« On n’a pas la récompense que nous avait promise Macron »

Au lendemain de la signature du Ségur de la santé, les soignants restent mobilisés et se sont rassemblés à Besançon. Certains ne se satisfont pas de la hausse de 180 euros alors qu’ils en réclamaient 300, ce qui aurait placé la rémunération au niveau de la moyenne des pays de l’OCDE. Des représentants de l’hôpital de Dole ont dénoncé des conditions dégradées et un fort taux de personnel contaminés par le Covid-19, le représentant du Comité de défense des services publics de Lure réclame l’unité et le nouveau Comité de défense de la santé publique du Doubs exige une politique régionale à la hauteur des besoins.

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La signature du Ségur de la santé et ses 8,1 milliards d’euros accordés aux personnels hospitaliers laissent un gout amer à ceux qui n’ont pas oublié leurs revendications initiales. « Cela mène à une augmentation de 180 euros pour le personnel soignant, alors que les revendications étaient à 300 euros, ce qui correspondrait juste au salaire infirmier moyen des pays de l’OCDE. Avec cette augmentation, on reste parmi les plus mauvais », lance un médecin à la retraite lors de ce rassemblement place de la Révolution à Besançon. Il regrette par ailleurs que rien n’ait changé concernant les progressions de carrières, sur la gouvernance des hôpitaux et sur les fermetures des lits. « D’ailleurs, le directeur général de l’ARS de Nancy a été viré après avoir affirmé en pleine crise du coronavirus que le plan de suppression de lits était maintenu, mais les suppressions sont maintenues… »

L’un des initiateurs du Comité de défense de la santé publique du Doubs, à l’initiative de ce rassemblement, tout comme la CGT, Sud, le Collectif inter-urgences et le printemps de la psychiatrie, rappelle qu’à l’heure actuelle au CHRU de Besançon, « 1500 personnes n’ont pas pu recevoir les soins nécessaires » et exige « un plan régional de la santé qui réponde au besoin de la population ». Cette manifestation s’est déroulée au moment où un hommage national aux soignants était rendu à Paris en lieu et place du traditionnel défilé militaire du 14 juillet sur les Champs Élysées. Après la récente polémique autour de la médaille que voulait leur décerner Emmanuel Macron en guise de reconnaissance, eux ont remis au gouvernement et au président « la médaille du déshonneur en tant que fossoyeur de l’hôpital public et des services publics ».

80 soignants sur 700 touchés à Dole

Michel, brancardier à l’hôpital de Dole encarté à la CGT dénonce une situation dégradée depuis longtemps. « Ils nous ont supprimé 90 lits et 110 postes depuis 4 ans. Nous avons eu à un moment 70 patients Covid par jour et nous avons aussi du personnel qui a dû travailler avec des sacs poubelles. Nous n’avons pas été mis en sécurité. À l’heure actuelle, nous avons 80 soignants touchés sur 700. À Besançon c’est 260 sur 700, vous voyez qu’on a pris cher à Dole où nous avons encore deux personnels qui se trouve alités. » Il dénonce aussi la stratégie comptable d’Emmanuel Macron. « Nous avons eu 180 euros, on avait demandé 300. On n’a pas la récompense que nous avait promise Macron, il avait dit qu’il ne regarderait pas à la dépense, et en fin de compte, il regarde. Nous aurons 90 euros en septembre, 90 euros en mars 2021. Pendant ce temps, il fait des économies et se rembourse les primes de 1500 euros ».

Son camarade du comité de défense de l’hôpital de Dole porte une pancarte demandant le maintien de la chirurgie conventionnelle. « On nous démantèle l’hôpital depuis des années et il nous manque un peu tout aujourd’hui, des services ont été dégradés. Et on risque d’être dégradé dans un hôpital de proximité, selon la loi santé 2022 de Mme Buzin, où il n’y a plus de plateau technique. On demande à ce que l’on ne transfère pas tout à Besançon ou à Dijon et que l’on maintienne notre hôpital fonctionnel, avec de la chirurgie fonctionnelle, et pas seulement ambulatoire. »

Antoine, de la coordination nationale de la santé depuis douze ans et président du Comité de Lure, regrette le peu de monde et les 3000 personnes de la manifestation du 16 juin. « Il faut que l’on continue à rassembler pour la rentrée. On a à faire l’unité au niveau syndical et associatif et avec les usagers des services publics. » Laurence, assistante sociale au CHU de Besançon et délégué à Sud Santé regrette la validation du Ségur par d’autres organisations syndicales et revient sur l’unité. « Il faut se rappeler qu’il y a trois syndicats [NDLR : FO, CFDT et Unsa] qui ont signé le Ségur de la santé et qui ont enterré toutes les propositions et les revendications que l’on avait depuis plus de 18 mois. Les 300 euros d’augmentations, ce n’est pas un caprice, ça correspond juste aux 15 ans de gel du point d’indice qui ont vécu tous les fonctionnaires. Les 300 euros, c’est ce que l’État nous doit, à nous et à tous les fonctionnaires. »

Fred Vuillaume, figure des Gilets jaunes, bien représentés ce matin, a aussi pris le micro en se demandant où était passé l’esprit révolutionnaire des Français et ceux qui applaudissaient tous les soirs à leurs fenêtres en guise de soutien aux personnels soignants. À l’issue de ces prises de paroles, certains ont poursuivi par une manifestation dans les rues de la ville, jusqu’à aller remettre la « médaille du mépris » devant la porte de la préfecture.

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