Large intersyndicale contre les ordonnances dans le Doubs

L'union départementale FO signe avec la CGT, la FSU et Solidaires un appel à la grève et à manifester le 12 septembre contre la « loi travail XXL ». A la CFDT, plusieurs syndicats (santé-sociaux, métallurgie, services, territoriaux...) participeront au mouvement. Ce sera moins large ailleurs en Franche-Comté. Une seconde journée de mobilisation est annoncée rapidement.

Manifestation contre la loi El Khomri le 9 mars 2016 à Besançon (photo d'archives DB).

« Faut pas qu'on lâche le terrain, la base pousse. Je ne dis pas que c'est facile, mais on doit aller au débat avec les salariés... » Cyril Keller, le secrétaire de l'union départementale CGT du Doubs, sent un engouement et se projette déjà dans la suite de la journée de grèves et de manifestations contre les ordonnances réformant le code du travail de mardi 12 septembre. L'engouement, c'est une assemblée générale de rentrée de l'union locale de Besançon avec une cinquantaine de personnes : « c'est un signe de mobilisation », veut croire José Aviles, le secrétaire de l'union locale CGT.

Un autre, c'est que « dans toutes les boîtes où il y a la CGT, il y a appel à la grève ». On a en effet vu parfois des consignes peu relayées. Cette fois, elles le seraient. C'est également le cas pour les militants FO du Doubs qui s'associent au mouvement (l'appel commun dans les brèves) malgré la position de Jean-Claude Mailly : « les délégués vont voir les salariés, tractent, tout est question d'explication », dit Rachel Messousse la secrétaire de l'union départementale FO largement représentée à la réunion de l'intersyndicale. Quand elle ajoute « ce n'est que le début », on entend en écho Cyril Keller annoncer une seconde journée la semaine suivante, « avant le conseil des ministres ».

Solidaires et la FSU appellent naturellement à l'action, mais les enseignants sont, pour l'heure, davantage préoccupés par la rentrée. Noëlle Ledeur (Solidaires), qui ne sentait pas « de réalité de la mobilisation fin août », a maintenant « l'impression que [les dirigeants CGT] ont changé de braquet avec des interventions dans les entreprises ».

Sans que ce soit vraiment une surprise, plusieurs syndicats CFDT, déjà dans la lutte contre la loi El Khomri, devraient à nouveau être de la partie contre les ordonnances. Le syndicat CFDT départemental Santé-Sociaux a pris sa décision, et l'interprofessionnel examinait la question jeudi 7 septembre en soirée. Plusieurs secteurs pourraient se joindre au mouvement, comme la métallurgie, les services ou les communaux.

« Que les autres viennent, ça encourage »

De son côté FO fait part de préavis dans plusieurs entreprises de la métallurgie. Ses militants sont mobilisés chez Augé-AMTE à Thise, Alstom à Ornans, Peugeot-Japy, les hôpitaux de Besançon, Novillars et Baume-les-Dames, la Sécu, les fonctionnaires territoriaux... « Mine de rien, que les autres viennent, ça encourage », note Cyril Keller (CGT), « on est sur une bonne dynamique, on reçoit un bon accueil partout où on distribue, sur les ronds-points, dans les restaurants d'entreprises... »

Au-delà du secteur privé, la fonction publique est concernée, ne serait-ce par la remise en cause du jour de carence et le gel des salaires, mais aussi parce que « beaucoup de salariés du public ont des contrats de travail privés », ajoute Cyril Keller. La remise en cause de la hiérarchie des normes est une des dispositions qui révulse : « ils essayent de réduire le salarié à l'esclavage, une entreprise pourra réduire le salaire de 30% », tonne Rachel Messousse (FO). 

« On travaille pour avoir une maison, être bien dans sa vie... »

Elle a vu passer cinq personnes ce jeudi à la permanence juridique : « l'un veut former un recours aux prud'hommes un an et demi après un licenciement, suivi d'une déprime. il nous demandait s'il pouvait encore. Aujourd'hui, il peut, après les ordonnances non... Les gens ne sont pas bien, j'en ai vu pleurer dans mon bureau, ça me met en colère... Ils ne vont pas bien non plus à la maison, et après, c'est le cercle vicieux. Avec cette réforme, on en aura encore moins. Ce sera travaille et tais-toi. Alors qu'on travaille pour avoir une maison, être bien dans sa vie... »

Pour Cyril Keller (CGT), cela donne cette phrase dont on entend la première partie depuis des années dans la bouche des syndicalistes : « il y a de plus en plus de souffrance au travail, de suicides... Et ils enlèvent le CHSCT ! » N'est-il pas question dans les ordonnances que l'instance issue de la fusion des CE, DP et CHSCT garde les prérogatives de chacune ? « Les délégués ne pourront pas tout faire à la fois, aujourd'hui chaque instance est spécialisée. Là, ils reviennent sur les enquêtes du CHSCT... »

 

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