Mathieu Bulle « l’Apprenti » s’en est allé

Mathieu Bulle, « L’Apprenti » du film de Samuel Collardey est décédé le 11 janvier. Le film avait obtenu le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film et le Prix de la Semaine internationale de la Critique à Venise en 2008.

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Mathieu était le personnage central de « L’Apprenti », un jeune garçon de 15 ans à la recherche de son identité. Dans ce film, la caméra de Samuel Collardey et son humanisme, ont su par la magie du cinéma, le révéler à lui-même. Ce jeune homme tiraillé par la séparation de ses parents trouvait chez son maître de stage, un paysan du Haut-Doubs, des repères pour se construire.

Le cinéma selon Collardey dans ce film et les suivants, révèle une situation complexe. Grâce à l’approche sensible des personnages, le cinéaste capte les changements jusqu’à la résolution de leurs conflits. Mathieu l’adolescent se transformait au fil des images. Pas comme un acteur sait le faire.  Juste comme un être bien réel et spontané.

À la suite du film, Mathieu Bulle, jeune adulte amoureux de la nature s’est associé en Gaec pendant dix ans en Haute-Saône. Mais le Haut-Doubs lui manque ; il revient à Mont de Laval en 2019 et travaille au groupement des Sept Sapins. Il avait pour projet de s’installer dans une maison à Belleherbe dans le Haut-Doubs.

Il restera à l’image, le portrait de ce jeune adolescent vu par des milliers de lycéens en Franche-Comté dans le cadre de l’opération « Lycéens au cinéma » et par la suite par les collégiens.

À chaque projection, en présence de Samuel Collardey, des jeunes gens se sont identifiés à lui, que ce soit au dans les quartiers à l’instar des Rêpes à Vesoul ou dans les lycées agricoles et les CFA ; chacun s’est posé la question de sa propre identité et de son devenir d’homme.

Mathieu Bulle est passé dans le cinéma, comme une comète, chevauchant sa mobylette à toute blinde dans les champs du Haut-Doubs ou reprenant à tue-tête des extraits de la chanson « Je te promets » de Johnny Hallyday : « J’y crois comme à la terre, j’y crois comme au soleil, j’y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel… »

Il était l’incarnation de la jeunesse, rurale ou pas. Ses yeux d’un bleu pur animaient l’écran de ce tremblement de la fin de l’adolescence. Depuis, il fait partie de ses acteurs non professionnels qu’on ne peut pas oublier. Il est passé dans nos vies à toute vitesse. Son décès nous attriste, résonne dans le haut Doubs et bien au-delà, pas comme le souvenir d’une icône, mais d’un être de chair de révolte et de tendresse.

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