La vie d’un village sous coronavirus

Après un week-end d’interrogations et de digestion des nouvelles de fermetures en cascade des établissements scolaires et de différents commerces, ce lundi matin était placé sous le signe de l’expectative. Enseignants et commerçants attendaient les instructions. Reportage à Clerval, une commune du Doubs de 1000 habitants.

À l’heure de l’ouverture des portes de l’école élémentaire ce lundi matin, aucun enfant n’était là. Jean-Claude Magnin, directeur de l’établissement, avait été prévenu que deux enfants seraient peut-être présents, leurs parents travaillant dans le domaine médical. Finalement, seuls trois enseignants étaient sur place. Même chose à l’école maternelle, où aucun enfant n’était là ni attendu. La directrice, Clotilde Fèvre, était seule dans l’établissement, et comptait rentrer chez elle l’après-midi. Quant au collège, aucun des 180 élèves ne s’était présenté non plus. Quelques professeurs et Philippe Clerc, le principal, préparaient le collège à recevoir éventuellement des enfants, mais surtout, travaillaient à organiser le service de « continuité pédagogique » demandé par le ministère.

« On a déjà un système numérique performant, donc ce n’est pas une difficulté pour nous », explique-t-il. « C’est par contre beaucoup plus de travail pour les profs qui doivent préparer les cours différemment ». Il a également identifié « 4 ou 5 élèves n’ayant aucun accès à Internet, et pour lesquels des cours en version papier seront envoyés ». Cette continuité pédagogique, demandée par le ministère de l’éducation, doit être mise en œuvre dès la grande section de maternelle. Ce qui ne satisfait pas Clotilde Fèvre : « On va encore creuser les inégalités dès le plus jeune âge, avec des parents qui vont jouer le jeu et d’autres non ». Les trois chefs d’établissement rencontrés étaient tous dans l’attente d’instructions concernant le travail des enseignants : télétravail, chômage partiel, etc. Les interrogations sont nombreuses, « et les décisions nous arrivent petit à petit », indique Jean-Claude Magnin.

Ailleurs dans le village, les consignes semblent être respectées. Bars et restaurant sont fermés, tabac, boulangerie, supérette et pharmacie sont ouverts. Seul Tout Faire Matériaux, le magasin de bricolage de Clerval, est dans un entre-deux. La porte est ouverte, mais le gérant « ne sert pas les particuliers » Il attend la parution d’un décret qui doit préciser les règles concernant ce type de commerces (celui-ci a d’ailleurs été publié dans la matinée, autorisant les magasins de bricolage, ainsi que ceux vendant du matériel informatique ou encore les blanchisseries, à rester ouverts). Dans les autres commerces, les gens ne semblent pas avoir changé leurs habitudes. La boulangère estime vendre un peu plus de pain qu’à l’ordinaire et s’inquiète un peu pour les approvisionnements. La pharmacie est pleine, « comme tous les lundis matin. Par contre, le téléphone n’arrête pas de sonner » et les clients respectent la consigne de garder 2 m de distance entre chacun.

On croise sur la route des amis qui se font la bise, d’autres se contentent d’un signe de la main. La prise de conscience de la situation est plus ou moins rapide selon les gens. D’autres mesures seront certainement annoncées ce soir lors de la nouvelle prise de parole présidentielle sur le sujet.

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