Justice et syndicalisme : le chaud et le froid

Deux jours après que la cour d'appel de Besançon a réintégré quatre salariés licenciés en mai dernier chez Castmétal à Colombier-Fontaine (photo ci-contre), la CGT organisait partout en France, dont cinq en Franche-Comté, des rassemblements de soutien aux huit syndicalistes de Goodyear récemment condamnés à de la prison ferme.

En avril dernier, une partie des salariés de Castmétal se mettait en grève pour protester contre cinq licenciements. L'inspecteur du travail en refusera un, et la cour d'appel de Besançon vient d'ordonner la réintégration des quatre autres. Photo d'archives

Ils sont près de 300 à se presser sous les parapluies, place Pasteur à Besançon ce mercredi 4 février. Pas mal avec le vent qui glace et fait taper du pied, alors que de nombreux salariés sont encore au travail. La sono crachote le discours à peine audible au-delà de 5 mètres du secrétaire de l'union locale CGT, José Aviles : « les militants de la justice sociale n'ont pas à être traités comme des délinquants ».

« De quel côté est la violence ?
Le monde ouvrier la subit tous les jours ».

Il dit ce que tous ceux qui sont venus pensent de la décision du tribunal d'Amiens de condamner, le 12 janvier dernier, huit militants à deux ans de prison dont neuf mois ferme pour séquestration. « C'est misérable », dit Simonne, 86 ans et près de 70 ans de syndicalisme à la CFDT et à la CGT. « Ça me rappelle le temps des mines, des gens qu'on emprisonnait », dit Christine, employée municipale qui interroge : « de quel côté est la violence ? Le monde ouvrier la paie, la subit tous les jours ».

Éducateur spécialisé arborant un badge CGT70, Christian montre une colère froide : « ce qui se passe est totalement révoltant, totalement injuste ». Il veut deux choses : « la relaxe, et une justice sociale digne de ce nom de la part d'un gouvernement dit de gauche pour qui on a voté ». FO n'a pas appelé au rassemblement, mais quelques uns de ses militants sont là, comme Fabrien Landry, secrétaire du SNFOLC, le syndicat des profs du second degré : « je suis venu par solidarité avec des camarades criminalisés pour avoir défendu l'emploi... »

« Ils mettent en place toute la panoplie pour le FN... »

Claude, prof de mécanique en retraite, est là aussi : « on ne fait pas tant d'histoire quand les agriculteurs dégradent. C'est incroyable que l'État ait poursuivi... » Jean-Marie, petit entrepreneur loin des positions du MEDEF est consterné : « ils mettent en place toute la panoplie pour le FN avec cette jurisprudence et l'état d'urgence... ». Au milieu des manifestants sans signe distinctif, on voit des drapeaux et des sigles CFDT, CGT, Solidaires-Étudiants, Snes-FSU, mais aussi NPA, PCF et libertaires...

 

Le vent qui soufflait du tribunal d'Amiens était mauvais pour les militants frigorifiés. Cyril Keller, le secrétaire départemental de la CGT les réchauffe et fait applaudir une autre décision de justice : celle qu'a prise mardi 2 février la cour d'appel de Besançon en ordonnant la réintégration de quatre ouvriers du site de Colombier-Fontaine de la société Castmétal. Au printemps, alors qu'ils venaient de constituer une section CGT, ils étaient licenciés pour une altercation dans un vestiaire.

Un cinquième ouvrier avait subi la même sanction, mais étant délégué syndical, l'autorisation, nécessaire en droit, de l'inspection du travail, avait été refusée. La direction a formé un recours auprès du ministre pour licencier quand même. Ce sera difficile avec le jugement de mardi qui donne quinze jours à l'employeur pour réintégrer les salariés congédiés avec une astreinte de 200 euros par jour. Il devra aussi régler les salaires qui n'ont pas été versés depuis les licenciements, en mai dernier.

L'entreprise peut encore se pourvoir en cassation, mais la décision de la cour d'appel est exécutoire.

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