Une cinquantaine de policiers se sont rassemblés devant la commissariat de Besançon pour dire leur « ras-le-bol de la haine anti-flic ». Leur mouvement montre surtout que les forces de l'ordre, dont les effectifs ont été rognés sous Sarkozy, sont épuisées par six mois d'un état d'urgence qui leur fait reporter leurs congés... Une trentaine d'étudiants rieurs, anti loi-travail, ont « protégé le droit de manifester des policiers ».
Midi moins cinq, ce mercredi 18 mai. Quelques flics sont déjà sur le parvis du commissariat de police de Besançon. Midi, parmi la cinquantaine de personnes, outre des policiers nationaux, les représentants d'une association de gendarmes, quelques policiers municipaux, quelques citoyens. Midi deux, une trentaine de militants du comité de mobilisation de l'université contre la loi travail s'installent sur le trottoir d'en face avec des pistolets à eau, scandant pas trop fort le slogan : « assez gazé, assez matraqué ». Ils entendent « protéger le droit de manifester des policiers », ironisent-ils.
Midi cinq, le brigadier Fabio Cilli, délégué syndical départemental adjoint du syndicat Alliance (CFE-CGC), prend la parole : « la France debout, c'est nous ! » Il dénonce les « violences d'une minorité délinquante, anarchistes et autres violents », d'un « mouvement de professionnalisation dans la guérilla urbaine » à l'égard desquels il réclame des « mesures fermes » et le « soutien du gouvernement ». Et si « les policiers sont fatigués, ils sont toujours debout ». Car, conclut-il, « la liberté, c'est la paix partagée ».
« Solidarité avec les collègues de Paris, Nantes ou Rennes »
Hormis trois gardes à vue inutiles le 24 mars dernier, et une la semaine dernière après le demi-encerclement du bâtiment du conseil municipal par Nuit debout, les manifestations se sont globalement bien passées à Besançon. On le doit autant au caractère non violent des défilés qu'à la maîtrise des forces de l'ordre dans les moments délicats. On n'a par exemple pas vu les policiers en tenue venir au contact des manifestants, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites où les provocations à l'égard du cortège libertaire étaient fréquentes.
On n'a pas vu, comme cela a été relayé par les réseaux sociaux, de policiers infiltrés discrètement parmi les manifestants les plus radicaux des cortèges parisiens, certains étant soupçonnés de provocation à la casse. On a seulement constaté la présence régulière dans les manifs bisontines de deux souriantes policières des anciens RG, aujourd'hui le SCRTservice central du renseignement territorial, tâtant le pouls de l'opinion...
Ce n'est donc pas contre les manifestants franc-comtois que les policiers se sont rassemblés, mais « par solidarité avec [leurs] collègues de Paris, Nantes ou Rennes ». Fabio Cilli souligne que Besançon n'a « pas eu de casseurs comme dans les grandes villes » même s'il évoque la casse de sept vitrines en marge du défilé bisontin de mardi 17 mai. Met-il en cause des manifestants ou Nuit debout ? « On n'a pas fait le lien ».
Burn-out, bulles et cotillons...
Fabrice Charligny, représentant du syndicat d'officiers Synergie (CFE-CGC) qui appelle aussi au rassemblement, est plus affirmatif : « c'est établi... l'enquête est en cours, sept faits, ce n'est pas habituel en pleine journée ». Ariane Gallet, de l'UNEF, présente de l'autre côté de la rue, récuse l'accusation : « il n'y a pas eu de casse pendant les manifs ».
Fabio Cilli et ses collègues sont aussi là en raison d'un « sentiment de stigmatisation, de haine anti-flic de la part de certains manifestants contre la loi travail ». Et aussi - surtout ? - de conditions de travail lourdement impactées par l'état d'urgence : « on a des problèmes d'effectifs, il faudrait 25 à 30 personnes de plus. Je viens de prendre mon premier week-end depuis un mois car j'ai été rappelé chaque fois les précédents... C'est très tendu pour l'ensemble des collègues travaillant sur la voie publique. Avec l'état d'urgence, on doit être partout avec les mêmes effectifs. Au moment de la COP 21, les CRS qui venaient régulièrement nous renforcer ont été déplacés, puis il y a eu les attentats, et les manifs... »
Fabrice Charligny, du syndicat Synergie, tient un discours similaire : « quelques officiers sont en burn-out, il y a de la fatigue physique. Et comme les effectifs de voie publique sont en tension, ce sont les officiers qui gèrent les conséquences ».
Conscients de cette tension, les étudiants anti loi-travail voyaient les choses avec le sourire : « nos armes sont des bulles et des cotillons », dit une jeune femme ravie : « avec ça, on les a fait sourire ». « On a égayé leur journée », dit Ariane Gallet.
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