Le foot à Lons : l’entraîneur des jeunes, historien du club…

Professeur d'histoire-géographie et éducateur sportif, Antoine Jaillet entraîne les équipes de jeunes du Racing club lédonien dont il vient de réaliser une histoire, puisant anecdotes et photos dans les archives...

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« Allez ! Allez ! Oui, c’est pas grave si t’as pas l’habitude de ce pied là ! »...  

L’air froid et la pluie sont saisissants. Le terrain boueux se recouvre de petits êtres en cercle, en lignes, les ballons volent en l’air et on saute entre des cerceaux colorés. Nous sommes sur un terrain de foot !

L’entraîneur, Antoine Jaillet, parle avec les enfants, s’adapte à chaque particularité, chaque manière de jouer. Il les motive. Le plaisir du jeu est palpable dans l’ambiance fraîche de cette journée, où aucun de se démoralise du temps hivernal. Il y a un esprit d’être ensemble qui règne dans cette bulle de gazon. Quelque chose d’assez rare est en train de se passer.

C’est ce que voulait implicitement exprimer Antoine Jaillet, auteur d’une toute récente Histoire du Racing Club Lédonien. Car il le sait, « On est un sport qui n’a pas forcément une bonne image de nos jours ». Enfant, il se passionnait pour la géographie et le football, repérant toutes les villes des clubs de foot sur la carte du monde. C’est comme cela que ces deux passions se sont répondu tout au long de sa vie, et qu’il décide maintenant de créer une mémoire vive des histoires du club. Des anecdotes, des gens. Des groupes, des expressions, des tronches sur des images d’archives. Saut en l’air pour attraper le ballon, quête du graal ou d’une liberté acquise dans l’adrénaline de l’instant...

Âgé de 29 ans et professeur d’histoire-géographie au collège d'Orgelet, capitaine de l'équipe première, il réussit son diplôme d'éducateur sportif en juin 2015, année pendant laquelle il choisit de travailler sur ce projet d’historique du club jurassien. A travers ses recherches aux archives départementales, il retrouve toutes les équipes, année après année, les photographies et les dates. Il rencontre les protagonistes et collecte les anecdotes humoristiques, ou celles qui font la fierté du club. Il a de la difficulté à retrouver toutes les personnes ayant fait partie de l’histoire du club, et rencontre les familles des joueurs, retrouve leur trace.

De l'ASL en 1935 au RLC de 1945

Le parcours du foot est retracé, du temps où le rugby tenait le haut de l’affiche, jusqu’à ce que l’Association Sportive Lédonienne redonne vie à ce sport en 1935, puis le Racing Club Lédonien en 1945. Les images et le récit restituent la mémoire des époques, dont celle de la fin de la seconde guerre mondiale où règnent le peu de moyens et la débrouille pour organiser des matchs, mais aussi le combat de certains joueurs au sein de la Résistance.

Antoine Jaillet n’oublie pas de parler aussi des dirigeants du club, de leur manière de le gérer et de le faire connaître, de raconter les idées nouvelles des entraîneurs successifs. Des périodes de renouveau à celles de vache maigre, c’est un monde de challenges, porté par les échecs et les bonnes idées qui aboutissent dans le club. Le RCL connaît beaucoup de difficultés, rate de peu des victoires, mais ne perd jamais l’espoir et la passion.

Un 32e de finale de coupe de France en 1994

Des épisodes de victoires redonnent de l’engouement à l’équipe et à son public, comme l’épopée en coupe de France de 1993-1994, où le Racing atteint pour la première fois de son histoire les 32eme de finale de la Coupe de France.

 

Le club a su se transformer au fil des saisons et s’adapter, devenant petit à petit réputé pour sa formation, une véritable école du foot comprenant des équipes de différentes tranches d’âge et de niveaux. Ce livre est une porte d’entrée pour découvrir les liens humains qui l'ont construit, comment il a développé un tel engouement aujourd’hui chez les Jurassiens. Sa préface, écrite par Denis Trossat, enfant de Passenans, trésorier de la Fédération française de football, met en lumière les qualités du Racing et ses acteurs de tous les jours, les bénévoles et les entraîneurs que l’on compte par milliers.

Mais revenons à la pelouse de la Plaine de Jeu. Une dynamique s’est installée depuis le début de l’entraînement, et les enfants se passent le ballon par groupes de trois, dans une action triangulaire pour arriver jusqu’aux buts, où le moniteur observe autant qu’il s’amuse.

L'équilibre, maître-mot de l'entraîneur

L’orage éclate, les éclairs au-dessus du stade forcent tout le monde à rentrer et à s'agglutiner dans un vestiaire jaune. La partie plus stratégique et théorique commence, les yeux se lèvent pétillants vers l’ardoise. Des croix se dessinent et des traits, les questions sont précises et les enfants savent comment réagir et préparer leur jeu. On dirait des professionnels en miniature !

Ce qui tient vraiment au cœur d'Antoine Jaillet est de voir s’épanouir les enfants et adolescents, progresser et ainsi « trouver un équilibre ». Il emploie souvent cette expression que l'on peut traduire par le besoin de centrer l’attention de son esprit sur son corps, de coordonner ses mouvements dans le jeu avec l’autre, pour pouvoir interagir. « S’ils n’étaient pas ensemble dans une équipe, ils ne se connaîtraient pas » dit-il. Tolérer. Apporter cette tolérance et la partager dans cette diversité d’origines ethniques et sociales.

Le foot lédonien est inclusif, et ne fait pas de barrières au partage du sport. Ainsi, le club est le seul dans le Jura à avoir deux équipes féminines et suit l’évolution des mentalités : les femmes obtiennent leur vraie place dans un sport qui n’est plus genré. Dans le livre, on retrouve cette évolution par paliers, comment les équipes féminines sont apparues : à la suite d’un pari entre les épouses des joueurs et dirigeants : « On peut faire aussi bien que vous ! » Elles se sont entraînées pendant deux mois intensivement et deviennent très douées, puis jouent un match contre des vétérans en 1972.

Les joueuses de Lons veulent de nouveau créer leur propre équipe en 1984 et l’obtiennent l'année suivante. Aujourd’hui, le club a deux équipes, moins de 13 ans et moins de 17 ans, et l’entraîneur-historien est favorable à la création d’une équipe mixte.

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