Still the water

Nous sommes sur l’île d’Amani au Sud du Japon. Les habitants vivent dans la proximité de la nature et pensent qu’un dieu habite dans chaque pierre, chaque arbre et chaque animal.

Still the water

Nous sommes sur l’île d’Amani au Sud du Japon. Les habitants vivent dans la proximité de la nature et pensent qu’un dieu habite dans chaque pierre, chaque arbre et chaque animal. Un jour, sur la plage Kaito découvre le cadavre d’un homme dont le dos est tatoué d’un dragon bleu. Il vit seul avec sa mère et découvre la vérité sur cet homme. Kaito et Kyoko sont deux adolescents inséparables. Lui cherche à renouer avec son père parti à Tokyo et elle se prépare à la disparition de sa mère, une chamane atteinte d’une maladie incurable.

Dès les premières images, on comprend, entre le grondement des vagues et le sacrifice d’une chèvre, qu’il sera question de la force de la nature et de la mort. Kaito veut aller voir son père à Tokyo ; il cherche à comprendre pourquoi celui-ci a quitté sa mère. L’homme lui répond qu’il l’aimait profondément mais qu’il avait besoin de vivre dans une ville tentaculaire. Quelques plans plus tard, on voit le père et le fils dans le même bain réconciliateur comme le veut la tradition japonaise.

De son côté Kyoto s’inquiète de la fin de vie de sa mère. Une femme lui explique comment les morts continuent leur vie d’une autre façon, à la place que nous leur accordons. L’image se resserre ensuite sur une magnifique séquence où les proches et les musiciens accompagnent cette femme pour son dernier voyage. Parfois la caméra s’arrête et filme les branches noueuses d’un banian séculaire, image forte de la temporalité qui anime le film.

Still the water est un film monde où ce qui vit, respire, fait partie d’un tout indivisible : le bruissement des arbres, le mouvement des vagues, les mystères sous-marins, les violents typhons, la beauté des volubilis, les rituels des villageois, les néons de villes. La vie et la mort s’y déploient, non pas dans une dualité ou une opposition, mais dans un passage entre l’intime et le cosmos.

Dans ce chant profond, étrange comme une incantation chamanique, les hommes vivent des instants de stase à l’image de cette séquence, véritable tableau où Kyoto pose sa tête sur les genoux de sa mère, qui s’appuie elle-même sur le père.
Pour étrange que cela paraisse, le bonheur n’est pas loin même s’il ne dure pas ou que quelque chose le menace. Le calme reviendra dans ce lieu hybride, ce morceau de terre où la mer changeante croise une végétation ancestrale. Le calme, dans ce lieu où, comme partout ailleurs, tout n’est que passage et fuite du temps.

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