Des impatients demandent « on fait quoi demain ? ». Certains font aussi remarquer l’absence de solidarité avec les Gilets jaunes, quand ils sont partis tout à l’heure à 300 en cortège après une manifestation qui a rassemblé 6.500 personnes. Ils sont en ce moment même arrivés à destination et sous les gaz lacrymogènes.

« Il va falloir s’organiser et maintenir la pression. On part sur du long terme. »

L’intervention d’une enseignante pourrait résumer l’ambiance générale, ainsi qu’une position très partagée. « Je suis dans le 1er degré et mon salaire est gelé depuis 10 ans. Les journées d’action contre la Loi Blanquer ont été très suivies, ça a fait péter le carcan. On sent un vrai ras-le-bol. La prime de 600 € par an, c’est une goutte d’eau. Je suis une usagère des transports en commun, des urgences... Il faut une convergence entre les luttes, mais pas trop tard, dès ce samedi. On ne se bat pas seulement pour nos retraites, mais pour une hausse du salaire et de meilleures conditions de travail. Il va falloir s’organiser et maintenir la pression. On part sur du long terme. »

Les plus anciens évoquent 1995 et le combat contre la réforme des retraites de Juppé, alors Premier ministre de Jacques Chirac. « Et en 95, on avait gagné. Il faut être fier de cette journée et s’organiser pour faire en sorte d’être encore plus nombreux pour la suite, ça se prépare déjà pour mardi. Mais avant de bloquer, il faut débloquer la situation dans les entreprises, et aller tracter vers les privés. »

« On n’est pas obligé d’être gentil, on peut se battre »

Pour gagner, certains sont partisans d’actions plus musclées. « Il ne faut pas écarter d’emblée la violence. Avec la répression, le gouvernement agit par la peur. On gagnera quand on n'aura plus peur. Tous nos acquis ont été arrachés par nos ancêtres sur les barricades. Eux n’ont pas eu peur. Ils sont en train de tout détricoter, soit on se bouge, soit on est mort », dira l’un. Plus tard, un autre, étudiant : « Les décisions de blocages, d’affrontements, doivent être discutées. On n’est pas obligé d’être gentil, on peut se battre. Il faut instaurer un rapport de force et ne pas avoir peur de sortir de la légalité. Certaines actions qualifiées de violentes ne sont qu’un juste retour des choses. »

« J’aurais peut-être un discours dissonant, mais j’entends des discours radicaux, et aujourd’hui on était 7.500. On ne les fera pas revenir avec des actions folles ou violentes. C’est dommage de finir à 500 un mouvement qui a commencé comme ça. » Un étudiant d’une école de Besançon embraye : « Nous sommes venus à une centaine, c’est déjà galère de les ramener, ils ne seraient pas venus s’ils pensaient qu’il y aurait des actes violents. Si c’est trop radical, on ne pourra pas construire de mouvement. » « Ce ne sont pas nous les radicaux, mais ceux qui nous gouvernent. Si on se demande si on est radicaux, c’est parce que les médias décident qui l’est ou pas. On a tous pas mal de compétences à mettre en commun, et si certains ne veulent pas, ils peuvent déléguer à d’autres qui sont prêts à aller à la castagne », lui répondra l’un.

L’efficacité de l’action non violente

Si l’usage de la violence est porté par certains comme une nécessité, elle est aussi rejetée par des militants écologistes radicaux qui ont su faire preuve de méthodes efficaces. Leur dernière action à Besançon a beaucoup impressionné. Ce cheminot en retraite, Gilet jaune, y a participé : « On a fait un coup samedi dernier. C’était organisé par les écolos, bien organisé, et ça montre qu’à 200 on peut bloquer des centres commerciaux. En deux réunions, ils nous ont expliqué comment faire. On peut le refaire, aujourd’hui, demain, maintenant dans la foulée. Je fais la proposition de prendre jour après jour des bâtiments des services publics. C’est pas si difficile que ça, on est là depuis un an et on n’est toujours pas mort ». L’un rebondit sur la responsabilité individuelle de chacun : « Je n’ai pas de solutions miracles, mais on est tous consommateurs, on peut ne rien consommer à Noël, pas de cadeau, rien ! »

