Assistante sociale au Centre hospitalo-universitaire régional de Besançon, Laurence Mathioly est secrétaire du syndicat départemental SUD Santé-Sociaux du Doubs.
Quelles sont les actions menées au CHU depuis la loi du 5 août ?
Outre les manifestations du samedi, il y a un rassemblement chaque jeudi d'environ 200 personnes, organisé avec d'autres syndicats : CGT santé, FO et FSU qui n'est pas représentée au CHU mais nous avons voulu construire une intersyndicale interprofessionnelle. Cela touche les soignants, mais aussi d'autres secteurs professionnels.
Qui vient ?
Le jeudi, ce ne sont pas forcément des personnes que les responsables syndicaux connaissent ? Et le samedi il y a peu de militants...
Quelles sont les revendications ?
Essentiellement le refus des sanctions. A SUD, nous ne sommes pas contre la vaccination qui est un des moyens, mais pas le seul, de lutter contre le virus. Le plus gênant, c'est l'obligation vaccinale pour les soignants. Ils ont toujours été là, dès le début, avec le manque de moyens, les mensonges du gouvernement, et ont fait avec ce qu'ils avaient. On les a mis sur un piédestal et maintenant ils seraient ceux par qui le mal arrive... La sanction d'une perte de salaire n'est pas concevable. Nous avons toujours défendu le libre arbitre des personnes. Avec l'obligation, des gens sont très mal, d'autres se font vacciner à contre-coeur, certains refusent, on ne sait pas combien...
Selon la CGT de l'hôpital de Lons-le-Saunier, ils seraient environ 10% des effectifs...
Je ne sais pas la tendance au CHU, mais si c'est 10%, on est mal. Les médecins sont quasiment tous vaccinés. La direction est très optimiste, en appelle à la citoyenneté, la responsabilité...
Etes-vous en veille juridique ?
Oui... Une loi est sortie, mais dès lors que les décrets seront là, on n'aura pas de grande marge de manœuvre. S'il y a des recours, on s'en servira, mais ce qui nous intéresse, c'est que des sanctions peuvent être prises immédiatement. Et si les recours prennent des mois, les agents seront-ils sans salaires tout ce temps ? On refuse que les sanctions s'appliquent, mais jusqu'à quand ? Beaucoup de gens travaillant à l'hôpital ne vivent qu'avec un salaire. La direction nous dit qu'elle proposera des RTT et des congés, mais à un moment, il n'y aura plus de salaire... On soutiendra les personnes qui seraient dans cette situation...
Des juristes invoquent des actions en référé pour suspendre la suspension de salaire...
On se sent démunis par rapport à la loi, même si on a des outils de contestation. On entend les avocats qui contestent, mais jusqu'où iront les soignants ? On n'a pas envie de faire croire aux gens qu'il vont gagner...
La grève a-t-elle été suivie cet été ?
Peu. C'était l'été... Il y avait des assignations...
Quelqu'un pourrait-il être en grève à partir du 15 septembre, assigné et sans passe-sanitaire ?
Ça ne se passera pas... Les directions sont larguées, elles naviguent à vue. Si elles se rendent compte qu'il y a 5 ou 10% sans passe-sanitaire le 15 septembre, ce sera très compliqué... En parallèle, le gouvernement a continué à fermer des lits et des services... Pas depuis la fermeture du SSR au CHU qui a été relativement épargné, mais dans plusieurs hôpitaux de proximité, et l'attente reste compliquée aux urgences... Pour l'instant, jusqu'au 15 septembre, les gens, même non vaccinés, peuvent travailler. Mais on n'a jamais vu autant de demande de départ, de mises en disponibilité refusées à des personnes qui démissionnent et renoncent au statut de fonctionnaire...
Certains disent que c'est le but recherché...
Pourquoi pas... Sans être complotiste, ça y ressemble...