« J’aime mon Planoise ! »

Planoisienne depuis 34 ans, Suzanne, infirmière retraitée, habite place Cassin. Syndicaliste, elle ne mâche pas ses mots : «C'est devenu une zone de non-droit. Il n'y a plus de patrouille la nuit. Quand tu les appelles parce qu'un café dépasse l'heure de la fermeture ou qu'il y a une bagarre, on te répond ''quittez Planoise'' ! Mais je ne changerai pas, j'aime mon Planoise..."

Planoisienne depuis 34 ans, Suzanne, infirmière retraitée, habite place Cassin. Syndicaliste, elle ne mâche pas ses mots : «C'est devenu une zone de non-droit. Il n'y a plus de patrouille la nuit. Quand tu les appelles parce qu'un café dépasse l'heure de la fermeture ou qu'il y a une bagarre, on te répond ''quittez Planoise'' ! Mais je ne changerai pas, j'aime mon Planoise. La journée, des jeunes sans casque à scooter escortent des voitures de police et rien ne se passe. Quand il y avait un poste de police de proximité, ça allait beaucoup mieux...»
Par la fenêtre, on voit deux motards traverser la place au ralenti, continuer avenue du Parc. «Ils feraient mieux d'aller à pied... En voiture, ils passent sans s'arrêter devant les dealers qui coupent leurs barrettes au vu et au su de tous... L'été, à 23 h ou minuit, il y a des bandes de petits de 8 ou 10 ans, la police ne voit rien, ce n'est pas normal...»

À quand un vrai centre ?

Jeune retraité, Maurice est un Planoisien des débuts. Il a vécu dès 1968 rue de Fribourg, «à côté des champs», est parti 3 ans au centre-ville, est revenu rue de Cologne, puis rue de Franche-Comté et enfin du Vivarais où il apprécie «le silence... On aurait les moyens d'être ailleurs, à la campagne, mais il y a tout ici». Tout ? «Je préférerais que le Mégarama soit là ! Et puis, il manque un vrai centre, peut-être qu'ils vont y arriver. À une période, il n'y avait que deux cafés». Suzanne aimerait «une petite librairie et un fleuriste»...

Pourquoi être revenu ? «Ça nous plaisait, c'est très pratique pour les gosses», dit Maurice. Ils ont des souvenirs fantastiques du terrain d'aventures rue de Franche-Comté... Maintenant, ce coin est plus tendu, il y a des codes aux entrées, nos potes qui sont restés disent que c'est moins sympa... Et puis, les gens qui ont acheté jeunes ont vieilli, supportent moins les jeunes... Je vois bien les voisins qui sont ronchons sur tout, sur les gamins du collège qui passent pour aller à la piscine en hurlant. Mais les jeunes, c'est la vie...»

La rue de Franche-Comté, c'est le bout des Époisses : «C'est beaucoup plus dur que place Cassin», dit Suzanne, «pas aussi vivant. Il y a une clique de jeunes pas rigolos qui castagnent. Les gens ont la trouille et ne portent pas plainte...» A Cassin, elle connaît son monde : «Individuellement, les jeunes ne sont pas méchants, j'en connais beaucoup, je n'ai jamais eu de problème. Quand ils mangent leur pizza sur un banc, je descends parfois leur dire de ranger et ils le font. Si quelqu'un gueule de sa fenêtre, ça se passe mal...» Elle regrette que les trafics et les rodéos en scooters «accentuent le fossé entre adultes et jeunes et ados».

Tolérante, oui mais...

Pas du genre à prendre la vie du mauvais côté, Maurice aussi a senti «une petite tension» après les récentes agressions. Il se souvient des lueurs aperçues il y a quelques années, la nuit quand il rentrait : «c'était une voiture qui brûlait, les journaux n'en parlaient pas...»

Un quartier qu'on aime, on le fait visiter. Suzanne commence par le centre Mandela, passe par le centre commercial, la rue de l'hôpital, l'Ile-de-France et les Époisses, et rentre par l'avenue du Parc». Quand Maurice a des visiteurs avec enfants, il leur montre «le parc en passant par la place Cassin qui est devenue un petit Barbès alors que c'était assez classe il y a 20 ans».

Planoise, la tolérante ? Jusqu'à un certain point : les voiles intégraux. «Les femmes voilées sont de plus en plus nombreuses», dit Suzanne. «Il y en a même une qui a deux petites filles en burka. Ce sont des femmes arabes qui m'en ont parlé, beaucoup de musulmanes sont choquées. Je les appelle les Belphégor... Elles sont Iraniennes, Irakiennes, Pakistanaises, Afghanes, mais les Bosniaques et les Maghrébines ne sont pas voilées».

Maurice, lui a décélé des poches de communautarisme ici et là. L'une d'elles, une barre de l'Ile-de-France, a été récemment déconstruite... Mais il en reste.

 

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