Les avions de chasse volent trop bas…

La zone EUC25 dans laquelle évoluait le F18 suisse accidenté mercredi, autorise une altitude plus basse en France qu'en Suisse...

euc25

La zone d'entraînement EUC25 dans laquelle évoluait le chasseur F18 suisse de la base aérienne de Payerne est plus vaste que les zones d'entraînement R158a et b et R45 que nous avons mentionnées dans notre précédent article consacré à l'accident de Glamondans. Cette zone transfrontalière d'entraînement militaire aérien franco-suisse, entérinée par un décret du 18 août 2015 signé du président de la République, du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, fait suite à un accord signé entre les deux pays à Payerne le 25 février de cette année, et venant après la création d'une zone de « ségrégation temporaire transfrontalière » dite LF-CBA25 créée par un arrêté du ministre de la Défense du 4 mai 2000. Il s'agit notamment de « permettre aux aéronefs militaires français et suisses de disposer d'un espace aéien agrandi pour s'entraîner à l'écart du trafic civil ».

A bien regarder le décret, cette zone qui ressemble un peu à une bombe, est divisée en plusieurs tranches, et comporte des niveaux minimum et maximum de vol, mentionnés LF (pour level fly, en anglais) et appréciés en pieds (30,48 cm). Le plan et le profil de la zone EUC25 sont annexées au décret, mais sa représentation graphique est curieusement présentée seulement « à titre d'illustration » et « n'engegeant pas les parties ». Néanmoins, on constate clairement que les avions, qu'ils soient suisses ou français, ont l'autorisation de voler beaucoup plus bas en France qu'en Suisse. C'est confirmé par un professionnel de l'aviation que nous avons sollicité.

Interrogée sur le cadre conventionnel, et plus particulièrement sur les basses altitudes de vol fréquemment constatées, la préfecture du Doubs ne nous a pas encore répondu. Les militaires suisses n'ont pas fait de commentaire sur l'altitude de vol, mais nous ont indiqué prendre des mesures générales pour limiter le bruit, par exemple s'entraîner dans des zones peu densément peuplées comme la Norvège. Ils reconnaissent cependant avoir reçu une réclamation de la France en raison du bruit. Le journal suisse 24 Heures ne prend pas ses précautions en soulignant que les avions volent « souvent bas, trop bas ».

Le maire de Glamondans, Claude Dallavalle, absent de sa commune à l'heure de l'accident, rapporte que les habitants s'accommodent souvent du vacarme des avions qui ne dure en général pas très longtemps, mais qu'une fois, ils avaient été particulièrement « gênés » d'une manoeuvre nocturne s'étant terminée vers 22 heures. L'avion est tombé à quelques kilomètres du dépôt d'hydrocarbures de Gennes, propriété de la société suisse Pétroplus, classé Seveso 3 avec ses 107.000 m3 de pétrole brut stocké. Il est surtout passé tout près d'une ligne à haute tension et a chuté à 150 m de la dernière maison du village.

De quoi rappeler des souvenirs aux plus anciens : le 5 juin 1940, un avion français s'écrasait sur le territoire de la commune avec quatre aviateurs... (voir ici

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