Le fondateur du mensuel Alternatives Économiques, Denis Clerc, est « réservé mais pas opposant » au concept. Lors d'une conférence-débat organisée le 9 novembre à Lons-le-Saunier par EELV, il a mis en garde son auditoire : l’idée est aussi séduisante que nébuleuse. « Tout dépend des contreparties pour le financer. »
Créer un revenu d’existence universelle ou un revenu de base. L’idée séduit depuis le XVIIIe siècle. Et partout dans le monde. En France, le sujet, qui avait déjà suscité un engouement important dans les années 1930, est relancé. Plusieurs des prétendants à l’élection présidentielle 2017 font mention d’un projet de revenu de base. Certains évoquent une somme de 450 euros, quand d’autres proposent plus de 1 000 euros mensuels. « D’un camp à l’autre, son existence supposera des conséquences très différentes », prévient Denis Clerc.
Installé dans le Jura, l’économiste, fondateur de la revue Alternatives économiques, était invité à s’exprimer sur le sujet lors d’une conférence débat organisée le 9 novembre à Lons-le-Saunier par le groupe Jura sud d’Europe Écologie – Les Verts (le débat a été relancé au sein du parti, notamment après la proposition de résolution au Sénat d’un élu écologiste parisien, Jean Desessard). « Tout dépend des contreparties pour le financer ou l’attribuer. » Denis Clerc qui s’est déclaré réservé sur la création de ce revenu de base sans y être opposé, a partagé le fruit de sa réflexion et de ses recherches avec l’auditoire d’une centaine de personnes.
« Il ne peut pas n’y avoir que des gagnants »
L’idée éveille « une sympathie qui nous saisit tous » alors que le taux de pauvreté s’élève à 14% (soit « une hausse de 2,5 points depuis le début de la crise il y a 7-8 ans »), et que le pouvoir d’achat en France stagne (« le revenu médianrevenu médian = salaire tel que la moitié des salariés (de la population considérée) gagne moins et l'autre moitié gagne plus. n’a pas changé depuis huit ans : si certains ont tiré leur épingle du jeu, d’autres se sont enfoncés encore un peu plus »). « Dans ce contexte, le revenu de base peut apparaître comme une bouée de secours », souligne l’économiste, qui met en garde : « Il ne peut pas n’y avoir que des gagnants. En restant dans le brouillard, le projet reste désirable. Une proposition non détaillée peut cacher des choix aux effets désastreux. Selon les choix, les gagnants et les perdants ne seront pas les mêmes. »
Pour Denis Clerc, le calcul est simple. Un projet qui nécessiterait plus de 3 milliards d’euros de financement n’est pas viable, car il « ne peut pas être financé sans une augmentation des impôts et sans la suppression de certaines aides. ». Il commence sa démonstration par le versement à chaque Français de 100 euros par mois. « Cela coûterait 80 milliards d’euros par an. Quand vous passez la barre des 1 000 euros, vous atteignez 800 milliards d’euros. C’est l’équivalent de toute la protection sociale. Avec un projet de cette ampleur, la protection sociale serait éliminée de fait. » Augmenter les impôts, les individualiser, ou encore faire la chasse à la fraude fiscale ? Ces solutions ne suffiraient pas au financement de tels projets. « L’ensemble des impôts ne représente que 350 milliards d’euros. Fixer un revenu de base à 520 euros coûterait déjà 400 milliards d’euros... » La création d’une monnaie complémentaire spécifique (proposition soutenue par le manifeste du Mouvement français pour un revenu de base créé en 2013), conduirait rapidement, selon l’économiste, à un risque inflationnisteinflation = perte du pouvoir d’achat de la monnaie, qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix (définitions Insee)..
« On n’extirpera pas les gens de la pauvreté avec le revenu de base »
La question du financement est centrale pour Denis Clerc. « Tant que nous n’avons pas une feuille de route chiffrée, il ne sert à rien de discuter du revenu de base ! » C’est pourquoi un seul projet a attiré son attention, le projet Liber. Le seul qui ait été chiffré. Ce projet a été soutenu en 2013 par un docteur en économie, Marc de Basquiat (lire ci-contre). Sur le principe de ce modèle économique qui fixe le revenu de base à 470 euros, sorte d’équivalent du RSA, Denis Clerc identifie deux avantages : l’automatisation et l’absence de stigmatisation. Un revenu de base automatique pour tous les citoyens résidents sur le territoire, sorte d’assistance généralisée, aiderait à simplifier notre système de protection sociale. « La plupart de la population ignore ses droits. 32 % des personnes qui pourraient toucher le RSA n’en font pas la demande. La complexité de la protection sociale fait que l’on passe à côté d’une partie des besoins. »
Un projet de revenu de base viable selon Denis Clerc pourrait avoir pour avantage une redistribution des richesses en faveur des plus démunis. « On n’extirpera pas les gens de la pauvreté avec le revenu de base, on pourrait seulement la réduire un peu. » Quant à une vision du revenu de base comme un moyen d’exercer une activité épanouissante mais non rémunératrice, l’économiste met fin à l’utopie. « 470 euros mensuels ne supprimeront pas le travail contraint. Des projets qui proposeraient davantage ne sont pas finançables. Arrêtons de rêver. L’objet est de savoir : est-ce que tel projet est viable ou non. Il faut libérer l’imagination mais il ne faut pas se bercer d’illusions. »
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