Le tourisme vert s’interrogeait déjà en 2003

Dix à vingt ans après la conversion de centaines d'agriculteurs au tourisme, de nouveaux acteurs investissent les vacances à la campagne qui attirent un gros quart des touristes français. « Les nouveaux porteurs de projets sont souvent d'origine urbaine », note Jean-François Mamdy, secrétaire général du SOURCE, le centre national de ressources du tourisme en espace rural.

Vue sur le plateau suisse, le lac de Neuchâtel du sommet du Chasseron. Au loin, les Alpes valaisannes

Dix à vingt ans après la conversion de centaines d'agriculteurs au tourisme, de nouveaux acteurs investissent les vacances à la campagne qui attirent un gros quart des touristes français. « Les nouveaux porteurs de projets sont souvent d'origine urbaine », note Jean-François Mamdy, secrétaire général du SOURCE, le centre national de ressources du tourisme en espace rural.
Ouvrir un gîte ou créer des chambres d'hôtes permettait de rénover un patrimoine, d'espérer cultiver de nouvelles relations humaines, d'avoir un complément de revenu. « C'est toujours vrai, mais il y a maintenant la notion d'entreprise rurale », explique Yannick Fassaert, le président du SOURCE.
La période est aussi à la concentration des investissements lourds sur les grosses structures touristiques. Ce pourrait être un frein au tourisme vert, mais la confiance est là : « La France a aujourd'hui 75 millions de touristes, elle en aura 100 millions en 2015. Et le tourisme rural a davantage de potentiel que le littoral », assure le président du SOURCE en invoquant les études de l'OCDE et de l'Organisation mondiale du tourisme.

« Excusez ma brutalité »

C'est dans ce contexte que se tient depuis mercredi et jusqu'à ce matin (29 aoû 2003), la 13e université d'été du tourisme rural. Destinée à l'échange entre professionnels et experts, elle est initiée par une équipe issue de l'école d'ingénieurs agricoles de Clermont-Ferrand. Cette année, le thème choisi est le lien entre formation, emploi et compétences. Pour la première fois sur le massif jurassien, l'événement est franco-suisse et alterne conférences, débats et visites de terrain entre la petite ville des montagnes vaudoises, Sainte-Croix, et les Fourgs, plus haut village du Doubs.
Pour lancer le débat sur la formation, rien ne valait les provocantes suggestions du MEDEF. Son représentant Alain Dumont a même demandé à l'avance qu'on « l'excuse pour sa brutalité ». Exhortant son auditoire à « se bouger » sous peine de noyade par immersion sous la vague de la mondialisation, il estime que « la compétence s'acquiert dans l'action »...
Il fustige le taylorisme autant que « ces entreprises incapables de gérer les parcours de formation de leurs salariés et voient partir les plus compétents chez le voisin ». Il partent aussi à cause des bas salaires. Alain Dumont jure par « la validation des acquis » et applaudit cette société californienne qui ne paie à ses salariés « que la compétence acquise, mais pas la formation suivie ».

« Depuis Léon Blum... »

Observateur de situations réelles, le sociologue Patrick Mayen estime que « la question de la compétence est surtout celle de l'intégration au travail ». Dans le tourisme, où la pluriactivité est la règle, « la formation doit faire passer d'un système de représentation monotechnique à un autre. Il faut conceptualiser et l'on doit être capable de changer de point de vue, de se mettre à la place de l'autre et d'adopter sa logique ».
Les clownanalystes Victor et Rosalie ont synthétisé en dix minutes ces complexes discours, tout en pointant leurs contradictions d'une pirouette : « C'est en faisant qu'on acquiert des compétences, mais ne le dïtes à personne... à cause de la concurrence » !
La palme de l'humour revient cependant à l'économiste bernois Peter Keller : « Depuis Léon Blum, de larges couches de la population peuvent faire du tourisme ». Constat réitéré à propos des 35 heures par le CREDOC : 20% des Français ont allongé leurs vacances grâce à la RTT, 12% sont partis davantage en week-end, 9% sont partis plus souvent à la journée (Nème hors série de la revue du SOURCE).
Reste, rigole encore Peter Keller, que si les 35 heures ont donné du temps pour les vacances, on en prendrait davantage si des augmentations les avaient accompagnées !

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