 « Ce qui m’embête, c’est qu’il faut attendre d’être touché pour se bouger. Maintenant, il est plus que temps, il faut arrêter les querelles de clocher et on se réunit. C’est une guerre idéologique, Macron est contre le peuple, contre son bien-être », témoigne un autre. On entend déjà les inévitables divergences de fins et de moyens, ceux qui veulent repartir avec « une liste de lieux à bloquer », ceux qui gueulent parce que l’on ne parle que de blocage alors que « ce qui est important, c’est la grève ». Mais on sent une volonté forte de se rassembler pour organiser une mobilisation d’ampleur.

« Il faut proposer un rendez-vous quotidien »

« Il faut proposer un rendez-vous quotidien. Un étudiant propose d’investir la fac, pourquoi pas. On va perdre peut-être plein de fric en faisant grève, mais qu’est-ce qu’on va perdre après ? Moi j’ai fait mon calcul, c’est 700€ en moins », dira une prof, syndiquée au FSU et Gilet jaune, qui appellera l’AG à décider aujourd’hui des actions à mener. Il ne se sera formellement décidé qu’une seule chose cet après-midi, la tenue d’une autre AG le lendemain matin au même endroit. Mais c’est bien plus qui se joue : tisser un lien entre toutes les personnes mobilisées pour amplifier la lutte.

Quand les participants sortent de la fac, les Gilets jaunes ne sont qu’à quelques centaines de mètres, devant la préfecture. Certains les rejoignent. Après les heurts sur la RN57, les gendarmes mobiles gazent et chargent de nouveau, procédant à cinq interpellations. Le cortège sauvage se poursuit en ville et s’arrête quelques minutes à la galerie commerciale des Passages Pasteur, en plein centre-ville. Au milieu de la nuit, la plateforme logistique Easydis sera bloquée quelques heures.

Deuxième AG, vendredi 6 décembre

Pour la deuxième AG, vendredi 6 décembre, il y a cette fois 150 personnes. Et on se demande que faire, où aller. « Je crois qu’il y a l’AG des cheminots à 11h, quelqu’un est sûr ? » « Ils ont reconduit la grève jusqu’à lundi à Besançon ». D’autres évoquent le soutien aux personnes encore en garde à vue après la virée post-manif de la veille. Les enseignants annoncent être en grève intersyndicale mardi 10, un prof évoque la pression sur les AED, les pions, qui reçoivent des SMS pour les inciter à ne pas faire grève dans son lycée.

La question de l’instauration d’une caisse de grève arrive et l’un signale que « les syndicats sont déjà une caisse de grève, c’est à ça que devraient servir les cotisations. Il faudra leur rappeler si nécessaire. » Il est vite décidé d’une opération tractage avec un appel pour la grève ce mardi. Où ? « Sur les ronds-points, nous sommes dans le purin, ils sont tous frappés d’arrêtés ». De toute façon, d’autres préfèrent concentrer leurs efforts dans les entreprises. « Il faut apprendre à s’organiser sans les syndicats, il faut des comités sur les lieux de travail ». Quelqu’un veut concilier : « Je ne suis pas pour bloquer les gens, mais il faut qu’ils voient que ça bouge. On peut donner une information rapide de 15h à 19h sur les ronds-points et faire aussi pour un tractage dans les entreprises ».

Blocages économiques plutôt que bloquer les gens

Après l’opération réussie de la nuit dernière devant les portes d’Easydis, le blocage économique est de nouveau évoqué, et la plateforme logistique de nouveau convoitée comme une belle cible potentielle. « Il faut être là-bas à 3h du mat pour bloquer tous les camions du Grand Est », prévient l’un. Et cela cause un important préjudice à l’entreprise et à tous ses clients, les magasins Casino. Un arrêté préfectoral d’interdiction de manifestation sur ce lieu stratégique sera d’ailleurs signé l’après-midi même.

