Retraités et Ehpad : deux manifs et deux interpellations à Besançon

600 à 700 retraités le matin et 300 personnes l'après-midi ont protesté contre la politique fiscale et sociale du gouvernement. Plusieurs dizaines d'étudiants en lettres se sont joints au défilé des Ehpad et deux d'entre eux ont été emmenés au commissariat, provoquant la colère de leurs camarades.

defile-retraites

En réunissant environ 600 personnes (700 selon la CGT), la manifestation bisontine d'une large intersyndicale des retraités, moins la CFDT en désaccord sur la critique de la CSG, est un vrai succès, qui plus est obtenu sous une pluie constante et pénétrante. « Jusqu'il y a deux ans, les retraités ne réunissaient que 80 personnes, ils étaient 200 l'an dernier, et là beaucoup plus. On a même un défilé à Pontarlier et un rassemblement à Ornans, c'est du jamais vu », souligne un observateur attentif des mouvements sociaux.

La qualification de « génération dorée » par le député Eric Alauzet est dans toutes les conversations. Beaucoup disent leur  colère, y compris certains militants ayant jadis collé des affiches pour ses campagnes électorales. Des communistes se sont ironiquement revêtus de couvertures de survie dorées mentionnant les « vrais » privilégiés. De nombreux calicots déclinent avec humour diverses manières de protester contre ce que leurs auteurs considèrent comme des mauvaises manières. 

Parti de la place Pasteur vers 10 h 30, le défilé comporte peu de drapeaux syndicaux, mais les militants CGT, FO, Solidaires, FSU et UNSA sont bien là. Il y a là des élus municipaux communistes, le maire de Lombard Philippe Edme, Marie-Noëlle Schoeller, première adjointe société civile du mandat précédent de Jean-Louis Fousseret et ancienne candidate aux sénatoriales sur la liste PS...

La manifestation remonte la Grande rue, fait une halte devant le conseil régional avant de repartir vers la préfecture et de retourner à son point de départ pour l'apéro. Là, la sono donne rendez-vous pour la seconde manifestation du jour, en début d'après-midi devant l'Ehpad de Bellevaux. Seuls les militants les plus impliqués y sont allés, rejoignant les personnels des maisons de retraites pour la seconde journée nationale d'action, portée par une intersyndicale où la CFDT était bien représentée. Elle est même moteur dans le Doubs, étant la première organisation du secteur.

Il y a un peu moins de monde dans la rue que lors de l'inédit mouvement du 30 janvier, un peu plus de 200 personnes, rejointes par un petite centaine d'étudiants de la fac de lettres au nom de la « convergence des luttes ». Le mouvement est également suivi sur place, dans plusieurs établissements. Les 50 millions annoncés il y a six semaines par la ministre n'ont pas convaincu. Pire, sa sortie sur la soit-disant mauvaise organisation des Ehpad a mal été ressentie par les salariées : « ce n'est pas ententable, ça signifie que c'est de leur faute », explique Christelle Tisserand, secrétaire générale de la CFDT Santé-Sociaux du Doubs. 

Elle craint que cela donne un très mauvais signal pour intégrer les métiers du soin : « en Bretagne, on ferme des écoles d'aides-soignantes faute de candidats ! Qu'on nous dise que la santé coûte trop cher et qu'il faut arrêter de soigner les gens après 80 ans ! Le gouvernement met en place un plan de lutte contre la maltraitance des personnes âgées et il baisse les dotations ! » Cherchez l'erreur...

Le défilé ira jusqu'au conseil départemental où une délégation sera reçue par le cabinet de la présidente, absente pour raison familiale, et des représentants des services.

Deux interpellations en marge de la manifestation...

Titre de l'encadré

Quai Veil-Picard
Quai Veil-Picard
Des étudiants protestent contre les interpellations


Deux interpellations se sont produites en marge du défilé alors qu'il longeait le parking Chamars. Elles ont donné lieu à un rassemblement d'une partie du cortège devant le commissariat de police tout proche, des slogans « libérez nos camarades » étant scandés. Un jeune homme a rapidement été remis en liberté après un contrôle d'identité, le second est resté plus longtemps, car détenant selon la police des substances illicites et une arme blanche.

Ces deux interpellations semblent avoir été préparées. Dès le départ du défilé, sa portion étudiante était encadrée par quatre policiers, en tenue d'intervention, deux de chaque côté. Ils observaient attentivement ce qui se passaient dans le cortège et communiquaient par radio. Nous avons demandé à un officier les raisons de cette présence si proche, il nous a été répondu que c'était pour prévenir des dégradations.

Les interpellations se sont produites alors qu'un groupe d'étudiants s'était éloigné du cortège, à proximité de l'Hôtel des impôts. Des étudiants y ayant assisté ont rapidement réclamé la « solidarité » du gros de la manifestation à qui les événements avaient échappé. En venant au contact du cordon de policiers qui barrait l'entrée du commissariat, pour demander les raisons des interpellations, une jeune fille a reçu un coup de bâton et un policier a fait usage de sa bombe lacrymogène, ce qui a fait reculer les étudiants de quelques mètres.

Un lieutenant de police a expliqué à des militants syndicaux, venus aux nouvelles en déplorant le geste de cet agent, que le commissariat détenait des « informations en amont » de la manifestation. Lesquelles ? Il n'en a pas dit davantage.

Cette anicroche laisse quand même perplexe et l'on peut se demander si les autorités ne cherchent pas à créer de la tension à l'occasion de mouvements sociaux.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !