L’élection de Madame Montel : la revanche de Gaucher

L'ancien député du Doubs (PS) et agrégé d'histoire Joseph Pinard rappelle la filiation politique de la conseillère régionale Sophie Montel, nouvelle députée européenne FN : l'extrême-droite et l'anti-sémitisme !

Madame Montel, élue députée européenne, a commencé sa carrière politique en étant conseillère municipale de Besançon de 1995 à 2001. C'est, lors de la séance du 23 septembre 1996 de cette assemblée, qu'elle a évoqué « l'évidente inégalité des races » avant d'affirmer : « nous sommes nationalistes Français, sans complexes ni état d'âme ».

Ne pas confondre avec Edith Montelle
La conteuse Edith Montelle n'a « aucun lien, familial ou autre » avec Sophie Montel. « Plusieurs personnes m'ont prise pour elle alors que je suis à l'opposé sur l'échiquier politique », nous a-t-elle écrit le 6 juin en nous demandant de le préciser à nos lecteurs.

En affirmant son nationalisme, l'élue FN ne faisait que s'inspirer d'un grand maître à penser de son parti, Roland Gaucher qui, dans les Dossiers tricolores (N° de l'été 1990), publication destinée à la formation des militants FN, publia sous le titre « Aurore du nationalisme » affirmait : « En cette fin du XXe siècle, une grande forme s'affirme. C'est le nationalisme... Nous devons appuyer tous les mouvements nationalistes à l'Est. »

A l'heure des événements d'Ukraine et des liens d'amitiés entre le clan Poutine et le FN, cette consigne prend tout son sens.

Faut-il rappeler en ces temps de mémoire courte, que Gaucher, élu Conseiller régional FN de Franche-Comté en 1992, était un ancien gauchiste devenu pronazi, qui avait appelé à fusiller les résistants, s'était félicité de l'échec de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, et avait traité notre libérateur, le général De Lattre de Tassigny de « minus en képi, néant étoile, zéro en culotte de peau ».

Les médias ne cessent de mettre l'accent sur la dédiabolisation d'un FN qui aurait rompu avec un passé sulfureux. C'est oublier que Le Pen père, tête de liste dans le Sud-Est, a - ce n'est pas vieux, ça date d'août 2013 - rendu un vibrant hommage à Jean Madiran. décoré de la flamme d'honneur du FN, qui avait déclaré en 1944 : « Le juif souffre par où il a péché » et regretté que « l'on ait pas empêché les juifs de nuire à la France. » Faut-il rappeler que cet hommage a été publié dans un journal intégriste qui accusait le Pape François de complaisance à l'égard des homosexuels et de laxisme à l'égard des divorcés remariés. Évoquer la réussite de la dédiabolisation, c'est aussi oublier que M Gollnish a pris la tête d'une campagne contre l'entrée de Jean Zay au Panthéon.

Le député européen réélu a accusé - c'était il y a peu, le 24 février 2014 - le ministre assassiné par la milice en juin 1944, d'avoir « en juin 1940, quitté l'armée sans l'accord de ses supérieurs » ce qui est faux et reprend le procès intenté par Vichy au temps où l'antisémite Coston qualifiait dans la presse collaborationniste Jean Zay de « juif malin, tire-au-cul » avant d'être félicité par l'organe officiel du FN, le 1er octobre 2001 pour avoir « mis à nu les forces occultes qui empoisonnent la vie de notre pays ».

Le silence de la gauche et des syndicats enseignants face à la mise en cause d'une grande figure du Front Populaire en dit long sur un terrible échec. Par delà le rejet d'une Europe engagée derrière M Baroso et la droite, majoritaire au Parlement européen, dans la voie de l'ultralibéralisme, de la concurrence libre et non faussée, le scrutin du 25 mai 2014 révèle la dimension culturelle d'une défaite face à la montée des idéologies d'extrême droite prospérant en temps de crise.

Lire aussi les questions que Joseph Pinard aurait aimé entendre posées à Sophie Montel lorsqu'elle a été invitée au journal de France 3 le 1er juin.

 

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