Lassée par des prises de paroles qui tournent en rond, une étudiante veut avancer. « Il faut arrêter de discuter tous azimuts, le blocage d’Easydis est une bonne idée, des gens se sont déjà mis d’accord pour le tractage » et que l’assemblée devrait maintenant « définir un planning précis avec cinq, six actions. »

Un photographe qui ne se présente pas

C’est à ce moment qu’un photographe de l’Est Républicain est repéré par l'assemblé. Il est arrivé en bas de l’amphi, traverse, se poste sur l’estrade et prend des photos de face des participants. Les débats s’interrompent, et un nouveau commence. « -Euh, c’est qui le monsieur qui prend des photos ? -Tu sors ! – Attendez, est-ce que c’est un danger ou est-ce que c’est plutôt porteur pour notre lutte ? - Il y a eu un incarcéré à cause des images d’un journaliste de l’Est. S’il prend des photos, est-ce qu’on sera tous fichés ? – On est déjà fichés ! – Il appartient à une banque, on ne peut pas faire confiance. – On peut quand même se servir de l’Est Républicain pour notre cause. – Ils donnent des chiffres erronés. » Quelque peu énervé, le photographe qui ne s'était pas présenté remonte les escaliers, prêt à partir. Des voix s’élèvent pour autoriser la prise de vue, de dos. Sa présence est finalement soumise au vote. Une large majorité se prononce pour qu’il reste.

Une AG souveraine…qui a du mal à passer

De longues minutes sont passées sur l’élaboration d’un tract, qui sera finalement loin de faire l’unanimité, parce que jugé trop long, pas assez lisible ou trop compliqué. Le sujet du rôle et des pouvoirs de cette AG revient dans la discussion. « Il faut lancer un appel pour déborder les appels. Si on entend que l’intersyndicale nationale n’appelle pas à la grève mardi, on maintient pour les obliger. » Après un vote, l’AG se déclare souveraine pour entreprendre des actions.

« Ce n’est pas nous à 150 qui allons décider de ce que font les cheminots », dira un cheminot qui vient d’arriver. « Chez nous, il y a plus de grévistes qu’en 95, mais on a la crainte de tirer des wagons vides. Ça ne peut pas être un corps de métier qui va faire rejeter le projet. Il y a une inquiétude chez nous de nous sentir seuls, même si on ne lâchera rien pour l’ensemble de la population et pour nos enfants. » La tirade des wagons vides n’a pas plu à tout le monde, certains trouvant même honteux de dire ça devant beaucoup d’enseignants massivement en grève.

Informer les salariés du privé sur le droit de grève

Les controverses sur les modalités d’action persistent : « Si vous voulez du monde, il faut faire le samedi. - Mais il s’agit de faire la grève générale ! - Mais tout le monde ne peut pas faire grève ! » On évoque l’importance d’associer les salariés du privé au mouvement. « Il faut rappeler le droit de grève dans le tract, certains privés sont venus me voir en disant que le DRH leur avait dit qu’ils ne pouvaient pas faire grève, alors que c’était un appel national. » Un autre exprime sa satisfaction de participer aux blocages, qui ont fait de nombreux adeptes depuis un an. « Je ressens une union que je ne retrouve pas en manif, du fait des drapeaux rangés sûrement. »

Pour faciliter le déroulement d’actions le matin du 10 décembre, prochain gros jour de mobilisation, l’AG décide de fixer une heure de manifestation inhabituelle : 14h au lieu du rituel 10h30 bisontin. Cela a aussi été l’occasion de tester un peu l’intersyndicale qui se réunira peu après. La CGT et FO étaient plutôt contre l’idée, mais la FSU et Solidaires ont pu appuyer, avec le renfort de représentant de l’AG et de Gilets jaunes qui s’étaient invités, pour accorder les syndicats sur l’horaire voulue par l’AG. C’est symboliquement fort, et FSU et Solidaires appelleront à se rendre à l’AG d’après manif du mardi 10 décembre. L’AG appelle aussi aux rassemblements de samedi, la marche pour le climat le matin et les Gilets jaunes l’après-midi.

