Se souvenir, se battre, résister et en parler…

Yves Boisset, Daniel Kupferstein, Jean-Pierre Duret, Marion Lary, Delphine Ziegler seront présents à la 17 ème Rencontre cinéma du CCPPO au Kursaal à Besançon les 3, 4 et 5 octobre.

Rencontres du CCPPO. Groupe Medvedkine. Henri Traforetti

Le Centre Culturel Populaire de Palente et des Orchamps (CCPPO), issu de Peuple et Culture, est né en 1959.

Au début des années soixante, cette association – qui s’appuie sur l’idée d’une culture populaire – développe (entre autres) le cinéma dans le quartier de Palente, à Besançon, avec notamment la projection de nombreux films à caractère social et politique.

En juin le CCPPO publie un manifeste virulent :

« Mort aux uniformes, aux couvre chefs, et à ceux qui veulent prendre le képi du voisin !
Mort aux jardiniers, aux orienteurs, aux adjudants du culturel…
A la trappe les sculpteurs de Staline géants
De l’air !
Tout art vrai est révolutionnaire
Toute vie est révolutionnaire
On n’oriente pas la culture, on la pervertit, on la défigure
Vivent ceux qui vivent sans bréviaire ! »

Les affrontements de la Rhodiaceta de 1967

En 1967, l’usine Rhodiaceta contrôlée par Rhône Poulenc Textile devient un lieu d’affrontements violents. René Berchoud, membre du CCPPO, fervent admirateur de Cuba si de Chris Marker, écrit au réalisateur et lui demande de venir filmer les grèves. Ce dernier reçoit la lettre et arrive à Besançon avec Antoine Bonfanti pour le son et Pierre Lhomme pour la photo.

La longue histoire du CCPPO  va connaître un grand engouement à l’époque des grèves de la Rhodia. Dans l’usine occupée, la culture s’installe et devient une revendication : « Sur les lieux de travail on joue Antigone, on parle de Roger Vaillant. Au restaurant, on dîne au son du célèbre adagio, de Brassens ou des Canuts. Le 18 mars, les grévistes assistent à une soirée consacrée à la grève, au Viêt-nam et à Paul Eluard. Le Kyrie de la messe en si de Bach accompagne les diapositives du Viêt-nam ». A la lecture de cet article paru dans L’Evénement en avril 67 on prend déjà toute la mesure de l’impact culturel du CCPPO.

Le site de la Rhodia est en ébullition. La sensibilisation à la culture va transformer les ouvriers. Avec la grève, ils découvrent le militantisme. Ce sont les mêmes qui, quelques mois plus tard, se mettront à filmer et donneront naissance au Groupe Medvedkine…

Du cinéma militant

Le CCPPO rejoint par les Amis de la Maison du Peuple organise depuis 17 ans des rencontres cinéma afin de « promouvoir un cinéma ouvert sur le monde, la vie, ses espoirs et ses difficultés, et l’histoire. »

Aussi la programmation de cette année revient sur certains événements dont l’histoire parle peu à l’instar du film  Les balles du 14 juillet  de Daniel Kupferstein : au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution française, le 14 juillet 1953, la police parisienne ouvre le feu sur un cortège de manifestants algériens. Sept personnes - six Algériens et un Français - sont tuées, une cinquantaine sont blessées.

Autre retour sur le passé, la guerre 14-18, Le Pantalon  du réalisateur Yves Boisset éclaire la mémoire de Lucien Bersot qui refusa de porter le pantalon d’un camarade mort et fut fusillé.

L’Autre 8 mai 1945 : la répression en Algérie

Retour sur l’origine de la guerre d’Algérie, L’Autre 8 mai 1945  revient sur les zones  de la répression conduite par l’armée française et qui fera des milliers de victimes. Derrière le mur (1967) de Jacqueline Meppiel et Mario Maret fait parler des Allemands de l’Est de façon incisive. Le Ciel et le terre de Joris Ivens évoque la guerre du Vietnam. Faire quelque chose parle de la résistance avec des témoignages de Raymond Aubrac, Stephane Hessel…

En dehors de ces évocations d’événements historiques, le CCPPO et Les amis de la Maison du peuple font la part belle aux questionnements d’aujourd’hui : l’intégration dans un quartier, (Comme un poisson dans l’eau de Marion Lary),  le quotidien des pauvres et leur survie à Givors  (Se battre de Jean-Pierre Ducret et Andrea Santana), le printemps arabe avec le très beau C’est eux les chiens et le travail de Delphine Ziegler dans Fer a passé un documentaire original réalisé dans une usine textile des Vosges.

Entre la nécessité d’éclairer l’Histoire et les problèmes contemporains de société, les œuvres présentées dans le cadre de cette manifestation devraient susciter des débats passionnés.

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