Fonction publique et cheminots : 6500 manifestants en Franche-Comté

C'est sensiblement plus que le 10 octobre 2017 qui avait vu défiler 5500 Franc-Comtois dans huit manifestations au lieu de sept ce 22 mars. Les critiques contre la politique libérale du gouvernement montent en intensité... Logique : ses projets commencent à devenir concrets alors que les souvenirs de mai 68 et décembre 95 sont convoqués.

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Environ 6500 personnes ont participé aux sept défilés syndicaux organisés en Franche-Comté par les intersyndicales de la fonction publique (moins la CFDT) et des cheminots. Ils étaient 2500 à Besançon, 900 à Belfort et Lons-le-Saunier, 800 à Montbéliard, 500 à Vesoul, 750 à Dole, près de 200 à Saint-Claude... C'est un peu plus que le 10 octobre dernier qui avait vu 5500 Franc-Comtois dans huit cortèges et avec une CFDT davantage représentée. Ce succès semble avoir surpris nombre de manifestants bisontins, tout heureux de se retrouver autant dans l'étroite rue d'Arène, inhabituel lieu de rassemblement.

Rue d'Arène, bien loin de la tête du cortège...

Quand on entend un habitant de Lombard raconter comment il est arrivé jusque là, on se demande si quelques uns n'ont pas été empêchés de venir jusque là : « des gendarmes et des policiers municipaux barraient l'accès au pont de Velotte. J'ai dit que j'habitais Tarragnoz, ils m'ont demandé des papiers l'attestant ! » Il a refusé et s'est approché en prenant des petites rues...

Le défilé n'est pas passé comme de coutume par le centre-ville, mais l'a contourné, empruntant notamment le pont Canot et l'avenue de la Gare d'Eau avant d'être bloqué par un cordon de CRS qui empêchait l'accès au tunnel sous la Citadelle. Le cortège a alors fait demi-tour par la rue Charles-Nodier avant de se disperser dans le calme devant l'ancien hôpital Saint-Jacques, la police bloquant à cet endroit l'accès vers Chamars...

« Surpris de voir autant d'ouvriers forestiers »

Des cheminots ont allumé des torches fumigènes, histoire de rappeler de quel bois ils se chauffent, celui de décembre 1995. On croise deux manifestantes drapeau CFDT en mains : « on n'est pas les seuls, mais les autres n'ont pas sortis les banderoles », rigole l'une. Le logo de l'organisation a en tout cas été recouvert de blanc sur la banderole de tête « les services publics sont notre bien à tous », déjà utilisée à plusieurs reprises ces dernières années.

Le cortège des forestiers est fourni comme rarement. Au côté des traditionnels badges CGT et SNUPFEN-Solidaires, on voit quelques militants CFE-CGC de l'ONF : « On a des craintes pour la gestion de la forêt publique, on est en réorganisation perpétuelle depuis vingt ans », dit l'un. « Je suis le premier surpris de voir autant d'ouvriers forestiers, ils ont des problèmes de remise en cause de leur convention collective », dit Sylvestre Soulié, jeune retraité, militant du SNUPFEN.

« Vous avez fait Mai 68 ? »

La manifestation fait une brève halte devant le siège de l'Agence régionale de santé, objet de bien des récriminations dans son rôle de serrage des boulons budgétaires qui pèsent sur les hospitaliers. Deux jeunes femmes en blouse blanche interpellent un militant à barbe blanche tenant une pancarte faisant le parallèle entre le 22 mars 1968 et ce 22 mars 2018 : « vous avez fait Mai 68 ? », lui demandent-elles comme à un ancien combattant.
- « Oui ! »
- « Je te l'avais dit... »

S'en suit un échange sur la leçon de l'épisode. Elles en sortent enthousiastes : « ce sont des gens qui se sont battus pour avoir de meilleures conditions alors qu'ils avaient moins de moyens que nous... »
- « Pour ceux qui ont fait Mai 68, on se devait d'être là. »
- « Heureusement que des gens se sont battus pour nous. Sans eux, on n'aurait pas toute cette liberté... »
- « Si on laisse faire, comment seront nous soignés demain ? »

Sur la camionnette de Solidaires, les musiciens font une pause instrumentale, scandent des slogans : « fermez la bourse, virez les actionnaires » ou se lancent dans un slam répétitif : « le service public, c'est notre bien commun, pas question qu'ils le niquent, au profit de quelques uns... » 

« On en est à l'achèvement de l'AFPA »

Des enseignants sont dans la rue, mais comme ils ont récemment débrayé en solo, ils ne sont pas plus nombreux que ça. La « moyenne pondérée » de l'académie donne 14% de grévistes selon le rectorat, chiffre toujours contesté par les syndicats qui l'estiment souvent double ou triple : ils calculent un pourcentage des effectifs qui auraient eu cours sans la grève, pas de la totalité... Les étudiants de Solidaires sont là eux aussi.

A quelques pas, voilà des personnels de l'AFPA qui craignent comme la peste la réforme en cours de la formation professionnelle : « on en est à l'achèvement de l'AFPA », explique Xavier Grosjean, délégué CGT, « en dix ans, on est passé de 1 milliard de chiffre d'affaires à 600 millions, de 10.000 à 6000 salariés : départs non remplacés, ruptures conventionnelles... On n'a jamais eu autant de difficultés à faire entrer des stagiaires à l'AFPA, il y a un problème d'orientation, les trois quarts des aides à la formation sont anéanties... Et l'AFPA, qui a le plus d'expertise sur les formations pour les plus éloignés de l'emploi, a été écartée de la consultation du gouvernement... »

Les militants politiques sont également de sortie. Au départ de la rue d'Arène, des stands mobiles du PCF et de la France insoumise se font face à bonne distance. Les militants du NPA et de LO sont là, avec badges et drapeaux. On voit quelques écologistes avec leurs fanions verts, des libertaires, et même des socialistes qui se font discrets, sans signe distinctif. 

 

 

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