Un amour de Festival

La petite ville jurassienne de Saint-Amour accueille du 11 au 23 février la quatorzième édition d'un festival consacré à l'amour, du désir à la sensualité, de l'érotisme à la passion... Cette année, la programmation propose notamment d'explorer des formes compliquées de ce sentiment...

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Organisé depuis 14 ans par la Ligue de l’Enseignement, Écran Mobile un circuit itinérant de Franche-Comté et le comité d’animation de la ville, le Festival de Saint Amour décline l’amour sous toutes ses formes : désir, sensualité, passion, érotisme…
Pour cette petite bourgade aux confins du Jura,  le pari est réussi puisque chaque année au moment de la Saint Valentin, on parle d’amour dans la petite salle de la Chevalerie qui fait penser à la salle du « Bal » d’Ettore Scola avec côté cœur son décor chaleureux qui permet les rencontres entre habitants, et ravive l’émotion collective de plus en plus remplacée  par le petit écran.
Malgré le frimas, Saint Amour met son habit de fête et permet à chacun, enfants, adultes, seniors d’accéder à une programmation riche autour de quatre thèmes : « Variation autour de l’amour »  avec au centre de la toile « Les Hauts de Hurlevents» de Andrea Arnold. « Tours et détours de l’amour » qui explore les formes compliquées de ce sentiment dans des films tels que « L’Appolonide »  de Bertand Bonello.  Enfin « Un amour sans âge » avec les reprises de « Amour » de Haneke et « Saraband » de Ingmar Bergman et « Amours affranchis », « Les invisibles » de Sébastien Lifshits.
« Le Jour de la grenouille » en présence de la réalisatrice Béatrice Pollet, une programmation enfant, des avant-premières proposée par l’Association La Salamandre, un concours de poésie, des rencontres animées par 3 rédacteurs de Positif (Pascal Binetruy, Philippe Rouyer et Fabien Baumann), la programmation de  cette édition devrait faire battre les cœurs de petits et grands.

Coup de cœur « Les Invisibles »

Ils ont entre 75 et 85 ans. Ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de vivre leur vie au grand jour. Dans « Les Invisibles », ils racontent ce que fut leur vie entre la volonté de rester des gens comme les autres et l’obligation de s’inventer une liberté pour vivre. Dans un monde obsédé par les apparences, la norme amoureuse et les traditions, ces sept homos et quatre lesbiennes ont bravé leurs familles, la religion et souvent le rejet (ce n’est que depuis 1981 que l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale). Tous ont décidé de s’installer dans le milieu rural où ils ont rencontré une grande tolérance.
Devant une caméra pudique, ils racontent leurs vies et au-delà du droit à la différence, le film s’engage vers l’idée de l’épanouissement : « nous étions des marginaux. C’est ce qui nous donnait la liberté » dit un personnage de ce documentaire. Au fil des entretiens ces femmes et ces hommes s’expriment sur le droit pour chacun de vivre sa sexualité comme il l’entend, d’être heureux sans discrimination. A l’heure où  le mariage des homosexuels fait débat, il suffit de regarder ces hommes et ces femmes parler de leur sexualité heureuse sans aucune amertume, pour redonner l’envie de se battre pour la liberté et l’égalité pour tous. 

Le cinéma rural et le numérique

La salle de la Chevalerie fait partie de l’un des deux derniers circuits itinérants de Franche-Comté.
Le cinéma en milieu rural va à la rencontre des  publics qui ne se déplacent pas. Il permet à chaque personne d’accéder aux films sans exclusion d’ordre géographique, économique, socio-culturelle. Plus encore, il maintient le cinéma à l’intérieur de la cité, du village. 
Après le passage au numérique des salles fixes de Franche-Comté avec l’aide de la Région et du CNC, les salles rurales devraient à leur tour bénéficier de cette évolution technique. Dans cette période de transition, il n’existe presque plus de copies 35 mm et les organisateurs du festival ont travaillé avec opiniâtreté pour réaliser cette programmation.
Les collectivités territoriales devraient être sollicitées pour permettre à Écran Mobile de maintenir les mêmes moyens en matériel qu’à l’époque « presque révolue » du 35 mm. Pour que le circuit itinérant Écran Mobile puisse organiser le même nombre de séances dans les salles des fêtes et les petits cinémas de villages, il faudrait remplacer les quatre anciens projecteurs par quatre numériques.
Les projectionnistes continueront de transporter le matériel dans une camionnette : seul le projecteur numérique remplacera le projecteur 35mm. 
L’esprit « cinéma Paradiso » est toujours là dans le déplacement du cinéma vers la salle, mais l’enjeu change : sans la mutation du numérique, il ne sera pas possible d’aménager le territoire rural et d’y maintenir la culture.

 

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