« Pas de déconfinement hâtif pour relancer l’économie ! »

Colonel de sapeur-pompier à la retraite, Daniel Conversy estime que « les déclarations du Premier ministre le 1er avril sur un éventuel déconfinement [lui] font craindre que la relance économique prime sur la protection sanitaire de la population ».

Les interventions des experts (Médecins, épidémiologistes, réanimateurs), les publications qui portent sur le virus SARS-CoV-2 et les actions de lutte contre la pandémie Covid-19, permettent de disposer désormais d’assez d’informations pour cerner les enjeux futurs quant à la résolution de la crise. Je ne suis pas expert dans le domaine sanitaire mais tout à fait capable de faire la synthèse de toutes ces informations.

Il est ainsi possible de dresser le constat et les suggestions suivants :

Ce que l’on sait actuellement
- Le virus SARS-CoV-2 est un coronavirus nouveau très contagieux qui ne disparaîtra pas après l’épidémie.
-Il se transmet entre les humains essentiellement par la salive, les gouttelettes (toux, éternuements), et par un face à face prolongé (au moins 15 minutes) avec une personne située à moins d’un mètre et également par contacts rapprochés avec des malades (poignées de mains…) ainsi qu’avec des surfaces infectées. Chaque patient infecte entre 2 et 3 personnes.
-Pour s’en protéger, il est indispensable de respecter des mesures dites barrières

- Il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un virus saisonnier qui pourrait disparaître en été et réapparaitre en hiver. Les experts précisent même « On en apprend tous les jours sur ce nouveau virus et il convient de rester prudent ».

- Tant qu’environ 60 % de la population ne sera pas immunisée c’est à dire qu’elle aura rencontré le virus ou un vaccin et développé des anticorps nous ne serons pas à l’abri d’une nouvelle épidémie de Covid-19. Les épidémiologistes estime que si 60 % de la population était infectée par le SARS-CoV-2, l’épidémie s’arrêterait par impossibilité de circulation du virus dans la collectivité. Actuellement en France ce niveau est estimé à 5 %. !
- Aucun vaccin n’existe actuellement et on ne peut envisager une mise sur le marché d’un vaccin avant au minimum 12 mois dans des conditions exceptionnelles car en situation normale, il faut souvent plusieurs années pour disposer d’un vaccin.
- Les centres hospitaliers dans les zones de développement massif de l’épidémie ont particulièrement souffert d’un manque cruel de personnels, d’équipements de protection individuels, de lits et d’appareils de réanimation. Ils ont du et doivent faire preuve par un fort engagement d’un dévouement exemplaire pour absorber sans fléchir le flux permanent de patients.

Ce que l’on risque en cas de déconfinement  dans la situation actuelle

- Un déconfinement en dessous du « seuil d’immunité grégaire » de 60 % et sans vaccination possible et traitement adapté serait irresponsable. Il s’agirait d’une décision cynique qui consisterait à laisser le virus se répandre lentement et à considérer que plus il y aura d’individus infectés, mieux cela permettra à la population de s’immuniser. L’épidémie irait ainsi à sa fin naturelle, manquant d’individus immunologiquement naïfs. C’est le principe de l’immunité de groupe. Pour la France ce seuil serait de 3,9 millions de personnes.
- Relâcher la pression dès que la courbe des cas recensés commencerait à s’infléchir, ce serait prendre le risque d’un rebond épidémique, d’une 2eme vague très brutale, d’une durée relativement limitée certes, mais au prix d’un coût ahurissant en formes graves et un plus grand nombre de morts
- En attendant un vaccin, « l’immunité collective » s’opérerait par la rencontre de la population non immunisée et du virus avec toutes les conséquences graves en particulier nécessitant une thérapie adaptée et une réanimation lourde.

Ce qu’il faudrait faire impérativement avant toute décision de déconfinement par déduction de ce qui précède

- Favoriser, soutenir et coordonner les recherches pour trouver un vaccin efficace. Ces maladies, comme Covid-19, font partie des maladies émergentes de demain et son éradication ne sera pas possible autrement.
- Satisfaire les besoins humains et matériels exprimés par les soignants et les services publics impliqués dans la lutte contre l’épidémie.
- Dépister toute la population pour connaitre le niveau « d’immunité grégaire » de la population pour protéger les personnes sans défense immunitaire
-Adopter les traitements (antiviraux, antibiotiques…repositionnés) les plus efficaces dès la période d’essais randomisés  pour permettre la diminution du degré de gravité de certaines formes de la maladie et bloquer la transmissibilité d’individu à individu si un usage large en était possible.
- Rendre obligatoire le port d’un masque pour toute la population sans exception hors du domicile et le lavage régulier des mains. Un déconfinement partiel ou individualisé ne permettrait pas un contrôle correcte des porteurs ou non, du virus ou d’anticorps.
- Imposer le confinement et la mise en quarantaine à domicile des personnes porteuses du virus.

Mais s’il y a un temps scientifique de développement de la lutte contre cette maladie, dans cette phase de vide, c’est à nous de prendre notre destin entre nos mains. Nous devons comprendre qu’il faut changer nos comportements habituels et avoir constamment en mémoire la dangerosité de cette maladie. Et s’il faut accepter les mesures d’isolement, de protection et d’hygiène individuelle et collective, nous devons toutefois rester vigilants et ne pas accepter un déconfinement hatif sans mesures d’accompagnement ni d’autres mesures, tel que le Backtracking «  traçage électronique de nos déplacements », qui risqueraient de restreindre nos libertés.

Daniel Conversy

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