Le bâtiment dans la rue : 300 manifestants à Besançon

Environ 300 personnes se sont rassemblées ce vendredi à Micropolis-Besançon avant de converger vers la préfecture de région à l'appel national de la CAPEB, la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.

capeb5

Environ 300 personnes se sont rassemblées ce vendredi à Micropolis-Besançon avant de converger vers la préfecture de région à l'appel national de la CAPEB, la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Le matin, des rassemblements avaient eu lieu devant les préfectures de départements où des délégations ont été reçues. Après une dizaine d'années de croissance, le secteur vit depuis peu des temps plus difficiles et s'alarme du passage de la TVA de 5,5% à 7% et bientôt 10%. « C'est la facture du client qui en pâtit, or les gens ont de moins en moins les moyens, du coup on a encore moins de chantiers », explique la présidente régionale, Sylvie Andrey.
Les artisans et PME sont également vent debout contre le régime des auto-entrepreneurs : « Logiquement, en hiver, on fait des travaux d'intérieur », dit Philippe Henriot, le président de la CAPEB-Doubs. Mais là, les auto-entrepreneurs interviennent selon lui à des tarifs défiant toute concurrence, voire « au noir » : « beaucoup sont à 20 ou 25 euros et font acheter les matériaux par leurs clients alors que nous sommes autour de 40 euros... ». Sylvie Andrey en a même « vu à 15 euros... On demande davantage de contrôles sur les auto-entrepreneurs ».
Venu de la région luronne avec des collègues, Jean-Marie, couvreur-zingueur, a cinq salariés et dénonce la baisse des prix générés par la concurrence et le marché qui se resserre : « Si ça continue comme ça, je pense réduire le personnel... ». Gérald, à la tête d'une petite affaire d'agencement intérieur de haut de gamme en périphérie bisontine, explique sa situation : « C'est simple, d'août à novembre, je n'ai pas vu un chat dans mon magasin de 150 m2. Je n'ai jamais vu ça en 28 ans... En avril, on avait trois mois d'avance, en mai rien... J'ai refait du chiffre en juillet à partir de ma présence sur la foire. Depuis cinq mois, je ne me verse pas de salaire, je vis sur mon épargne. Personne ne le vois, c'est insidieux. Je suis venu manifester avec un employé qui est d'accord... Pour qu'il y ait reprise, il faudrait baisser les charges, qu'on ait le droit de débaucher aussi facilement qu'on embauche... Les 500.000 logements à rénover par an ? Je n'y crois pas, c'est un mensonge... ».
Bayram n'est pas sur la même longueur d'ondes : « Il y a une grande souffrance, la crise ne touche pas seulement les entreprises, c'est mondial, c'est l'Europe... On nous a demandé de venir manifester avec une pelle, je suis venu avec un balai, parce que c'est plus intelligent que le karcher... OK, les cotisations patronales sont élevées, mais il n'y pas que ça, on a forcé la misère de la population. Si la gouvernance gère mal, ça donne ça, ça donne la crise, le fascisme... »
Les 500.000 logements rénovés chaque année, Antonio Cabete, président de la CAPEB-90, y croit. A condition que « l'on donne envie aux gens de le faire, qu'on les incite... Il faut que le gouvernement mette en pratique ses idées, et laisse tomber la TVA à 10% ». A la tête d'une entreprise de maçonnerie-façaderie de 90 salariés, il n'est pas un petit entrepreneur et réussit à s'en sortir, pour l'instant : « C'est de plus en plus dur, ça fait un moment qu'on n'a plus de marge. J'ai quand même la chance d'avoir du travail, on est dans l'économie d'énergie, avec beaucoup de commercial. Alors qu'un artisan avait l'habitude que les clients viennent le voir, il faut maintenant qu'il aille les chercher... »
 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !