Plus de 500 enseignants dans la rue contre la réforme des rythmes scolaires

La réforme de Vincent Peillon est en butte à l'hostilité de l'ensemble des organisations syndicales. Grève largement suivie à Paris mardi et défilés dans l'ensemble du pays aujourd'hui se veulent des mises en train. Six rassemblements ont eu lieu en Franche-Comté.

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Les syndicats des enseignants du primaire mobilisaient dans toute la France contre la réforme du Ministère : 83 rassemblements selon la FSU. En Franche-Comté, dans six localités, plus de 500 personnes ont manifesté devant inspections académiques et administration (lire la suite ici)

« Catastrophe annoncée dans les lycées, larges insuffisances dans les collèges et le premier degré. La rentrée de septembre 2013 annoncée comme celle de la refondation par le ministère de l'Education nationale est très mal engagée. » Adhérents et syndicats de la Fédération Syndicale Unitaire du Doubs  étaient en congrès à Montbéliard le 22 janvier. En plus du bilan d'activité des trois dernières années, l'organisation syndicale  principale dans l'Education Nationale, organisait des échanges préparatoires au congrès national en mars à Poitiers et abordait les questions d'actualité. 
Pour ce qui concerne les effectifs de la rentrée prochaine, les informations obtenues la veille au rectorat laissent augurer « une année certainement pire que la précédente. » 

La réunion du « groupe école », instance consultative, pour les ouvertures et fermetures de classes à la rentrée 2013 dans le Doubs s'est tenue le 24 janvier. La Directrice Acadèmique des Services de l'Education nationale a annoncé 29 ouvertures et 19 fermetures. Des décisions sont encore en suspens jusqu'à un Comité Technique Spécial Départemental le 7 février (voir le site du SNUipp et la liste des écoles concernées dans le Doubs).

Les effectifs annoncés ne répondent pas aux nécessités

Dans le premier degré (élèves des écoles maternelles, primaires et élèves handicapés), le rectorat a annoncé 260 élèves en plus dans toute l'académie. C'est en fait 729 de plus dans le Doubs puisque les autres départements voient leurs effectifs diminuer. En regard des 10 postes créés dans l'ensemble de la région, « c'est largement insuffisant » selon Nadia Barznica du syndicat des professeurs des écoles (SNUipp). « Le Ministère communique sur ces 10 postes. En fait c'est la même base qu'à l'époque de Sarkozy. Dans le Doubs il y aura 35 nouveaux postes pour 729 nouveaux élèves, 35 nouveaux parce que 15 sont supprimés dans le Jura, 13 en Haute-Saône (il y en a 3 nouveaux dans le Territoire de Belfort). Sur ces 35 postes dans le Doubs, en fait, 20 seront réservés pour les futurs enseignants qui passent le concours et entrent dans le métier. Le taux d'encadrement dans les classes restera donc le même. De plus aucun poste n'est créé dans les RASED (Réseau d'Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté). Rien non plus pour les postes de remplaçants.»

Denis Baron du syndicat national des enseignements de second degré (SNES) était tout aussi consterné par les informations obtenues au rectorat lors du comité technique de la veille. Il remarquait toutefois le retour à une pratique « normale » de communication des chiffres, ce qui n'était plus le cas depuis deux ans. Les effectifs d'élèves dans les collèges seront en hausse, « entre 200 et 300 sur l'académie alors que le recteur annonce environ 20 postes créés. Etant donné les conditions de travail qui y règnent déjà ce sera encore très difficile. Dans les lycées il faudrait s'attendre à la suppression de l'équivalent de 53 postes en dotation horaire. Si les effectifs de lycéens sont globalement stables, il y a des hausses localement et cela n'est pas pris en compte. Le lycée Jean-Michel à Lons perdrait l'équivalent de 9 postes, le lycée Victor Hugo à Besançon, 6. La réussite scolaire est compromise. Dans les lycées professionels, 20 postes disparaîtraient. Le recteur souligne les efforts faits pour la formation, mais les conditions d'apprentissage des élèves et de travail des enseignants sur le terrain ne sont pas améliorées. L'éducation était pourtant considérée comme domaine prioritaire avec la justice et la sécurité. Le changement promis n'est pas là. »

Les raisons de se mobiliser ne manquent pas

Les congressistes étaient donc inquiets des conditions de la prochaine rentrée. Ils faisaient état également des difficultés plus générales dans la Fonction publique où « l'on déshabille Paul pour habiller Jacques tout en communiquant sur des priorités qui n'en sont pas ». La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) critiquée dans l'opposition par les socialistes a été remplacée par une Modernisation de l'Action Publique qui n'est pas considérée beaucoup plus favorablement. « Une précarité s'installe dans la fonction publique. Un plan de titularisation doit être mis en place. » Le gel des salaires est dénoncé, de même que la journée de carence imposée aux fonctionnaires par le gouvernement précédent et qui n'a pas été supprimée. « La souffrance au travail est un phénomène que l'on rencontre de plus en plus dans notre profession, on fait face à des suicides de collègues comme il n'y en avait pas auparavant » s'alarme Nadia Barznica. Le 31 janvier, une journée nationale de mobilisation et de grève à l'appel de la FSU, la CGT et Solidaires, alertera sur cette situation dans toute la Fonction publique.
La réforme des rythmes scolaires est également contestée (lire encadré). Les enseignants déplorent ne pas avoir été consultés. « C'est un objectif que l'on pouvait partager, mais la réforme est à minima. Les rythmes sont revus à l'échelle de la semaine avec une demi journée de plus. Il aurait fallu considérer l'échelle de l'année. le temps péri-éducatif ajouté ne réduit pas la journée au final » conteste Nadia Barznica. Quant à la loi de programmation sur l'école prévue pour juin, elle ne manque pas non plus d'inquièter. C'est principalement la compétence orientation vouée aux régions qui fait dire aux syndicalistes de la FSU que « le ministère se défausse et que la fonction publique au niveau national est menacée. » D'ici juin, la principale organisation syndicale dans l'éducation et deuxième dans la fonction publique d'Etat entend peser.

 

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