Montain : la solidarité après le passage de Ciara

Une grande serre de 250 mètres carrés s'est envolée, en heurtant deux petites, avant de s'écraser 50 mètres plus loin... Les plants de légumes sont potentiellement menacés par le gel et le revenu des deux maraîchers est compromis par la nécessité du remplacement de leur outil de travail... Un chantier participatif a réuni plusieurs dizaines de personnes pour parer au plus pressé et une cagnotte a déjà permis de collecter plusieurs milliers d'euros.

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Armelle Bidault et Arnaud Périnet, maraîchers en agriculture biologique à Montain, près de Lons-le-Saunier, s'étaient préparés à la venue de la tempête Ciara. Ils avaient ouvert les portes de leurs serres, remonté de larges pans de bâches, afin de réduire la portance aux vents annoncés violents. Dès la construction de la grande serre de 250 mètres carrés, il y a un an, ils l'avaient solidement amarrée : parties inférieures des bâches enterrées sur 60 centimètres, pose de 32 vis à amarres, deux pour chacun des 32 arceaux : le poids de la terre sur la coupelle située à la base de la grande tige devait assurer le maintien.

Mais les vents de Ciara ont été plus forts. Dans la nuit de dimanche 9 à lundi 10 février, s'engouffrant sous la serre, ils ont tant soufflé que la construction a lâché : des arceaux ont pliés, la bâche a été déchirrée par endroits. L'ensemble s'est envolé, a percuté la serre voisine, plus petite, pliant sa structure et déchirant sa bâche, la détruisant, puis s'est écrasé 50 mètres plus loin, en contrebas... Le plastique d'une troisième serre, nettement plus petite, a lui aussi été déchiré...

Sous les serres, les légumes de printemps poussaient tranquillement, à l'abri des gelées qui vont encore venir. « On avait des épinards, de l'ail, des choux-fleurs qui se sont envolés, pour les carottes, c'est sans doute mort », constate Arnaud. Avant de réagir, il a fallu encaisser le choc. Puis faire face en appelant les voisins et les confrères pour un chantier participatif de démontage-tri-récupération qui s'est tenu samedi 15 février. La solidarité était évidente : une cinquantaine de personnes ont proposé leur aide, une trentaine étaient là avec des outils divers et variés : cutters, scies, visseuses, clés de toutes tailles...

En quelques heures, le plus gros était fait : les structures démontées, certains éléments cisaillées, les écrous dévissés, les bâches découpées... Il a fallu démêler les ficelles descendant du plafond pour tenir droit les plants, transporter le tout près de la route pour évacuation. A la pioche, il a aussi fallu déterrer le restant de bâche demeurée sur place. Le système d'irrigation a aussi été atteint, mais dans une moindre mesure et le goutte à goutte a tenu.

Armelle Bidault et Arnaud Périnet évaluent le coût du remplacement de leur outil de travail à environ 10.000 euros. On est songeur quand on réalise que c'est en gros leur revenu net... Nombre de leurs soutiens leur ont suggéré de mettre en place une cagnotte. Ils ont hésité, craignant d'être dans la plainte, mais pas longtemps. En 24 heures, plus de 80 donnateurs ont déjà apporté plus de 5000 euros.

Maintenant que le traitement du plus gros des dégâts a été effectué, il reste à remplacer les serres détruites. D'abord pour protéger les plants de gelées à venir, dont, obligatoirement avant deux mois, les centaines de pieds de tomates qui auront impérativement besoin de protection. Cependant, Armelle et Arnaud savent qu'ils devront bien choisir, surtout que le changement climatique peut apporter de plus en plus régulièrement des épisodes similaires. Faut-il une serre aussi grande que celle de 250 m2 ou en prévoir plusieurs plus petites ? Faut-il en prendre avec un système de déroulage complet des bâches qui aurait l'avantage de réduire quasi totalement la prise au vent, de permettre de mieux profiter de la pluie, de moins souffrir de la chaleur, mais peut-être avec l'inconvénient d'être moins solide ? Un tel investissement serait sans doute plus cher...

 

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