Le soutien-gorge : pas si sain !

« Les résultats sont contraires à la croyance populaire. L'arrêt du port du soutien-gorge est bien supporté en terme de confort. Les tissus composant le sein ne se distendent pas malgré une augmentation du volume mammaire. Le sein s'avère plus ferme... », explique le docteur Olivier Roussel.

Une seconde thèse de médecine vient compléter et conforter celle de Lætitia Pierrot en 2003 sur les effets bénéfiques pour le sein de l'arrêt du port du soutien-gorge. Cette thèse, récemment soutenue par Olivier Roussel, porte cette fois sur 50 jeunes femmes de 18 à 30 ans, et non plus 33 de 18 à 25 ans. Issues d'un groupe de 273 femmes suivies depuis 1996 par le professeur Jean-Denis Rouillon, les participantes devaient répondre en outre à quelques critères les empêchant de constituer un échantillon représentatif : toutes sportives, elles n'ont pas d'enfant, pas subi de traitement médical ou chirurgical du sein, ne suivent pas de régime végétarien, ont une masse grasse inférieure à 29%, une hygiène de vie rigoureuse... 
Démarrée il y a deux ans, l'étude d'Olivier Roussel porte sur dix mesures effectuées à six moments différents. Le jeune médecin conclut notamment à une amélioration générale : « Les résultats sont contraires à la croyance populaire. L'arrêt du port du soutien-gorge est bien supporté en terme de confort. Les tissus composant le sein ne se distendent pas malgré une augmentation du volume mammaire. Le sein n'évolue pas vers la ptose « descente d'un organe par relâchement de ses moyens de soutien », dit le... petit Robert !  et s'avère plus ferme. Des éléments anatomiques de suspension du sein, à la fois musculaire (le platysma) et conjonctif (l'ensemble des fascias), semblent susceptibles de se renforcer lorsque la pesanteur ou les contraintes mécaniques appliquées au sein libre s'exercent ».
Prudemment, Olivier Roussel ajoute que « pour comprendre cette adaptation », des études complémentaires sont nécessaires. Il estime que pour en savoir plus, il faudrait également un échantillon beaucoup plus important de femmes, comparer les porteuses de soutien-gorge et celles qui n'en portent pas, une étude sur de nombreuses années.
À sa connaissance, la médecine s'est plus penchée sur le sein pathologique que sur le sein physiologique. Il évoque cependant une étude, japonaise sur onze femmes de 22 à 39 ans chez qui ont été étudiés trois types de brassières portées en permanence, puis arrêtées pendant trois mois. Cette étude extrême orientale « conclut à une évolution vers la ptose lors du port du soutien-gorge spécialement conçu pour assurer le meilleur soutien et le meilleur confort ». Olivier Roussel signale aussi des études préconisant « l'absence de soutien pendant la croissance du sein ». 
Le non-port est très fréquent « chez les sportives de haut niveau » ou en Europe du nord où le soutien-gorge « n'est pas porté dans les activités de la vie courante et au cours des activités sportives ». Reste, ajoute-t-il, cette question est rarement débattue « sans doute à cause de la connotation sexuelle, voire érotique du sein et des sous-vêtements ». Historiquement, le soutien-gorge daterait du XIXe siècle : « une hypothèse est qu'il serait apparu pendant la guerre de 1870, compressif pour que les femmes puissent travailler en usine avec les habits des hommes partis à la guerre ». En ces temps-là, bien sûr, on ne fait pas dans la dentelle... 

 
 
 
 

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