Les élèves du bac professionnel technicien de maintenance des systèmes énergétiques et climatiques (TMSEC) du lycée Pierre-Adrien-Pâris sont en colère. Jeudi, puis hier, ils ont observé une grève des cours d'atelier pour manifester leur mécontentement de ne toujours pas disposer de cours pratiques de maintenance, faute d'équipement spécifique.
Aussi curieux que cela puisse paraître, 22 élèves de terminale, 19 de première et 17 de seconde n'ont pas d'enseignement pratique sur le coeur de leur formation : l'entretien, le nettoyage et le dépannage des chaudières et autres systèmes de chauffage. Un tel enseignement consisterait notamment à chercher les pannes créées par le professeur, et les réparer. Certes, ils ont un enseignement théorique et des stages en entreprise, mais cela ne suffit pas.
Pour la région, les travaux sont déjà livrés !
Pour Sylvie Laroche, vice-présidente du Conseil régional, « le besoin d'investissement a été exprimé par l'établissement en décembre 2010 et notre réactivité a été forte : montage et lancement du dossier le 22 février 2011, validation des appels d'offres le 3 mai... On a fait le point avec le lycée le 19 octobre sans qu'il signale de retard et, pour moi, les travaux ont été livrés le 22 décembre. La commission permanente a voté en novembre une dernière subvention d'équipement pour un raccordement ».
Mme Laroche confirme que, vu le « contexte », la région a d'abord fait étudier une mutualisation des moyens avec le CFA Vauban. Jean-Jacques Senez, délégué académique à la formation professionnelle et conseiller du recteur, explique que cette « démarche a pris plusieurs mois » et que « les acteurs de terrain ont trouvé de bonnes raisons pour ne pas se mettre d'accord », notamment sur des « problématiques de sécurité ou d'utilisation des équipements ».
Le rectorat et la région, ayant été sollicités par les organisations professionnelles pour la création du bac pro TMSEC, n'ont-ils pas pu anticiper davantage pour que l'ouverture coïncide avec la mise en service de l'atelier ? « Cet exemple est le pire qu'on puisse imaginer », convient M. Senez. « Je ne peux pas répondre sur cet écart », avoue Mme Laroche.
Coefficient 8 au bac
À quelques mois du bac qui doit leur ouvrir la porte d'un emploi, leur patience est à bout. « On nous a promis que ça ouvrirait à la rentrée de septembre, puis en janvier, mais un ouvrier nous a dit qu'il restait près de deux mois de chantier, on devra alors partir en stage », explique Yohann. Puis passer le bac dont l'épreuve pratique est un CCF (contrôle en cours de formation) « avec un coefficient 8 », précise Julien. En terminale, il fait partie de la première promotion de cette section maintenance qui a ouvert à la rentrée 2009, en remplacement d'une section installation.
« Quand on va en stage, sur un chantier, on nous demande ce qu'on sait faire et beaucoup d'entreprises s'interrogent quand on leur dit pourquoi on ne sait pas. À force, elles voient bien qu'on manque de pratique », ajoute John. « Plusieurs patrons nous disent que ce n'est pas à eux de tout nous apprendre, ça ne nous aide pas quand on cherche un stage ».
Pendant que les lycéens expliquent leur situation, le proviseur, Daniel Lafontaine, et le chef des travaux, Gérard Berlin, s'approchent. « Quand on a décidé d'implanter ce nouveau bac pro, il a fallu reprendre toutes les installations sur 1 500 m2 d'ateliers, il y en a pour 2 millions d'euros », explique M. Lafontaine. « Le gros oeuvre est fait, on attend les installations pédagogiques et le pôle 'chaud' ». À l'en croire, ce sera prêt dans une quinzaine de jours.
« Si ça n'avance pas, on bloquera »
Pourquoi aura-t-il fallu attendre deux ans et demi ? Les fonds ont-ils été « bloqués par la région ? » comme le disent les lycéens ? « On est dans les délais habituels », répond M. Berlin. Vraiment ? « Une étape nous a fait perdre du temps : la recherche de mutualisation d'atelier avec le CFA Vauban voisin qu'avait demandée la région. On pensait pouvoir utiliser leurs installations, mais on n'a pas pu articuler les plannings. On a perdu au moins six mois... »
Les élèves écoutent avec attention. « Tout le monde aimerait que ça avance », réagit Alexandre, « les délais des travaux, on sait ce que c'est. Mais on craint de ne pas être à la hauteur lors de l'épreuve pratique... Et en période d'essai, un patron n'est pas forcément aussi tolérant qu'un enseignant ».
« Ils nous baladent, la date est toujours reculée, si ça n'avance pas, on bloquera », dit John. Pour éviter le dérapage total, on a décidé d'avancer les stages en entreprise de mars à fin janvier ou début février, et placer après les cours pratiques prévus avant...