Favoriser le déplacement à vélo plutôt qu’en voiture, voilà une nouvelle ambition pour Besançon et sa métropole depuis un an. Des réalisations sont d’ores et déjà terminés, comme rue Midol derrière la gare Viotte. Plus largement, des voies reliant les communes du Grand Besançon sont en préparation et les premières devraient entrer en service à la fin de l’année. C’est le cas de la liaison entre Montferrand-Le-Château, La Belle Étoile et Chateaufarine. D’autres sont prévues avec Devecey ; Saône, Montfaucon et Morre ; Busy ou encore Franois.
« Nos services qui sont très volontaires et occupés par ces dossiers. Nous recevons beaucoup de demandes de la part de communes qui commencent à être sensibles aux modes de déplacement doux », indique Gilbert Gavignet, maire de Chemaudin-Et-Vaux et conseiller métropolitain en charge des modes doux du Grand Besançon. Il ajoute que ces problématiques étaient moins présentes « il y a encore quatre ou cinq ans » dans les communes rurales de l'agglomération. « Nous avons senti une volonté de stimuler ces dossiers en doublant par exemple le budget pour les modes doux, qui passe de un à deux millions d’euros ».
« Nous avons été surpris par l’utilisation de la rue Midol, nous ne nous attendions pas à tant de passages aussi rapidement après l’ouverture de la piste cyclable », commente Marie Zehaf, vice-présidente du Grand Besançon. D’après un comptage datant du mois dernier, environ 150 cyclistes empruntent quotidiennement cette rue. Dans le même temps, le trafic routier est passé de 5.000 à 2.500 voitures par jour.
Pour l’Association Vélo Besançon (AVB), qui promeut le déplacement à vélo et la prise en compte des besoins cyclables, ces installations sont à saluer car elles vont dans le sens d’un usage plus important du vélo. « La rue Midol, c’est un aménagement comme il le faudrait, qui est sécurisant et rassure n’importe quel usager à vélo », commente Estelle Colin, militante de l’AVB.
Les pistes cyclables, pas seules réalisations dans le viseur
Outre la mise en place d'itinéraires cyclables, le parc existant de vélos à assistance électrique (VAE) va être agrandi de plus de 240 vélos et passer de 450 à près de 690. « Ils seront à disposition des usagers un peu partout en ville, via des abonnements Ginko », indique Marie Zehaf. En plus de ces achats, la ville cherche des lieux pour installer les points de location et de réparation. Ces vélos sont aussi bien utilisés par des Bisontins que par des habitants du Grand Besançon. Ainsi, 65% circulent dans la ville et 35% dans les communes autour. L’utilisation des bicyclettes ne se limite pas qu’à ce parc ou à celui des 200 vélocités. D’après une étude réalisée en 2017-2018, 44% des ménages bisontins possèdent au moins un vélo. Ce chiffre monte à 66% pour les ménages de l'agglomération.
Dans le cadre de la Loi d'orientation des mobilités (LOM), les villes ont maintenant obligation d’inclure les mobilités douces lors de la construction ou réfection des voiries. Aussi, la loi prévoit de banaliser la place de stationnement juste devant un passage piéton pour donner une meilleure visibilité. « Pour que cette place ne soit pas inutile, ajoute Marie Zehaf, nous proposons d’y installer des arceaux pour garer les vélos ». Enfin, la ville cherche à créer des stationnements sécurisés pour lesquels « il y a beaucoup de demandes, notamment avec la hausse des ventes de vélos électriques ».
Le vélo, un marqueur fort de la majorité qu’il ne faut pas manquer
Malgré son enthousiasme face aux réalisations de la ville, l’association Vélo Besançon émet quelques réserves. Pointant le risque d'une confusion entre pratiques cyclistes cyclistes, elle redoute que les aménagements soient réalisés pour le cyclotourisme plutôt que les cyclistes du quotidien. Estelle Colin se pose également la question de la priorité mise sur les installations hors de Besançon : « C’est très bien de créer ce réseau, mais si les cyclistes arrivent en ville et tombent directement sur une fin d’aménagement et doivent se faufiler dans la circulation automobile, ça peut vite être compliqué…»
Un plan vélo a été édité en 2019 par l’association pour préciser ses propositions d'aménagements, comme des carrefours à la hollandaise ou des infrastructures au niveau des feux. Elle souhaite promouvoir avec ce document un aménagement « cohérent et continu et pas des petits bouts rue par rue ». Même si le plann’est pas appliqué comme l’association le voudrait, la militante d’AVB se réjouit de l’avoir déjà vu entre les mains des techniciens municipaux. « Les relations sont meilleures qu’avec la municipalité Fousseret [voir encadré]. On a une plus grande place dans les dossiers même si on aimerait être entendus sur les projets dès la conception de ceux-ci, et pas lors de leur présentation », constate Estelle Colin.
Par ailleurs, ce ne sont pas que des installations pour inciter au vélo qui sont demandées mais aussi une réduction des infrastructures pour la voiture. « C’est bien d’avoir des pistes mais si c’est toujours aussi facile d’utiliser sa voiture, à quoi bon ? », explique Estelle Colin. « Nous savons que cela va grogner mais dans toutes les villes qui ont franchi le pas, comme Paris, ça s’est apaisé ensuite, quand les gens y ont goûté. C’était pareil avec le tram, il y a avait de la grogne au début. Maintenant plus personne ne le remet en cause. »
Les modes de transport alternatifs ayant été un axe de la campagne de l'actuelle maire, l'AVB souhaite que la collectivité soit ambitieuse pour les mobilités cyclables. « Nous attendons beaucoup de cette municipalité, le vélo est un marqueur fort chez les écologistes. On espère ne pas être déçus », conclut Estelle Colin.
Des relations tendues avec l’ancienne municipalité
Si l’Association Vélo Besançon se réjouit des relations qu’elle entretient aujourd’hui avec la mairie, celles-ci n’ont pas toujours été au beau fixe. Lorsque Jean Louis Fousseret était encore maire de la ville et président du Grand Besançon, il avait lancé en 2015 un plan mobilités voulant faire passer la part du vélo dans les transports de 3 à 4%.
Pour l'AVB, ce plan c'était bien trop peu ambitieux, d'autant que l'enquête publique avait conseillé de viser 4 à 6% quand d’autres villes françaises projetaient 10%. L’association avait pointé également de multiples non-respects de l’article L228-2 du code de l’environnement, obligeant à l’aménagement d’infrastructures cyclables lors de la rénovation ou construction de voies urbaines.
L’association avait dénoncé ce qu'elle considérait être des irrégularités dans le projet de la ville qu'elle avait assignée devant la justice administrative, mais avait perdu pour des raisons procédurales. Ce procès avait raidi les relations entre la ville et l’association...