Un quart de la production automobile française est réalisé sur le site de PSA à Sochaux. Cette proportion traduit l'importance économique de l'usine au niveau national et, a fortiori, au niveau régional. Le site emploie 10.000 salariés, dont 7.600 en CDI, constitués en quatre équipes : deux équipes de jour, une équipe de nuit et une équipe de week-end. Les salariés produisent 2.100 véhicules par jour. Un niveau record : 500.000 véhicules sont sortis de l'usine en 2018 contre 350.000 en moyenne annuelle durant les dix années précédentes.
Une nouvelle presse grand gabarit
Les Crossover Peugeot 3008 et Peugeot 308 ainsi produits correspondent à l'ambition de PSA de positionner « une marque généraliste haut de gamme ». Le site réalise aussi des Opel Grandland X auxquels s'ajoutent des Peugeot 5008 qui sortaient auparavant du site de Rennes. Prochainement, seront lancées les versions essence hybride rechargeable des 3008 et Grandland X.
Correspondant à un investissement global de 200 millions d'euros, le projet « Sochaux 2022 » a pour objectif de faire de l'usine le premier site européen du groupe PSA. Le site actuel de 200 hectares sera compacté de 50 hectares pour diminuer les 24 kilomètres de convoyeurs et gagné ainsi en efficacité.
La « première brique » du calendrier de travaux est mise en place sous la forme d'une ligne de presse transfert grand gabarit, un équipement à 33 millions d'euros. Cette première brique pèse 2.000 tonnes, elle est conçue par le Chinois Jier et le Suisse Güdel et est logée dans un bâtiment de 6.000 m² sur 16 mètres de haut, construit par des entreprises de la région. Cette presse est capable de fabriquer six silhouettes différentes avec une capacité de production de 400.000 véhicules par an. Elle est pilotée par une équipe de 80 personnes.
Performance économique et performance sociale
Ce mercredi 26 juin 2019, une délégation régionale vient assister à la démonstration du fonctionnement de la presse à vide. En effet, PSA a sollicité la communauté d'agglomération, le conseil régional et la Banque des Territoires pour l'aider dans ce projet à hauteur de 25 millions d'euros.
La présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté explique son accord pour aider PSA par le souhait de maintenir de l'activité dans le nord Franche-Comté : « si les investissements qui sont projetés ne sont pas faits, le site de Sochaux n'est pas pérenne », « il faut donc assurer la performance avant de pouvoir songer à sauvegarder des emplois ». Autrement dit, si la Région n'accompagnait pas PSA, le risque existait d'une réduction de l'activité. Un tel positionnement a provoqué des remous à l'assemblée régionale jusque dans la majorité de Marie-Guite Dufay (lire notre article sur la session du conseil régional).
La Région apporte à PSA une aide à l'innovation de 7,1 millions d'euros pour ce projet Sochaux 2022. En contrepartie, Marie-Guite Dufay a obtenu de PSA son implication pour faire venir des fournisseurs et des sous-traitants qui s'installeront sur les 50 hectares dégagés. Cela figure dans le protocole d'accord signé par la présidente du conseil régional et le directeur de l'usine à la suite de la démonstration de la presse.
De plus, Marie-Guite Dufay demande à PSA de mettre en place « un mécanisme de sécurisation professionnelle » contribuant à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences : « on ne se sépare pas de salariés qui ont besoin d'augmenter en qualification ». Devant les ambitions de PSA, la présidente lance : « cette performance économique doit s'accompagner d'une performance sociale ». Pour cela, l'élue socialiste fait volontiers référence au plan privé-public « former plutôt que chômer » mis en place en 2008. Un dispositif qui a concerné 15.000 salariés dont les entreprises ne se sont pas séparées alors que les carnets de commandes étaient vides.
Le nord Franche-Comté en compétition avec le reste de la planète
Le président de PMA, Charles Demouge, souligne lui aussi la pertinence de Sochaux 2022 : c'est un « un projet ô combien important pour PSA » mais aussi « pour tout notre territoire ». En tout, 50.000 emplois dépendent de l'activité de PSA à Sochaux, soit 5,1 % de l'emploi direct dans la Bourgogne-Franche-Comté. Selon Charles Demouge, le nord Franche-Comté est particulièrement concerné par « les trois grandes accélérations du XXIème siècle : le changement climatique et la fin progressive du pétrole comme énergie de propulsion des véhicules, la mondialisation qui met notre territoire en compétition avec le reste de la planète et la numérisation généralisée qui met nos entreprises au défi de former ses salariés ».
L'aide de Pays Montbéliard Agglomération (PMA) et de la Banque des Territoires (une marque de la Caisse des Dépôts lancée en mai 2018) se concrétisera au travers de la société d'économie mixte Pays de Montbéliard Immobilier d'Entreprises (PMIE). Tout d'abord, la PMIE sera recapitalisée : PMA apporte 3,5 millions d'euros, la Région 2 millions d'euros supplémentaires et la Banque des Territoires 4,7 millions d'euros. Cela portera la Banque des Territoires à 25 % de la PMIE comme le confie Antoine Bréhard, directeur régional.
Par la mobilisation de ses nouveaux fonds propres et par des emprunts, la PMIE pourra alors acquérir la réserve foncière située à cheval sur les communes de Sochaux, Montbéliard et Exincourt. Charles Demouge rappelle le passé pour donner un exemple de l'avenir de ces terrains. En 2015, 26 hectares en zone nord avaient été cédés au concessionnaire SPL Territoire 25 pour aménager l'espace en parc d'activité industrielle. 30 millions d'euros avaient été investis pour accueillir des fournisseurs majeurs de PSA employant 600 salariés.
« Les organisations syndicales soutiennent le projet »
De son côté, le directeur du site, Stéphane Dubs, est fier de diriger « la seule usine européenne qui produit deux 'véhicule de l'année' ». « Sochaux est un site qui progresse » en termes de qualité et de production. En guise de clin d’œil aux élus attachés à l'emploi local, le directeur évoque les principaux concurrents de la 3008, fabriqués par Renault en Espagne ou par Volkswagen en République tchèque.
Les mutations du monde automobile que sont la motorisation électrique et le véhicule autonome incitent PSA à innover. Selon le Stéphane Dubs, « le président de PSA, Carlos Tavarès, considère la transformation de Sochaux comme une priorité pour le groupe » et « les organisations syndicales soutiennent le projet ».
