Travail du dimanche : « envisager la consommation comme un loisir est une dérive… »

Avant un rendez-vous jeudi avec la députée Barbara Romagnan pour dire tout le mal qu'ils pensent du projet de loi Macron, 25 militants CGT se sont symboliquement rassemblés devant le siège du PS à Besançon pour dire non à l'extension du travail du dimanche : « une vision du 19e siècle » pour l'inspecteur du travail Emmanuel Girod. EELV craint pour sa part une atteinte à la liberté d'informer avec la notion de « secret des affaires ».

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Dix minutes avant l'heure annoncée, il y a déjà quatre policiers devant le siège du PS inoccupé, visible du commissariat situé au bout de la rue, à 300 m de là. « On attend 2000 personnes », plaisantent-ils. Un instant plus tard, deux autres font le guet dans une voiture stationnée à deux pas, puis trois motards arrivent, aussitôt suivis d'un inspecteur en civil venu à pied. Alors seulement, les quatre premiers manifestants apparaissent derrière le virage de la rue du Porteau. Au total, ils seront vingt cinq dont une majorité de retraités. La police allège son dispositif manifestement sur-évalué...

« Les employés de commerce ne sont pas là. Oui, il sont au courant de l'appel à la grève, ils font l'autruche », constate, amère, une syndicaliste d'une grande surface de la ville qui perd 30 euros. « Pourquoi n'y a-t-il pas foule ? C'est un gros problème. Beaucoup disent qu'ils ne veulent pas perdre trois heures », concède François Gaugy, responsable du syndicat local de la CGT-commerce. Du coup, les selariés du commerce qui sont venus sont des militants et des délégués.

Emmanuel Girod : la loi Macron, c'est « une vision du 19e siècle »
Inspecteur du travail à Besançon et responsable syndical national (CGT), Emmanuel Girod n'a pas de mots assez durs pour qualifier les dispositions du projet du ministre de l'Économie qui modifient le droit du Travail.
Lire l'entretien ici.

« Qu'on ne nous parle pas du volontariat, les jeunes sont coincés. »

Retraité du groupe Casino, Bernard Lambert est remonté : « Le travail du dimanche est aberrant, on ne devrait même pas en parler, il faut arrêter les conneries. Celui qui a son budget ne va pas dépenser plus le dimanche ! Et qu'on ne nous parle pas du volontariat, les jeunes sont coincés ». Représentant CGT au Conseil général tout proche, Lazhare Benatmane est venu en voisin : « c'est scandaleux d'ouvrir les magasins le dimanche. Et la vie de famille ? »

Retraité de l'enseignement, Michel Henry est venu apporter le soutien de la FSU : « je représente les collègues qui sont au boulot. Les enseignants ne sont pas tellement concernés par le travail du dimanche, mais par ce projet Macron qui concerne le code du Travail. En plus, la Conférence des présidents d'université vient de faire une proposition à Macron pour sortir les enseignants-chercheurs de la fonction publique et les faisant embaucher par les universités : ce serait la mort des universités telles qu'on les connaît ».

« Et pourquoi pas ensuite fabriquer les bagnoles le dimanche chez Peugeot ? »

« La mobilisation est compliquée », reconnaît Cyril Keller, le secrétaire de l'union départementale CGT : « aujourd'hui, on dit aux dirigeants du PS qu'on ne veut pas du travail du dimanche, que 1600 amendements à la loi Macron, c'est bien, mais on veut surtout son retrait ». Le ministre du Travail a-t-il été écarté de l'élaboration du projet de loi ? « Se sont-ils concertés ? A-t-il le choix ? La loi Macron convient à Valls et ceux qui sont en désaccord sont écartés ! Macron, c'est celui qui monte, qui a les dents longues... Les magasins demain, et après les banques... Et pourquoi pas ensuite fabriquer les bagnoles le dimanche chez Peugeot ? »

Déléguée syndicale chez Casino, Sylvie Vachoux fait une brève intervention : la loi du 13 juillet 1906 interdisait le travail du dimanche a été votée après un siècle de luttes... La première dérogation est arrivée en 1990 sous Mitterrand... » Elle énumère les suivantes, sous Balladur, Chirac puis Sarkozy : « le projet Macron est un recul sans précédent pour les travailleurs... Envisager la consommation comme un loisir est une dérive... »

Ce jeudi 22 janvier, la CGT du Doubs a rendez-vous avec la députée Barbara Romagnan pour parler du projet de loi.

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