Jardins de Cocagne : une nouvelle pépinière en 2014 à Chalezeule

Le projet était bloqué depuis 3 ans. L'agglo vient d'approuver une extension des jardins qui passeront de 8,5 à 12 hectares et la création d'une pépinière de 6 hectares où s'installeront trois maraîchers. Il y a déjà dix candidats...

vlora_plluzhina_et_sudelia_chapoutot

« Nous voulons amener de nouvelles personnes vers l'agriculture péri-urbaine, passer d'une logique de précarité à une logique de développement », s'enthousiasme Damien Vauchier, chef de service des Jardins de Cocagne à Chalezeule. L'agglomération du Grand Besançon a voté le 28 mars la création d'une pépinière d'activité maraîchère qui implique l'association Julienne Javel créatrice des Jardins. Le projet était à l'arrêt depuis trois ans. Il redynamise la double activité d'insertion sociale et professionnelle et de production bio. 

Les Jardins de Cocagne comptent environ 400 abonnés . Chacun cotise, peut participer à la vie de l'association et achète une part-légumes pour l'année. Les paniers de légumes bios sont disponibles sur place ou dans 24 points de dépôt à Besançon et alentour. Ils sont livrés 47 semaines par an et accompagnés d'une publication « La feuille de chou ».

« Révolutionner l'agriculture autour de Besançon »

« En 2004, l'agglo a adopté le projet SAUGE (Solidarités Agricole et Urbaine pour des Gains Economiques et environnementaux et en termes d'emplois) grâce à des fonds européens », reprend Damien Vauchier. En 2010, une charte de l'agriculture de l'agglomération bisontine a été adoptée par les collectivités, la chambre d'agriculture du Doubs, l'enseignement agricole public et l'Association de formation et d'information pour le développement d'initiatives rurales (AFIP) Bourgogne-Franche-Comté. Cette charte a  quatre objectifs : maintenir une activité agricole dynamique, favoriser la création d'activités agricoles diversifiées, développer les liens ville-campagne, favoriser le développement durable en agriculture.
« Un problème d'accès au foncier a causé un blocage », poursuit Damien Vauchier. « Le Grand Besançon possédait 20 hectares de terrains, cédés sans bail à des agriculteurs à Chalezeule et Thize et envisageait d'en faire une zone commerciale : la zone d'activités des Andiers. Les finances ne l'ont pas permis et le service économique de l'agglo a finalement fait savoir que ces terrains seraient provisoirement disponibles. Le service environnement a pris le dossier en charge et l'a fait valider en séance le 28 mars dernier. Les terrains vont être disponibles pour le maraîchage pendant 15 ou 20 ans avant que le projet de zone commerciale ne redevienne une possibilité. » 

De la précarité au développement, du doute à la confiance

C'est ce délai que l'association veut mettre à profit pour démontrer le bienfondé d'un nouveau développement. « Mais c'est plus que ça pour nous », précise Damien Vauchier, « nous sommes dans une culture de la précarité quasiment depuis le début, nos terrains sont dispersés, l'organisation du travail s'en trouve compliquée. Nous ne sommes pas propriétaires, nos locaux sont des algecos qui ont vieilli. Les serres aussi sont à renouveler. Nous nous servons du réseau d'eau potable pour arroser, ce qui n'est pas satisfaisant par rapport au modèle de développement que nous défendons. Et puis notre histoire dépasse les structures d'insertion classiques, il ne s'agit pas seulement de remettre les gens au travail ».
Si l'association Julienne Javel qui a initié les Jardins de Cocagne entend structurer la filière bio du maraîchage, son projet social reste principalement : accueillir et considérer la personne avec dignité, « les exclus du monde du travail sont trop souvent désignés comme incapables ou sans qualité dans aucun domaine. Nous travaillons dans le sens d'une valorisation et d'un gain de confiance en soi ». La perspective nouvelle concerne aussi les « jardiniers », les encadrants, l'ensemble des équipes.

« Structurer la filière du maraîchage bio »

Les jardiniers sont en contrat d'insertion, au départ de six mois, généralement renouvelés. Le projet de pépinière permettra à trois porteurs de projets d'installation de « se rôder » en partageant une partie du futur bâtiment, du matériel et en cultivant chacun deux hectares. Parmi la dizaine de candidats à l'installation (l'agglomération est décisionnaire et l'association espère qu'elle fera partie de l'instance qui choisira les trois personnes) il y a d'anciens jardiniers qui pourraient ainsi poursuivre leur formation, et prolonger favorablement leurs parcours. « Les terres seront d'un seul tenant,  un progrès notable. Nous devrons encore organiser la répartition car toutes les terres ne sont pas aussi fertiles. Les jardins comporteront 12 hectares et les maraîchers en pépinière 6. Il faut aussi que la conversion en bio se fasse au plus vite, elle nécessite une durée de trois ans. Six hectares sont déjà bio. Nous avons un projet de forage d'eau pour nous alimenter sans recourir au réseau. Ce développement arrive à point nommé et remobilise tout le monde. Depuis deux ans nous constatons une baisse du nombre de nos abonnés du fait certainement de la crise et d'une offre bio plus importante en magasin. Mais nous sommes de plus en plus reconnus dans le monde agricole et de fortes demandes en légumes et fruits bio émergent, par exemple les cantines scolaires, la légumerie de l'ADAPEI… De nouvelles pistes de commercialisation sont à l'étude et permettront à chacun de trouver sa place ».
Reste à l'agglomération du Grand Besançon à trouver un maître d'oeuvre pour la construction du bâtiment  attendu pour octobre 2014. En mai 2014, les porteurs de projets devraient déjà être reçus. La pépinière est une innovation. Les jardins de Cocagne de Chalezeule ont également été pionniers d'un réseau devenu national de 120 jardins employant 4.000 jardiniers.
Les 4 et 5 mai les Jardins de Cocagne de Chalezeule participent au « printemps bio » et accueillent le public. De nouveaux paniers seront alors proposés pour juin.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !