Un mur en carton contre la réforme Blanquer

Une trentaine d'enseignants ont symboliquement bloqué une entrée du lycée Pasteur de Besançon alors que s'y tenaient des épreuves du bac qu'ils n'ont pas perturbées. 

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« Ils font des économies sur le dos des élèves », explique Olivier, professeur d’anglais au lycée Pergaud. Ce mecredi 19 juin, il est avec une trentaine d'enseignants d'établissements bisontins qui ont bâti un mur en carton devant une entrée du lycée Pasteur. Un blocage symbolique, en opposition à la loi Blanquer. Ils s'allongent sur le bitume, scandent des slogans : « Bloquons, bloquons, bloquons Blanquer », ou encore « Debout, debout, justice et dignité ». Les lycéens venus passer le bac sont surpris d’une telle démonstration, certains la critiquent, d’autres voudraient s'y joindre, ce à quoi un professeur répond : « le bac d’abord, la révolte après ». 

« Aujourd’hui on a une réforme du bac qui le complexifie énormément autant pour les professeurs que les élèves, à partir de janvier les élèves seront quasiment toujours en période d’examens… Le nouveau bac est sensé apporter plus de liberté aux élèves avec le choix des enseignements. Cependant, certains lycées ne peuvent pas proposer toutes les spécialités, cela crée une inégalité entre lycées », confie Laurence, professeur d’histoire-géographie. « De plus, nous n’avons pas les moyens financiers de mettre en place cette réforme ».

Aux alentours de 14h, le groupe se rend sur l'esplanade des Droits de l'homme, devant la mairie, où il tient une assemblé générale.

Des gilets jaunes assistent et participent à l’assemblé générale. L’un des premiers à prendre la parole est Sylvain, professeur d’histoire-géographie au lycée Montjoux : « je devais aller chercher 60 copies à corriger, bah j’ai dit à mes supérieurs que je faisais grève… Il faut monter d’un cran, car ils rigolent bien là ». Un professeur répond : « le problème, c'est qu'on n'est pas assez nombreux ». Pour Pascal Demoly, professeur de philosophie, la réforme comporte des risques : « elle va créer des inégalités entre les lycées des villes et ceux des campagnes… Il y a une banalisation du mal social ».

« On doit faire plus en moins d'heures »

Comment continuer la mobilisation, s'interrogent les manifestants ? Plusieurs idées fusent : « corriger les copies en étant trop bienveillant », « ne pas corriger les copies », « ne pas donner les notes », « organiser une Blanquermesjeu de mot entre Blanquer et kermesse »… Ils se retrouveront une autre fois pour décider.

Nathalie Bardey, professeur d'histoire-géographie, explique son opposition aux projets du gouvernement : « actuellement il y a trois grands chantiers dans l'Education nationale, nous nous sommes opposés aux trois… Ces lois vont promouvoir le privé. Si le public est en difficulté, les parents se tourneront vers le privé… La réforme sur le contenu est très inquiétante, il n'y aura plus d'enseignements communs, plus de structure de classe alors que les élèves sont très attachés à leur classe. Les nouveaux programmes sont beaucoup plus conséquent, on doit faire plus en moins d'heures. On va devoir faire des cours magistraux qui vont ennuyer et dégoûter les élèves... Le nouveau bac pose problème lui aussi, car 40% des épreuves ne seront plus nationales, mais spécifiques à chaque lycée. »

 

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