Le mouvement social jurassien pleure Nathalie Pszola

Les rassemblements contre la réforme des retraites de Dole et Lons-le-Saunier étaient samedi 11 janvier empreints d'émotion et de tristesse après la disparition de la secrétaire de la FSU du Jura. Ses camarades lui ont rendu un hommage appuyé, dressant le portrait d'une femme à la personnalité hors du commun, disponible et d'une grande capacité de travail.

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Les mines sont tristes et les visages graves ce samedi matin 11 janvier sur l'immense parking de l'avenue de Lahr à Dole, entre Doubs et port-canal. L'émotion se lit sur les visages des quelque 400 personnes rassemblées pour ce nième rendez-vous de la longue lutte d'opposition à la réforme des retraites du gouvernement. Des larmes coulent. On s'étreint, on se tombe dans les bras longuement. Quelqu'un parle de tsunami.

La disparition brutale de Nathalie Pszola a plongé dans la tristesse, non seulement le monde local de l'éducation, mais le landernau militant dolois tout entier, et bien au-delà la planète syndicale jurassienne. Illustrant la reconnaissance de ses interlocuteurs, le recteur Jean-François Chanet, historien du mouvement ouvrier, a ainsi passé un coup de fil de condoléances à sa famille. Son compagnon, Fabrice Billod-Morel, directeur de l'école Pointelin où elle enseignait aussi, est très entouré. Elle était « précieuse », me dira-t-il dans un souffle.

« Elle nous manque déjà », avait dit au micro Antoine Cordier, le secrétaire de l'union locale CGT. Marielle Commoy, qui l'a côtoyée quasi quotidiennement au SNUipp-FSU, est très émue quand elle dresse son portrait, évoquant sa « rigueur et sa pugnacité » : « elle a contribué à construire le tous ensemble ». Marielle Commoy invite ensuite la foule à entonner Le Chiffon rouge, mais c'est un murmure rentré qui sort des poitrines, pas comme le chant des gilets jaunes On est là que tout le monde reprendra en choeur, illustrant l'exhortation à « transformer notre chagrin en colère », puis invitant à une dense minute d'applaudissements. La même scène se produira à Lons-le-Saunier à peu près au même instant.

« Elle a fait la convergence tout de suite »

Cette ferveur s'explique par la personnalité hors du commun de Nathalie Pszola. Fille d'une institutrice san-claudienne, elle a été serveuse dans un bistrot de la capitale du Haut-Jura, a fait ses études à Besançon, a travaillé à l'EREA de Crotenay avant de rejoindre Dole. « Elle était très probe, très performante, connaissait toutes les lois : quand quelqu'un avait un problème, il n'appelait pas l'inspection car elle avait toujours la solution. C'est surtout ça qui va manquer », témoigne Marielle Commoy. « Elle aidait les gens, les prenait dans ses bras, elle était la générosité. Son sourire attirait tout le monde et elle était la même dans sa vie personnelle, m'a emmenée une fois à minuit aux urgences… »

Alexandre Faudot, gilet jaune parmi d'autres, lui sait gré d'avoir été une des premières parmi les militants syndicaux, à tendre la main : « on lui doit sa tolérance, sa vivacité, son efficacité. Elle a fait la convergence tout de suite. Elle demandait toujours à chacun comment il allait… ». Annie et Yves approuvent le propos, renchérissent : « elle ne nous a pas mis dans la classe des mauvaises personnes… »

Littéraire, Nathalie Pszola produisait des textes syndicaux comme des écrits pour les gilets jaunes : « elle savait synthétiser ». Pour Antoine Cordier, qui l'a côtoyée lors des intersyndicales, elle « facilitait les choses : elle avait toujours un trait d'humour, un mot de dérision, qui permettaient aux discussions de se faire sereinement… » 

Catherine Serrano, une de ses collègues professeure des écoles, met l'accent sur sa capacité de travail, son assiduité aux échanges entre chercheurs en sciences de l'éducation et syndicalistes lors de stages « que l'institution ne nous offre plus ». Elle cite, entre autres, des rencontres avec le pédagogue Philippe Mérieux ou le matheux psycho-cognicien Rémi Brissiaud…   

Tous évoquent sa convivialité, son « côté tactile », sa capacité de travail. C'était aussi une femme qui n'arrêtait quasiment jamais, ne se séparait jamais de son téléphone portable, disponible pour chacun, chaque jour. A tel point qu'une de ses camarades, criant en apprenant sa disparition, avoue avoir songé que ce téléphone en était la cause… Non pas d'un accident de la route comme elle l'a d'abord imaginé, mais de son électrocution dans sa baignoire après la dense journée d'action de jeudi 9 janvier… 

Nathalie Pszola avait donné à Factuel un entretien précédant cette journée dans lequel elle indiquait que « les vacances ont permis de mieux appréhender l'effet des réformes » et soulignait la rareté d'un mouvement continuant durant les congés dans l'éducation (voir ici).   

 

 

 

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