Ideal-Standard : « le meilleur plan social de Franche-Comté »

Les 163 salariés de l'usine de Dole ont été licenciés en 2011. Une solution est trouvée pour 107 aujourd'hui. Préfet, patron et syndicats espèrent qu'il y en aura une pour tous d'ici un an.

idealstandardusine

Quand, début 2011, la direction d'Ideal-Standard annonça la fermeture de ses usines de Dole, Revin et Middlewich, ce fut évidemment un choc parmi les salariés, 163 dans le Jura, 148 dans les Ardennes, 249 au Royaume-Uni. Spécialisé dans le matériel sanitaire, le groupe employait 11.000 personnes dans vingt pays, et était confronté à une chute des ventes de 23% entre 2007 et 2010. « On était en surcapacité de production », dit Benoît Marsaud, président d'Ideal-Standard-France. Cette surcapacité s'expliquait notamment par la crise du marché immobilier et la moindre utilisation de la céramique dans le secteur sanitaire, avait notamment indiqué Éric Besson, alors ministre de l'Industrie, le 14 avril 2011, annonçant la mise en place de comités départementaux de suivi du plan social et le maintien des activités de logistique à Dole.
Obligation légale pour les entreprises de plus de mille salariés effectuant des licenciements collectifs, une « convention de revitalisation » de 1,3 million d'euros en trois ans était alors signée entre l'Etat et l'entreprise le 24 juin 2011. Le bilan à mi-parcours, effectué par le comité de suivi vendredi 15 février à la préfecture de Lons-le-Saunier, a conduit le préfet Francis Vuibert à se « féliciter du degré de réalisation du plan ». 173 emplois doivent être créés sur le bassin dolois, 174,5 sont annoncés d'ici un an, 107,5 le sont à ce jour.

539 entreprises démarchées,
34 d'accord pour embaucher 

Pour l'heure, 139 salariés ont été reclassés dont 75 en CDI, 24 en CDD ou intérim, 19 ont créé ou repris une entreprise, 10 sont en formation de 500 à 1500 heures. Cela permet au préfet et à l'entreprise d'avancer un taux de reclassement de 90 %. 
Pour en arriver là, Ideal-Standard a dû payer 863.000 euros. Solvay, qui avait aussi un plan social en cours sur le même territoire du bassin d'emploi de Dole, a ajouté 82.000 euros. Une partie de ces sommes (180.000 euros) devait générer 600.000 euros de prêts bancaires du Crédit Agricole pour la création ou le développement d'entreprises. « On a obtenu le maximum, quatre mois de smic par emploi supprimé », souligne Pascal Bouvier, le chef de la mission emploi de la préfecture du Jura. Le minimum, c'est la moitié.
Plus de 500 entreprises ont été démarchées par le cabinet Altedia que Raymond Soubie, ancien conseiller social de Raymond Barre puis Nicolas Sarkozy, a vendu en 2005 au groupe de travail temporaire Adecco. 34 d'entre elles se sont donc engagées à créer ces 174,5 emplois moyennant une subvention 1000 euros par CDD de 6 mois transformable en CDI, 2500 euros par CDI, voire 3500 si le salarié a plus de 50 ans ou est handicapé. Parmi ces emplois, 45 sont retournés chez... Ideal-Standard qui a développé sa plateforme logistique dans l'ancienne usine de la zone portuaire de Dole. 18 de ces emplois ont même été recréés par transfert d'activités jusque là effectuées en Bulgarie. Ils ont été confiés à d'anciens licenciés de l'entreprise. Pourquoi, sachant que le coût du travail y est notoirement moindre qu'en France ? « Ayant réinvesti en productivité, nous avons aussi besoin de qualité de produit, d'emballage et de service client », répond Benoît Marsaud.  

Plombier, pizzaiolo, artisan, agriculteur...

Présents au comité de suivi, les représentants des salariés ne font pas la fine bouche. Car outre ce plan de revitalisation consistant à injecter de l'argent sur le territoire, le plan social était d'un niveau que M. Marsaud se refuse à « communiquer ». Le chiffre de 35 millions d'euros pour les deux sites de Dole et Revin avait été cité par Gilbert Barbier (UMP) au Sénat le 14 avril 2011. Il paraît vraisemblable au délégué CGT, Xavier Bourlon qui n'hésite pas à le qualifier de « meilleur plan social de Franche Comté ». « Avoir un bon plan social a bien arrangé les choses », explique Guy Cortat (CFE-CGC), l'ancien secrétaire du comité d'entreprise qui a quand même fait « vérifier la véracité » des difficultés annoncées par son cabinet d'expertise, Syncea, et son avocat, Me Brun. « Les échanges ont ensuite été honnêtes et francs, il y a eu des créations d'entreprises, un plombier s'est formé chez les compagnons... Il y a aussi des situations qui font moins sourire, des gens qui étaient repris sur la base logistique ont refusé. Mais, c'était de notre responsabilité de voir que tout ce qui a été dit a été fait ». Cinq ont été repris au poste de garde confié à une entreprise de surveillance, d'autres sont devenus artisan, agriculteur ou pizzaiolo...
Pourquoi le groupe Ideal-Standard a-t-il mis autant d'argent ? Pourquoi alors que d'autres partent comme des voleurs ? « Notre objectif prioritaire est de protéger le client, c'est le problème du développement futur d'une société. Les partenaires sociaux ont perdu leur travail, c'était notre obligation sociale des les aider jusqu'au bout, y compris en augmentant de 50% l'activité de la plateforme logistique. Il y a eu destruction, oui, mais aussi création. S'il y a trop de soucis sociaux dans une société, vous tuez votre futur, vous avez des problèmes de qualité. Il y avait aussi un contexte et une culture d'entreprise, une culture de la négociation, de ne pas bloquer. Patron voyou, c'est pas nous ! » 
Dernier volet de la revitalisation, il reste un terrain de 50.000 m2 avec un bâtiment de 12.000 m2. Avis aux amateurs, il est à vendre : « nous souhaitons qu'il y ait une activité industrielle, et nous avons nettoyé le site », dit Benoît Marsaud.  
 


 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !