« Il y a moins de monde que la dernière fois... » L'impression de Mario est confirmée par notre comptage. Un millier de manifestants ont défilé ce jeudi 21 septembre par une belle matinée d'automne à Besançon. Deux fois moins, en effet, que sous la pluie du 12 septembre... Ça ne perturbe pas plus que ça Jacques Bauquier. Le coordinateur régional de la métallurgie CGT en a vu d'autres : « on est dans un processus de mobilisation durable. Ça ne me fait pas peur qu'il y ait moins de monde aujourd'hui, il faut voir que des nouvelles professions sont en train de s'engager... »
Il cite les prochaines journées, la fonction publique le 10 octobre, les transports le 25 septembre, les retraités le 28, « en intersyndicale » complète. « On y invite les actifs car les problèmes de retraités ne sont pas le problème des seuls retraités », ajoute Cyril Keller, secrétaire de l'UD-CGT du Doubs.
Le pouvoir politique se frotte-t-il déjà les mains devant la moindre mobilisation ? « Qu'il se méfie, la grève des transports risque d'enclencher quelque chose... Quand le ministre dit que les transports ne sont pas concernés par les ordonnances, le secrétaire de notre fédération des transports dit que ce n'est pas ça qui leur a été dit... »
« Pas mal pour une manif de rentrée »
S'il y a moins de monde à Besançon, ce n'est pas la faute des gens du Haut-Doubs. Ils étaient venus dans une voiture le 12, cette fois ils en ont rempli deux ! « La dernière manif, avec 2000 personnes malgré le temps pourri, m'a redonné de l'énergie, c'était pas mal pour une manif de rentrée », dit Jean-Claude. A ses côtés, Jean-Marie, travailleur frontalier, rigole qu'on s'étonne de sa présence : « je défends tout le monde, je suis pour une lutte globale. Je ne fais pas exprès d'être frontalier, je ne trouve pas de travail en France... Et puis, il y a des précaires en Suisse. On croit que c'est l'Eldorado, mais 2500 francs suisses sur 45 heures, moins les déplacements et 8% de sécurité sociale française, c'est pas terrible... Le smic cantonal de 3200 CHF mis en place à Neuchâtel, c'est le minimum vital pour la Suisse... »
On croise Hasni, étudiant en lettres : « quelques amphis ont été visités ce matin et on a une AG cet après-midi... Les étudiants sont concernés parce que la plupart vont travailler, il ne faut pas oublier que les plus précaires sont ceux qui rentrent sur le marché du travail... » Le cortège étudiant est fort d'une cinquantaine de de participants, mais on en trouve un peu partout, disséminés dans les différentes portions du défilé, notamment avec Solidaires, mais aussi du côté des Insoumis (qui tablent sur six cars franc-comtois pour leur rassemblement parisien de samedi) et des partis d'extrême-gauche.
Un peu de politiques
Les « troupes » les plus importantes sont sous les banderoles CGT et Solidaires, le cortège FO est un peu plus animé que celui de la FSU. On voit aussi des syndiqués CFDT, notamment de la métallurgie, ce que saluent les responsables CGT. Dans le même champ de vision que des bannières de la CNT, deux drapeaux CFE-CGC-UNSA attirent notre attention... Tiens tiens...
L'ancienne députée PS frondeuse Barbara Romagnan fait une courte apparition. On croise quelques autres socialistes dont l'élu municipal Jean-Sébastien Leuba. Les écolos sont plus à l'aise dans le cortège. Mais c'est bien ensemble que PS et EELV invitent l'avocat en droit du travail Fabrice Brézard pour une réunion publique lundi 25 afin de faire des « révélations sur la loi travail Macron-Pénicaud... »
On voit surtout que l'imagination des manifestants ne s'est pas tarie. Nombreux sont ceux qui ont leur grain de sel personnel à mettre au débat. « Pour les jeunes emplois aidés, mieux que les patrons aidés », dit un calicot parmi d'autres...
