Puisqu’on vous dit que c’est possible…

Le film Merci patron montre comment François Ruffin et ses acolytes de Fakir (magazine d’enquête sociale basé à Amiens) démontent l’image de Bernard Arnault, première fortune d’Europe. Ce n’est pas tout, l’action menée dans la foulée va permettre à un couple licencié de trouver une issue à un endettement monstre. 

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Serge et Jocelyne Klur ont été licenciés il y a une dizaine d’années par Bernard Arnault du groupe LVMH. Lors du rachat de leur usine, le PDG qui avait promis de maintenir les emplois, a démantelé Boussac Saint Frères au profit de l’extension de la très rentable marque Dior. Ce faisant, en 2015 Bernard Arnault a augmenté sa fortune de 10.000 euros par heure.

Au chômage, Serge et Jocelyne Klur vivent avec 800 euros de RSA par mois. Une fois les factures payées, il leur reste 4 euros par jour. « On ne mange pas. On ne chauffe pas. On met 5 euros d’essence dans la voiture pour aller chercher du travail », expliquent-ils à François Ruffin. En plus, suite à un accident de voiture impliquant leur fils contre un 4 x 4, ils ont 25.000 euros à payer dans l’urgence. Ils ont un avis d’expulsion et une menace de saisie de leurs biens. Lors d’une séquence filmée dans le jardin, Serge Klur explique comment il a réparé leur maison (au départ une ruine) et en quoi le jardin leur permet de survivre.

« Après, il ne me restera plus qu’à me pendre »

 La mise en demeure de payer désespère le couple. Qu’allez vous faire ?, demande alors François Ruffin. Serge répond qu’il brûlera sa maison comme il l’a vu faire dans La petite maison dans la prairie : « je ne leur laisserai rien », dit-il. Et après ? « Après, il ne me restera plus qu’à me pendre ».

Au début du film, François Ruffin le rigolard nous entraîne dans son sillage avec un humour à la Michaël Moore usant et abusant de clichés sur les patrons et les ouvriers, prêchant le faux pour entendre le vrai et talonnant de près (caméra à l’épaule) ceux qui ont vécu la fermeture de l’usine textile de Poix-du-Nord.

Après la rencontre avec le couple Klur, le décor est posé. Il faut faire vite pour régler le problème… Et le film, au départ présenté comme un documentaire, devient sous l’impulsion du franc-tireur François Ruffin, une aventure hors du commun. Puisque le patron a mis le couple dans la misère, il doit leur donner le montant de leur dette et un emploi dans une autre filiale.

Un montage percutant, un rythme accéléré

C’est alors que Ruffin, avec la complicité de ses amis, monte un stratagème quasi invraisemblable dont nous nous garderons de dévoiler les méandres afin de vous inciter à voir ce film.

Cinématographiquement, le film à très petit budget met en scène une histoire vraie grâce à des caméras cachées. Au besoin il utilise les procédés de cinéma en faisant répéter leur rôle aux protagonistes avant les négociations avec le sbire de Bernard Arnault. Un montage percutant, un rythme accéléré et un suspense permanent donnent au film l’aspect d’un polar politique avec des rebondissements, des imprévus. Un pari audacieux pour le journal Fakir qui se définit comme « une contre-information rigolote sur la forme mais sérieuse sur le fond, combative mais pas sectaire ».

Dans Merci Patron, on prend toute la mesure de ce qu’une poignée de gens peut faire et de comment cette action parmi d’autres menées par Fakir, - un journal et des hommes -, permet de rendre justice et ouvre des possibles.

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