Troisième AG, lundi 9 décembre

Le lundi 9 décembre, il y a beaucoup de monde vers 17h sur le parvis de l’amphi de la fac de lettre. Les auditeurs de l’Université ouverte devaient avoir cours ici et beaucoup ne sont pas contents. « Ils arrivent et prennent la tribune, un bel exemple de démocratie, on va aller loin avec des gens comme ça », râle l’un. « C’est nous qui payons votre retraite ! », réplique un autre. « Vous pouvez assister à l’AG. » Ils trouveront finalement une autre salle et partiront. « Et l’amphi il est à qui ? « Il est à nous ! », reprennent une partie des 60-70 personnes qui s’installent pour poursuivre la lutte.

D’emblée, la réussite de la convergence entre la manifestation pour le climat samedi matin et celle des Gilets jaunes l’après-midi est saluée, « parce que ce n’est pas toujours le cas ». Mais il n’y avait pourtant pas la foule des grands jours. « On est en grève reconductible, si on veut un rapport de force il faut se sortir les doigts du cul. Oui ça fait chier d’aller le samedi, il ne fait pas toujours beau. Mais c’est hyper important d’avoir fait une jonction entre jeudi et samedi. Les Gilets jaunes sont précurseurs, c’est grâce à eux qu’il y a tout ça. Il faut arrêter de diviser les luttes. Tous les syndicalistes devraient être Gilets jaunes, qui se battent pour la justice sociale. Maintenant, il faut tout le monde dans la rue pour faire plier le gouvernement », exhorte un syndiqué Gilet jaune.

« Notre boulot, c’est de faire la jonction entre les temps forts »

« La manif de samedi n’a pas été appelée par le mouvement social, celle du climat a été organisée a minima, et comme tous les rituels qui ont pour objectif de faire un tour en ville, ça s’essouffle. Il ne fallait pas s’attendre à plus. Le mouvement social se construit, certains l’organisent depuis des mois, dans le transport, l’éducation et d’autres catégories. Mais on est encore en train de discuter, de faire des manifs, d’attendre les déclarations du gouvernement. On enfile défaite sur défaite après d’immenses mouvements sociaux, et celui là n’a pas inventé la grève. On est beaucoup dans l’expectative et je ne suis pas convaincue que l’on va gagner. Notre boulot c’est de faire la jonction entre les temps forts, contestables dans les principes, mais certains ne font que ça », dira l’une, qui poursuit, plus enthousiaste. « Ça fait longtemps que l’on n’avait pas vu une AG de 300 personnes à l’issue d’une manifestation à Besançon. Demain soir, on ne va pas discuter des petits pois ou de la réforme des retraites, il va falloir parler de ce que l’on fera. Je suggère que demain matin, on parle blocage ».

« On peut gueuler sur les journées de mobilisation, mais la seule chose à discuter, c’est comment avoir plus de monde. Si on a du monde, les centrales syndicales vont courir après leur base comme d’habitude. Au lieu de faire des trucs de blocage, j’en ai fait, c’est super sympa, mais il faut aller tracter, voir les collègues un par un. Il n’y a pas 36 solutions, si on veut du monde, il faut des piles de tracts. Moi je bosse à la mairie, je peux faire grève tous les jours, ça ne bloquera pas l’économie. »

Concernant les actions, la prudence est de mise

Dans les lycées, le tractage se poursuit. « Beaucoup de collègues sont en train de se demander quand et comment faire grève. Ils pourraient suivre si on les aidait. » Concernant les actions, la prudence est de mise. « Si le préfet prend un arrêté à chaque fois que l’on décide d’une action, il vaudrait mieux se donner des rendez-vous plus discrets. On est un certain nombre ici et on ne connait pas tout le monde. » Quelque quarante-cinq personnes lèvent la main pour valider leur accord, et leur présence, pour mener une action de blocage le lendemain dans un lieu qui ne sera pas dévoilé.

C’est l’occasion de remettre sur le tapis ce sujet, et celui du tract. « La problématique, c’est soit on fait chier le monde, soit on va essayer de convaincre le plus de monde. Je crois que ça aurait plus d’impact d’avoir une manif de 20.000 personnes que d’aller bloquer Easydis. Tout le monde sait qu’il y a des manifs le samedi. J’aimerais que l’on se mette d’accord sur la diffusion d’un nouveau tract où les moments forts sont annoncés et qu’on ne soit pas trois clampins à le distribuer. Notre souveraineté n’aura aucun impact si on reste entre nous. »

Et quand un syndicaliste des Finances publiques propose le blocage d’un centre d’impôts, c’est le ponpon pour certains qui « ne voient pas l’intérêt de bloquer les gens qui ont réussi à avoir un rendez-vous », tout comme un autre n’est pas pour bloquer le tramway, surtout en fin d’après-midi après la manifestation du lendemain, quand les gens rentreront chez eux. Il ne cache pas sa préférence pour un blocage du flux d’approvisionnement en pièces détachées des grosses industries par exemple. Ce soir-là, c’est une entreprise de distribution de produits frais qui sera finalement visée.

 Quatrième AG, mardi 10 décembre

Il y avait beaucoup trop de monde après la manifestation du mardi 10 décembre pour faire tenir l’AG dans l’amphi de la Fac de lettres. C’est donc devant, dans la rue, que plusieurs centaines de personnes sont réunies face aux musiciens du camion de Solidaires. Se succéderont des chants et des prises de paroles très peu audibles, que certains jugeront un peu trop longues. Une manifestation sauvage défilera dans les rues de Besançon jusqu’à après la nuit tombée.

Cinquième AG, mercredi 11 décembre

Arrivé 35 minutes après l’heure annoncée du début, ce ne semblait pas être la joie dans l’amphi, malgré la réussite de la mobilisation de la veille. L’audience de l’AG a encore légèrement baissé en nombre. Le résumé des discussions portant sur le discours d’Édouard Philippe du midi est inscrit sur le tableau : beaucoup de flous, des manques, et une position toujours affirmée sur le principe d’un retrait du projet de loi sur les retraites. Une trouve l’AG « un peu démobilisatrice », on lui répond que la parole est donnée à tout le monde et « qu’il faut inviter des gens ».

Un autre se demande où est passé le comité qui s’était désigné pour tenir la caisse de grève. « Elle n’a pas été mise en place, tout n’est pas suivi des faits », dit-on depuis la tribune. Un étudiant propose d’organiser des soupes populaires pour ne pas avoir qu’une vision pécuniaire de la caisse de grève. Un autre réclame « des comités de grève et une bonne direction de l’AG, sinon c’est le bordel. »

L’intersyndicale appelle à un rassemblement samedi avec les Gilets jaunes

Quelqu’un annonce que l’intersyndicale a validé une opération péage gratuit le lendemain, jeudi 12 décembre. « C’est symbolique pour la lutte des Gilets jaunes. Il faut montrer que l’on s’attaque au capital, un appel est lancé à tous les adhérents des syndicats pour y aller. L’intersyndicale a été surprise de la mobilisation de mardi, car ce n’était pas simple de faire des tracts, d’appeler à la mobilisation si rapidement. La mobilisation était magnifique. C’est une grande avancée aussi que l’intersyndicale appelle à un rassemblement samedi prochain à 14h place de la révolution avec les Gilets jaunes », se félicite un syndicaliste, et Gilet jaune de la première heure, présent lors de la réunion entre syndicats. De quoi redonner du peps à l’assemblée.

Après le péage gratuit de jeudi, et en attendant la manifestation du samedi et la nouvelle grande journée de grève et de mobilisation du mardi 17 décembre, il est décidé de viser les banques et les assurances le vendredi dans le centre-ville de Besançon. Une page Facebook sera aussi créée pour diffuser les informations actées ici et inciter du monde à les rejoindre. L’objectif est clair : construire massivement la lutte contre la réforme des retraites du gouvernement et son projet néolibéral. Même si c’est difficile, que les revendications ne sont encore pas toutes accordées, que différents moyens d’action sont encore opposés les uns aux autres, l’outil de lutte qu’est l’Assemblée générale contribue assurément à rapprocher les différentes composantes de la mobilisation. Et il semblerait que ça commence à prendre. Face à l’urgence, tout le monde sent bien que l’heure est plus à l’union qu’aux querelles.

 

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