La sociologie s’intéresse aux Gilets jaunes…

France-Culture, The Conversation, Contretemps publient de premières et rapides analyses de chercheurs dont les classes populaires rurales ou les politiques sécuritaires étaient déjà des objets d'étude. Le mouvement n'est ni d'extrême-droite ni raciste comme ont pu l'écrire imprudemment des commentateurs de bureau, mais populaire, enraciné dans des réseaux de proximité et des relations d'entraide, marqué par une forte implication féminine...

g-jaunes

Le mouvement qui secoue la France depuis quelques semaines n'est ni d'extrême-droite ni raciste comme ont pu l'écrire imprudemment des journalistes ou des intellectuels de bureau, mais populaire et interclassiste, enraciné dans des réseaux de proximité et des relations d'entraide, marqué par une forte implication féminine...

C'est ce qui ressort de la lecture de Laurent Mucchielli, sociologue qui travaille notamment sur les questions de la délinquance et des politiques de sécurité. Dans un article publié sur le site The Conversation, il commence par régler son compte à la focalisation sur la violence qui empêche de penser ce qui se passe :
« La violence n’est pas une catégorie d’analyse, ni un ensemble homogène de comportements. C’est une catégorie morale. La violence, c’est ce qui n’est pas bien. Dès lors, on comprend que le spectacle de la violence produise des effets de sidération-fascination-répulsion qui empêchent de penser. De fait, les analyses que l’on développe généralement à partir de là sont, en réalité, triviales, donc sans intérêt. Qu’une partie des gens soient capables de comportements violents est trivial. Nous en sommes tous capables dans certaines circonstances. Et en l’occurrence, des circonstances sont réunies. Ce sont donc ces circonstances et non ces violences qu’il faut analyser », explique-t-il notamment.

Il évoque ensuite ce qui lui semble être également des « écueils » à l'interprétation: la sur-politisation et la sous-politisation, puis cite plusieurs travaux d'autres scientifiques sur le sujet. Il renvoie ainsi à France Culture qui a également fait un travail de recherche quant aux premiers travaux sur le sujet. On le constatera, ces études, qui demandent approfondissement et critique, tendent d'ores et déjà à tordre le cou à quelque poncifs aussi réducteurs qu'ayant la peau dure...

On peut donc lire Laurent Mucchielli ici, un entretien avec le sociologue Benoît Coquard (INRA, Dijon) qui travaille depuis longtemps sur les classes populaires rurales et a passé plusieurs heures sur des barrages avec des Gilets jaunes en cliquant , ou encore cet article de Chloé Leprince sur France-Culture qui résume les travaux de huit sociologues ici. Elle publie aussi un article intitulé Racisme de classe ou conflit mesquin, face aux Gilets jaunes, les fantômes de 1995 comparant les réactions de certains intellectuels lors du mouvement contre le plan Juppé il y a 23 ans et celles d'aujourd'hui consistant à dévaloriser celui des Gilets jaunes.

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