La Fraternelle de Saint-Claude veille aux liens

Depuis 2010, la « Frat' » réhabilite la Maison du peuple construite il y a un siècle par les ouvriers du Haut-Jura, pionniers des coopératives et du mutualisme.

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L’association la Fraternelle fait un appel à souscription pour sauvegarder la Maison du peuple de Saint-Claude. En 2010, à l’occasion des cent ans du lieu, la « Frat' » a décidé un programme de réhabilitation. Des subventions des collectivités locales et de la DRAC ont été nécessaires. 1.250.000 euros ont été engagés d’abord pour des travaux de rénovation du théâtre, d’aménagement de studio et de local de répétition musical. Le bâtiment construit grâce aux fonds sociaux collectés par les coopérateurs du début du 20ème siècle s’étend sur 4.000 m2. « Son entretien, chauffage notamment est considérable » souligne Roger Bergeret, administrateur et responsable des archives, qui s’inquiète : « le déficit prévisible pour 2014 est de 100.000 euros, à ce rythme nous devrons mettre la clef sous la porte ».

L’école de Saint-Claude des coopératives
Retour sur une institution que raconte l’exposition « Archéologie d’un rêve » conçue par l’historien Alain Mélo et présentée par Roger Bergeret.
Au départ la coopérative La Fraternelle est fondée par le cercle ouvrier de Saint-Claude en 1881. Puis Henri Ponard, paysan-tourneur sur corne, qui crée à dix sept ans une bibliothèque populaire, mène la rédaction de nouveaux statuts en 1896. Les sociétaires décident de renoncer à leurs bénéfices individuels pour constituer des caisses de prévoyance (maladie), de secours (chômage) et de retraite. Ce fonctionnement nouveau prend le nom d’ « école de Saint-Claude ».

Jean Jaurès soutient les coopérateurs dès 1899. Le bâtiment est construit en 1910, avec des fonds collectés. Il va abriter avec les locaux de la Fraternelle, une coopérative d’alimentation (boulangerie, laiterie, charcuterie), les mutuelles, les syndicats jurassiens, la Bourse du travail, une bibliothèque, un théâtre, un gymnase, un atelier typographique, une cave à fromages et une viticole, une salle de musique. On y rédige le journal Le Jura socialiste. « C’est une ruche sociale, une cité ouvrière aux activités multiples qui a fonctionné jusque dans les années 1980, ce fut aussi un lieu de résistance pendant la Seconde guerre mondiale où l’on a imprimé journaux et tracts clandestins » rappelle M. Bergeret.
Mais la plupart des coopératives de production et de consommation cessent d’exister entre 1975 et 1985. Les responsables des Coopérateurs du Jura cèdent le bâtiment à l’association La Fraternelle qu’ils forment en 1984. Celle-ci se charge à la fois d’entretenir la mémoire du lieu et de poursuivre l’action d’éducation populaire. Seul le cinéma fonctionne alors.

Une archive vivante et une ruche culturelle
Aujourd’hui l’activité de la Maison du peuple est conviviale, avec un café, mais essentiellement culturelle : un théâtre (« à l’italienne », rénové en 2010), un cinéma (3 salles et 56.000 entrées par an), un espace d’arts plastiques (avec l’ancienne imprimerie), des salles de répétitions (avec sept groupes  actuellement) et des concerts (20 par an pour le jazz), un service éducatif et un fonds d’archives. Des logements permettent d’accueillir des artistes ou des chercheurs en résidence. Pertes et profits sont toujours mutualisés entre différentes activités.
Pour Roger Bergeret, « l’enjeu actuel n’est pas seulement la survie de l’association mais celle d’un pôle éducatif et culturel sans lequel le Haut-Jura serait un désert culturel, puis un désert économique et social ! »


 

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